| INCIVIL, -ILE, adj. A. − Qui est contraire aux règles de la civilité. Synon. grossier, impoli, incorrect; anton. civil, courtois, poli. 1. [Qualifie une pers.] Qui n'observe pas les convenances, qui manque de politesse. La mère de Sara parut blessée de l'anonyme de cette lettre. Elle s'emporta contre de Lamontette, qu'elle traita d'incivil (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 177).J'ai dû vous paraître bien incivil quand en vous quittant je ne vous ai ni remerciée de votre obligeance, ni reconduite jusque chez vous (Balzac, Corresp.,1822, p. 167): Un examinateur, fort savant homme, (...) me demanda si le Rhône ne se jetait pas dans le lac Ontario. Je n'osai lui dire non de peur d'être incivil et gardai le silence, sur quoi il me reprocha de manquer d'idées en matière de géographie.
France, Vie fleur,1922, p. 415. − Emploi subst. Quel est l'incivil qui n'affranchit pas ses lettres? (Labiche, Perle Canebière,1855, 1, p. 175). 2. [Qualifie un comportement humain] Qui dénote une absence de courtoisie, de savoir-vivre. Attitude incivile; propos incivils. Cette témérité, qui semblait incivile envers le beau sexe, mit en émoi Charles Fontaine, qui (...) se déclara (...) le champion de l'amour honnête et légitime (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 41).Aux riches qui leur offrent l'aumône, ou leur détaillent obligeamment les moyens de gagner beaucoup d'argent, les pauvres lancent une réponse incivile : « Mêlez-vous de vos affaires! (...) » (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 586). − P. anal. [Appliqué à un inanimé concr.] Les coquillages sont des grands seigneurs, qui, tout brodés et tout passementés, évitent le rude et incivil contact de la populace des cailloux (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 282). B. − Vx. Qui est contraire aux lois régissant l'ensemble des citoyens. L'institution (...), fondée pour remettre les pauvres ménages dans la voie religieuse et légale, est à la poursuite de ces couples, qu'elle trouve d'autant mieux, qu'elle les secourt comme indigents avant de vérifier leur état incivil (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 403). REM. Incivilement, adv.D'une manière incivile; en ne se conformant pas aux règles du savoir-vivre. Lorsque vous me renvoyâtes incivilement de votre gentilhommière, j'entrai au service de madame de Gartempe (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 147).Angelo fut obligé de s'asseoir fort incivilement sur le fauteuil qui était le plus près de lui (...). Il reprenait peu à peu ses esprits en parlant (Giono, Angelo,1958, p. 220). Prononc. et Orth. : [ε
̃sivil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1382 « qui manque de civilité » (Oresme ds Meunier); 2. 1456 « contraire aux lois civiles » (Archives du Nord, B 19491, pièce 50 ds IGLF). Dér. de civil*; préf. in-1*; pour le sens 1, cf. le lat. incivilis « violent, brutal ». Fréq. abs. littér. : 15. |