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INCOMPATIBLE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [En parlant de chose(s)] Qui ne peut (peuvent) coexister. Concept(s), défaut(s), dogme(s), élément(s), plan(s), terme(s), vice(s) incompatible(s); aspiration(s), chose(s), conclusion(s), croyance(s), faveur(s), méthode(s), solution(s), théorie(s), vision(s) incompatible(s); déclarer incompatible :
Toute souveraineté étrangère est incompatible avec l'exercice de toute autorité spirituelle dans l'intérieur de l'empire. Recueils textes hist.,1810, p. 166.
Rem. Ne peut s'employer au sing. absol. et sans la prép. avec.
B. − Vx et rare. [En parlant d'une pers. ou d'un trait de sa personnalité] Qui ne peut s'entendre avec quelqu'un. Vous étiez de la vieille marine, disait-il, vos préjugés et ceux de la nouvelle devaient vous rendre incompatibles l'un à l'autre (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 824).On a beau chercher pourquoi Piron et Voltaire ne s'aimaient pas, il n'y a qu'une bonne raison à en donner : c'est qu'ils ne pouvaient s'aimer et qu'ils étaient incompatibles, antipathiques (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 7, 1864, p. 434).
− P. ext. Qui a mauvais caractère. Caractère incompatible. Il blâme, il critique, il raille même, il hausse les épaules, il est ce qu'on appelle un mauvais coucheur, et ce qu'on appelait alors être incompatible (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 444).
Rem. Dans ce cas incompatible au sing. peut être employé absolument.
C. − Spécialement
1. CHIM. [En parlant d'un médicament] Qu'on ne peut administrer en même temps qu'un autre. Médicament(s), produit(s), traitement(s), soins incompatible(s) (d'apr. Duval 1959).
2. DR. [En parlant d'une fonction, d'une charge] Qui, légalement ne peut être cumulable avec une autre par une même personne. Les fonctions de membre du conseil d'administration d'une caisse générale sont incompatibles avec tout emploi d'agent d'un organisme de sécurité sociale (Réforme Séc. soc.,1968, p. 38).
3. LOG. [En parlant de deux ou plusieurs propositions] ,,Qu'on n'a pas le droit d'affirmer simultanément`` (Lal. 1968). Relations incompatibles.
4. MATH. [En parlant d'un système d'équations] ,,Dont l'ensemble des solutions est vide`` (Chamb. 1972).
II. − Subst. Personne(s) ou chose(s) ne pouvant coexister. On peut dire, à la lettre, que par cette démarche in extremis du prélat qui se déclarait son incompatible, il a été exclu, presque banni de l'Académie (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 12, 1867, p. 424).Entre 1900 et 1935 (...) régnèrent brutalement des parfums qui s'en prenaient à la pharmacopée, et mariaient des incompatibles (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 183).
Prononc. et Orth. : [ε ̃kɔ ̃patibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 3equart xves. (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 225). Empr. au lat. médiév.incompatibilis « incompatible » (1424, 1444 ds Latham); cf. le lat. médiév. incompassibilis (ca 1239, ibid.), d'où l'empr. m. fr. incompassible (1370-72 Oresme, Ethiques, éd. A.D. Menut, N. 4, p. 459). Fréq. abs. littér. : 422. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 518, b) 492; xxes. : a) 395, b) 850. Bbg. Gohin 1903, p. 230, 322.