| INCLINATION, subst. fém. A. − Action de s'incliner, de courber la tête, le buste, souvent en signe d'acquiescement ou de salutation (cf. inclinaison rem.). Légère, profonde inclination; remercier par une inclination de tête. Oui, madame, (...) répondit le valet avec une inclination de tête que lui aurait enviée un prince saluant la foule (Zola, Curée,1872, p. 333).Docre faisait les génuflexions, les inclinations médiocres ou profondes, spécifiées par le rituel (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 161).Enfin il eut une petite inclination du buste : « Je vous souhaite une bonne nuit » (Vercors, Silence mer,1942, p. 32): 1. ... la reine, loin d'être scandalisée, répondit par une petite inclination souriante, presque une demi-révérence.
Maurois, Disraëli,1927, p. 277. B. − Au fig. 1. Force intérieure et naturelle qui oriente spontanément ou volontairement la personne vers un objet, un goût, un but. Synon. penchant, tendance.Je crois qu'il y a dans nous une inclination à la paresse, qui est le plus fort de nos penchans (Cottin, C. d'Albe,1799, p. 103).On ne sauroit imaginer combien sont grandes les influences de nos premières habitudes et de nos premières inclinations sur les penchans qui sont dans le cas de nous dominer un jour, et sur le caractère qui nous deviendra propre (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 366).Elle a beaucoup d'inclination pour les langues, beaucoup de facilité à les apprendre, et elle ne résiste pas au plaisir d'y éprouver son habileté (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 51): 2. Il y a chez la femme une inclination profonde à la passivité qui oriente tout son comportement. Elle tolère une zone plus ou moins large de tendances actives et offensives. Mais sa manière d'être la plus profonde est de s'abandonner, de s'effacer, de se soumettre (aux plus bas étages du comportement), de se renoncer, de se donner (aux sommets de sa vie).
Mounier, Traité caract.,1946, p. 399. − PSYCHOL. ,,Tendance consciente et finalisée`` (Piguet 1960). Inclinations égoïstes ou personnelles, altruistes, supérieures (cf. Lal. 1968).L'inclination dominante, intéressée, passionnelle, intellectuelle ou morale, de l'être qui choisit (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 159).Inclination naturelle et nécessaire des êtres à rechercher avant tout leur propre bien (Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 80). SYNT. Bonnes, mauvaises inclinations; se laisser aller à ses inclinations; réprimer, sacrifier ses inclinations; avoir une véritable inclination pour la chimie, les mathématiques. 2. En partic. a) Vieilli. Mouvement spontané qui porte à montrer de l'affection pour quelqu'un. Vive inclination pour un enfant. Il n'avait suivi que son inclination pour la France et son attachement pour le duc d'Orléans (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 255). b) Penchant amoureux. Ressentir une inclination. Je ne savais pas comment je l'aimais; si c'était de l'intimité pure, de l'amitié, de l'amour, de l'habitude ou de tous ces sentiments réunis que se composait mon inclination pour elle (Lamart., Graziella,1849, p. 237).Elle a eu quelque inclination contrariée, ou méconnue, ou repoussée (Amiel, Journal,1866, p. 143).Je sais qu'il y a deux jours vous n'aviez pour moi qu'une inclination modérée. Mais aujourd'hui je compte absolument sur un allié qui oblige cette inclination à se transformer en amour (Curel, Nouv. idole,1919, II, 3, p. 206): 3. J'étais de ces imbéciles qui se persuadent qu'il existe d'une part les amoureuses désintéressées, et de l'autre les rouées qui ne cherchent que l'argent. Comme si dans la plupart des femmes, l'inclination amoureuse n'allait de pair avec le besoin d'être soutenues, protégées, gâtées...
Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 98. ♦ Mariage d'inclination. Anton. mariage de raison, de convenance.Je n'oserais pourtant pas affirmer que les mariages de convenance que j'ai vu pratiquer autrefois fussent généralement moins heureux que les mariages d'inclination que je vois faire aujourd'hui (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 112). Prononc. et Orth. : [ε
̃klinasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiiies. « mouvement affectif spontanément dirigé vers un objet, un but, une personne » (J. de Meung, Test. ds Rose, éd. M. Méon, t. 4, p. 91); 2. a) ca 1393 « action d'incliner le corps ou la tête (pour saluer) » (Ménagier, I, 14 ds T.-L.); b) 1575 « action de pencher quelque chose » (A. Paré,
Œuvres, XXV, 46, éd. J.-F. Malgaigne, t. 3, p. 611); 3. 1547 « état de ce qui est incliné » (J. Martin, Archit. Vitruve, fo89 vods IGLF). Empr. au lat.inclinatio « action de pencher, inclinaison; tendance, penchant », dér. de inclinare (incliner*). Fréq. abs. littér. : 572. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 275, b) 603; xxes. : a) 614, b) 650. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 21. - Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 76. - Pinchon (J.). Questions de vocab. Fr. Monde. 1968, no59, p. 51; no60, p. 54. |