| INCOMPRIS, -ISE, adj. A. − Rare. Qu'on ne comprend pas; qui n'est pas saisi intellectuellement. Ce n'était pas un cabotin vulgaire, grisé de phrases incomprises (Richepin, Braves gens,1886, p. 54).L'écho bégaie et dit d'incomprises paroles (Régnier, Sites,1887, p. 139). ♦ Incompris de qqn.Dans ce langage encore incompris des hommes (Du Camp, Hollande,1859, p. 29). − Emploi subst. masc. à valeur de neutre. C'est l'incompris et l'inexpliqué qui doivent arrêter nos regards (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 297). B. − Qui n'est pas reconnu, estimé à sa juste valeur. Synon. méconnu; anton. reconnu. 1. [En parlant d'une pers., p. méton. de son caractère, de son comportement; avec parfois une nuance iron.] Génie, poète, sentiment incompris; âme, démarche, femme incomprise; se croire, se sentir incompris. L'attitude insurgée de l'enfant recouvrait ces mêmes vertus refoulées (...), cette tendresse incomprise, que Jacques, jusqu'à la fin de sa vie, avait dissimulées sous ses violences cabrées (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 869).Quant à nous, les filles de Port-Royal, (...) nous sommes à la fois incomprises, à la mode, et détestées (Montherl., Port-Royal,1954, p. 973): 1. Bernard de Palissy souffrait la passion des chercheurs de secrets, mais il voyait sa femme, ses enfants, et tout un faubourg contre lui. Sa femme lui vendait ses outils... Il errait dans la campagne, incompris!... pourchassé, montré au doigt!...
Balzac, Illus. perdues,1843, p. 602. ♦ Incompris de qqn.C'étaient des excès de scrupules, qui, souvent incompris de ceux qui m'aimaient le plus, me rendaient le cœur très gros (Loti, Rom. enf.,1890, p. 58).Otto était également incompris des siens (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 152). − Emploi subst. La race ridicule des incompris, des poëtes pleurards (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 9).Bruno : Je fais un sacrifice héroïque, et on me traite de mufle! Pierre : Pauvre vieux, tu es un incompris (Montherl., Incompris,1944, 3, p. 414): 2. ... il joue les grands incompris, les héros poursuivis par la fatalité tragique. À l'entendre, il est le gaillard qui veut vivre au ban de la société, le réprouvé, le damné.
Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 232. 2. [En parlant d'une chose ou d'un caractère de cette chose] Dans cette monotonie réside précisément pour moi le charme très incompris de nos contrées (Loti, Rom. enf.,1890, p. 142). Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔ
̃pʀi], fém. [-i:z]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1. Mil. du xves. « qui n'est pas compris » (G. Chastellain, Complainte d'Hector ds
Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 173); 2. 1831 « qui n'est pas apprécié à sa juste valeur » (Balzac, Peau chagr., p. 235); 1851 emploi subst. (Murger, loc. cit.). Dér. de compris*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 155. |