| INCOERCIBLE, adj. A. − Vieilli. [En parlant d'un gaz, d'une vapeur, de la cause de certains phénomènes] Qui ne peut être comprimé, retenu dans un espace donné. Fluides incoercibles. Ces principes intangibles, incoercibles et impondérables auxquels nous rapportons les merveilleux phénomènes de lumière, d'électricité, de chaleur (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 185). B. − P. ext. [En parlant d'un trouble physiol.] Que rien ne peut arrêter. Hémorragies, vomissements incoercibles. Crises de bâillements incoercibles surtout à l'occasion du moindre effort intellectuel (QuilletMéd.1965, p. 342). C. − Au fig. 1. [En parlant d'une force physique, d'un aspect du comportement] Qu'on ne peut retenir, contenir; irrésistible. Par un mouvement d'incoercible fureur, je lui pris le poignet et le secouai (Green, Autre sommeil,1931, p. 114).Cette force incoercible de la végétation naturelle (Meynier, Paysages agraires,1958, p. 108): Il est d'ailleurs probable que si la chenille était douée de raison, elle revendiquerait la liberté de son comportement et imaginerait de plausibles motifs pour justifier son élan incoercible vers la clarté.
J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 86. 2. [En parlant d'une pers., de son tempérament] Sur qui, sur quoi on ne peut agir, qu'on ne peut dominer, fléchir, à qui on ne peut résister, qui est inébranlable. Je connais (...) une petite fille de quatre ans (...) assurée dans sa puissance et dans sa séduction, et à peu près incoercible (Colette, Ces plais.,1932, p. 223).Les traits [de du Quesne] révèlent un caractère incoercible (La Varende, Tourville,1943, p. 112). 3. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre, rare. Ce sur quoi on ne peut agir, ce à quoi on ne peut résister. Subir, éprouver l'incoercible, l'inévitable, l'irrémédiable; de différentes façons l'existence nous est imposée (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 329). Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔ
ε
ʀsibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. [1762 (Bl.-W.3-5s. réf.)] 1. 1765 phys. (Encyclop. t. 15, p. 586b, s.v. substance : quelques traces de phosphore, un produit lumineux incoercible); 2. 1767 fig. « qu'on ne peut contenir, arrêter » (Diderot, Salon de 1767, p. 66 : cette foule d'esprits incoercibles et véloces sortis de la tête de Bouchardon); 3. 1857 méd. vomissements incoercibles (J. de méd. et de chir. pratiques, XXVIII, 69 ds Quem. DDL t. 8). Dér. de coercible*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 67. DÉR. 1. Incoercibilité, subst. fém.État, caractère de ce qui est incoercible. L'incoercibilité de l'émotion-choc est spécifique (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 253).− [ε
̃kɔ
ε
ʀsibilite]. − 1reattest. 1814 (Nysten, s.v. incoercible); de incoercible, suff. -(i)té*. 2. Incoerciblement, adv.De manière incoercible. Qu'elles étaient « blanches », ces filles, et « roses », deux qualificatifs qui tombent incoerciblement de toute plume de Normand (La Varende, Nez-de-Cuir,1936, p. 33).− [ε
̃kɔ
ε
ʀsibləmɑ
̃]. − 1reattest. 1832 (Raymond); de incoercible, suff. -ment2*. BBG. − Gohin 1903, p. 260. |