| INAUGURER, verbe trans. A. − 1. Célébrer l'achèvement (d'un monument), mettre officiellement en service quelque chose à usage public (édifice, exposition, etc.) par une cérémonie solennelle. Synon. (dans le domaine relig.) consacrer.Inaugurer une autoroute, un lycée. Inaugurer un temple (Ac. 1835, 1878). On a inauguré la statue de ce savant (Ac. 1835-1935). L'empereur (...) vint inaugurer un monument à Metz (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 174).À Brooklyn, on me demanda d'inaugurer une statue de La Fayette et on m'offrit une épée (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 460). − Vieilli. Consacrer (un dieu, un souverain) par une cérémonie solennelle. Synon. sacrer.Le roi fut inauguré par une onction; il porta un sceptre et une couronne, il s'assit sur un trône, et fut l'ombre de Dieu (Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 63).Ce prétendu athéisme se réduit presque, au fond, à inaugurer une déesse au lieu d'un dieu (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 573). 2. P. ext. Faire usage de quelque chose pour la première fois. Synon. étrenner.Inaugurer un appartement, un chapeau. La salle du Palais-Royal fut livrée aux comédiens (...). La troupe de Monsieur l'inaugura le 20 janvier 1661 avec le Cocu imaginaire (A. France, Génie lat.,1909, p. 117).Je le retrouve hier dans un petit complet bleu que sans doute il inaugure (Gide, Journal,1909, p. 272). − En partic. Inaugurer un dossier, une procédure. L'entamer. Figurez-vous, ma pauvre chère dame, que M. le Député m'a dit : − « Madame Jacquemart, il faudra inaugurer un nouveau dossier. » (Arland, Ordre,1929, p. 220). B. − 1. Faire commencer (une pratique, un usage nouveau par quelque chose ou en faisant telle ou telle chose). Synon. ouvrir, entamer; anton. clore.Inaugurer une nouvelle politique. Voltaire enfin, le premier, inaugura véritablement chez nous la connaissance de la littérature anglaise (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 13, 1869, p. 184).La Cour de cassation (...) n'accepte pas davantage la jurisprudence criminelle inaugurée par la Chambre criminelle en 1896 (Barrès, Cahiers, t. 7, 1908, p. 105).Mais Georgette avait hâte d'inaugurer avec Edmond une tout à fait nouvelle vie (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 252). ♦ [Avec un compl. indiquant le moyen] Il inaugure le culte des héros en faisant battre les cœurs pour les sentiments généreux (Vigny, Journal poète,1854, p. 1315).Il venait inaugurer des relations par une visite de politesse (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 131) : ... il y avait là Jean-Louis Vaudoyer et Pierre Brisson : ce dernier, critique dramatique, inaugurait la saison théâtrale plut tôt qu'il n'avait espéré, par un spectacle à grand orchestre...
Mauriac, Journal 1,1934, p. 22. − Emploi pronom. passif. Commencer à être. Synon. débuter; anton. se terminer, se clore, s'achever.Rien (...) ne s'était assez nettement formulé en moi, au point de vue social, pour m'aider à lutter contre ce cataclysme où s'inaugurait le règne de la matière (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 175).Mais Gil Blas venait de naître et le règne des porcs s'inaugura (Bloy, Journal,1903, p. 163). ♦ [Avec un compl. indiquant le moyen] L'entrée de ce parti dans notre vie publique s'inaugure par les émeutes d'Alger et de quelques grandes villes de France (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 375). 2. Marquer le début (d'une pratique, d'un usage). Synon. vx initier; anton. terminer, clore, achever.La mort de Lucrèce inaugura l'établissement de la liberté à Rome (Ac.1878, 1935).M. Sully-Prudhomme semble inaugurer une époque (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 35).Sa thèse inaugurale Sur le suc gastrique et son rôle dans la nutrition a inauguré une série de recherches qui ont abouti à l'identification de la plupart des sucs intestinaux et pancréatiques (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 663). Prononc. et Orth. : [inogyʀe] ou [-nɔ-], (il) inaugure [inogy:ʀ] ou [-nɔ-]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. Ca 1355 « consacrer (une personne ou un lieu) par une cérémonie solennelle » (Bersuire, Tite-Live, fo1 vods Littré), rare jusqu'au xviiies.; 2. a) 1817 « mettre en pratique, introduire » (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, p. 159 : inaugurer le règne de la justice); b) 1832 « utiliser pour la première fois » (Karr, Sous tilleuls, p. 69 : Ma pauvre chambre, salut! Tu es inaugurée sous de bons auspices). Empr. au lat. class.inaugurare intrans. « prendre les augures », trans. « consacrer officiellement la nomination de quelqu'un (prêtre, consul, etc.), consacrer, inaugurer un emplacement (temple, ville, etc.) ». Fréq. abs. littér. : 363. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 163, b) 530; xxes. : a) 565, b) 778. Bbg. Quem. DDL t. 16. |