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INCARNATION, subst. fém.
MYTH. et RELIG.
A. − [En parlant d'une divinité, d'un être spirituel]
1. Action de s'incarner, de prendre une forme humaine ou animale. Nous avons ici l'état de Mânes ou de spectres, une incarnation nouvelle dans des corps d'animaux, et la renaissance sous forme humaine (P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 344).L'incarnation est une chute volontaire et humiliante (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 122).
En partic., RELIG. CHRÉT. Incarnation de Jésus-Christ ou absol. Incarnation. Union en Jésus-Christ de la nature divine et de la nature humaine. Fête de l'Incarnation. C'est seulement dans le mystère de l'Incarnation rédemptrice que le Chrétien aperçoit ce qu'est la dignité de la personne humaine, et ce qu'elle coûte (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 221) :
1. ... dans l'opinion des Chrétiens, l'Incarnation de Christ n'est devenue nécessaire que parce qu'il fallait réparer le mal introduit dans l'univers par le serpent qui séduisit la première femme et le premier homme. Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 294.
2. Résultat de cette action; forme humaine ou animale qui représente la divinité. Dans le vestibule, décoré de peintures étranges qui présentaient les trente-trois incarnations de Vichnou, était la statue du dieu Siva (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 410).Les « puissances divines » considérées comme des substances séparées, se réalisent [suivant Simon] en des incarnations successives, soit féminines, soit masculines (Renan, Apôtres,1866, p. 268).
B. − Au fig.
1. Manifestation extérieure, visible, d'une notion abstraite. Cet homme est l'incarnation du mal. La comtesse Foedora, riche et sans amant, résistant à des séductions parisiennes, n'était-ce pas l'incarnation de mes espérances, de mes visions? (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 113).Richard Cœur de Lion (...) médiocre politique au conseil (...) devenait sur le champ de bataille l'incarnation même du génie de la guerre (Grousset, Croisades,1939, p. 273) :
2. ... il y avait, dans cette tête de rapace, dans la fixité cruelle de l'œil, dans toute l'attitude immobile, tendue, dressée, comme une incarnation d'orgueil et de férocité. Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 119.
2. Rare. Fait, pour un acteur, de s'identifier au personnage qu'il interprète. J'avais constaté, en lisant des pièces modernes, que cette intensité de vie, conférée aux personnages de théâtre par l'incarnation qu'en font les acteurs, pouvait presque être obtenue à la simple lecture (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. lx).
Prononc. et Orth. : [ε ̃kaʀnasjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 incarnatiun relig. (Ph. de Thaon, Bestiaire, 168 ds T.-L.); 2. 1831 (Balzac, loc. cit.). Empr. au lat. eccl.incarnatio « action de prendre un corps » et spéc. en parlant du Christ « action de revêtir la forme humaine ». Fréq. abs. littér. : 554. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 333, b) 571; xxes. : a) 593, b) 1 408. Bbg. Besret (B.). Incarnation ou eschatologie? Paris, 1964, 240 p.