| INASSOUVI, -IE, adj. A. − Qui n'est pas assouvi (v. ce mot II A et B). Synon. inapaisé, insatiable, insatisfait. − Rare. [En parlant d'un besoin physique] Faim, soif inassouvie. Ils [les corbeaux] sont (...) doués d'un appétit toujours inassouvi (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 138). ♦ Au fig. [En parlant des sens, d'un affect] Ce babil vide, ces rapports insignifiants me lassent et m'assomment (...). Le besoin d'amour, de pensée, de travail demeure inassouvi (Amiel, Journal,1866, p. 388).Avec cette intelligence et ce maniement du fait [le positivisme], on contente beaucoup des appétits de l'homme. Il en est un pourtant qui demeure inassouvi (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 69) : 1. ... comme les gens qui partent sans savoir quand ils reviendront, je me donnais d'avance une grande saoulée d'amour (...). Nous nous aimerons peut-être plus longtemps ainsi, excités que nous serons par un désir inassouvi.
Flaub., Corresp.,1846, p. 300. ♦ Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Comment leur expliquer (...) que dans l'inassouvi, l'inachevé, le pur désir, il trouvait, lui, son bonheur (Tharaud, Biens-aimées,1932, p. 39). SYNT. Amour, curiosité, haine, rage, rancune, rêve, solitude, tendresse, tristesse inassouvi(e); rester inassouvi. B. − [En parlant d'une pers.] Dont les aspirations, les désirs (notamment sexuels) ne sont pas satisfaits. Le vieillard magique [Hugo], toujours béant, inassouvi, grondant d'autant de fantômes qu'une grotte envahie par la mer (...) fut vingt ans (...) la conscience lyrique d'une foule de braves garçons (Bernanos, Gde peur,1931, p. 41) : 2. En sortant un soir des délassements (...) elle voulut absolument boire et but sur le boulevard un verre de coco : palais blasé, comme lassée et inassouvie, à qui les goûts de la canaille, de temps en temps, revenaient, la tentant comme d'une espérance de jouissance neuve et d'une odeur de la bourbe de sa jeunesse.
Goncourt, Journal,1859, p. 655. ♦ Emploi subst. Les inassouvis s'endorment-ils jamais? Leur donnes-tu l'oubli, toi qui nous le promets, Ô mort? (Dierx, Lèvres cl.,1867, p. 199).Deux façons (...) d'exciter les inquiets et les inassouvis, le genre « fichu » et le genre « garçonne » (Céline, Voyage,1932, p. 457).C'était un insatisfait méthodique. Le génie de Lucie fut de comprendre que le besoin de conquête de cet inassouvi scrupuleux hésitait à choisir un emploi (Abellio, Pacifiques,1946, p. 366). − [P. méton. du déterminé] Il enseignait la sagesse avec une éloquence convaincante, et il portait cependant en lui le trouble des âmes généreuses inassouvies (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 268). ♦ [Avec une connotation sexuelle] Au premier baiser, elle se révéla courtisane. Son corps inassouvi se jeta éperdûment dans la volupté (...) elle naissait à la passion (Zola, T. Raquin,1867, p. 36). Prononc. et Orth. : [inasuvi]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1794 (Pougens, Vocab. de nouv. privatifs fr.). Dér. de assouvi, part. passé de assouvir*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 140. |