| INCONCILIABLE, adj. A. − [En parlant de choses] Que l'on ne peut concilier. Choses, désirs, exigences, faits, intérêts, passions, principes, régimes, tendances, théories inconciliables. La nation anglaise voulait la réformation, et considérait la religion catholique comme inconciliable avec la liberté (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 170).Il mélange avec danger des éléments inconciliables (Montherl., Reine morte,1942, II, 2etabl., 5, p. 195).Trois groupes d'intérêts inconciliables, trois groupes d'hommes qui se haïssent (Sartre, Mains sales,1948, 2etabl., 4, p. 49). Rem. Au sing., exige la prép. avec, la conj. et ou l'expression d'une alternative. L'inconciliable divorce du réel et du songe s'ordonna selon l'opposition chrétienne de l'ombre et de la lumière (Béguin,Âme romant., 1939, p. 293). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Il ne savait comment concilier l'inconciliable (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 420). B. − Rare. [En parlant de pers.] Qui ne peuvent s'entendre, que l'on ne peut faire s'accorder. Ennemis inconciliables. Inconciliables comme un jazz et un orchestre symphonique, les femmes à robe longue asservissaient les femmes à robe courte (Morand, Ouv. la nuit,1922, p. 123). REM. Inconcilié, -ée, adj.Qui n'est pas concilié. En sorte que l'on aura à la fois deux idées inconciliées, savoir la nature humaine et la puissance divine (P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 878). Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔ
̃siljabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1752 (Trév., avec citat. d'aut.). Dér. de conciliable*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 177. DÉR. 1. Inconciliabilité, subst. fém.État de ce qui n'est pas conciliable. Quand on dit que la justice n'est point de ce monde (...) on veut dire que l'événement et la justice (...) ont en eux et entre eux une contrariété native, une incompatibilité, une inconciliabilité (Péguy, Clio,1914, p. 38).− [ε
̃kɔ
̃siljabilite]. − 1reattest. 1874 (Gazette des tribunaux, 17 mai, p. 471 ds Littré Suppl.); dér. sav. de inconciliable, suff. -(i)té*. 2. Inconciliablement, adv.D'une manière inconciliable. Ainsi au moment où l'être s'oppose absolument et inconciliablement le néant, au moment où tout ce qui est tout n'a plus en dehors de lui que ce qui nie tout ce dont il est l'affirmation, on passe de la contrariété ou corrélation à la contradiction et de l'opposition proprement dite à la négation (Hamelin, Élém. princ. représ.,1907, p. 481).− [ε
̃kɔ
̃siljabləmɑ
̃]. − 1reattest. 1831 (Balzac, Peau chagr., p. 200); de inconciliable, suff. -ment2*. |