| IMPÉNÉTRABILITÉ, subst. fém. A. − PHYS. Propriété selon laquelle deux corps ne peuvent occuper à la fois le même lieu dans l'espace. Impénétrabilité de la matière. La solidité avec ses degrés et ses nuances, la dureté ou la mollesse, l'impénétrabilité ou la pénétrabilité, enveloppe l'étendue, laquelle renferme la grandeur et la forme : ce sont là à peu près les qualités premières des corps (Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 2, 1829, p. 336) : 1. ... si l'impénétrabilité était réellement une qualité de la matière, connue par les sens, on ne voit pas pourquoi nous éprouverions plus de difficulté à concevoir deux corps se fondant l'un dans l'autre qu'une surface sans résistance ou un fluide impondérable.
Bergson, Essais donn. imm.,1889, p. 76. − En partic. Impénétrabilité superficielle. ,,État de la surface d'un bois qui résiste à la pénétration des produits de préservation`` (Métro 1975). B. − P. ext. [En parlant d'une chose matérielle] Qualité de ce qui est impénétrable. Il y a autre chose que cette animale impénétrabilité, que représente le crocodile par ses écailles (Alain, Propos,1923, p. 556). − Au fig. 1. [En parlant d'une pers.] Caractère de celui, de celle dont les sentiments et le caractère sont impénétrables. Je ne pouvais tirer une explication, une excuse, une parole, un mot, devant l'impénétrabilité de sa physionomie (Goncourt, Journal,1889, p. 1013) : 2. L'impénétrabilité, l'insuffisance, l'inintelligence de nos alliés trompent nos projets autant que l'hostilité d'obstacles conjurés...
Blondel, Action,1893, p. 217. 2. [En parlant de choses abstr.] État de ce qui est impénétrable. Impénétrabilité du destin, de l'existence, des desseins. Mais considérons de quelle impénétrabilité s'enveloppe l'essence des choses (Senancour, Rêveries,1799, p. 179).Une flamme qui triomphe de l'impénétrabilité des êtres (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 101). Prononc. et Orth. : [ε
̃penetʀabilite]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. Av. 1662 « propriété en vertu de laquelle deux corps ne peuvent occuper en même temps le même lieu dans l'espace » (Pascal, Pensées, 957 ds
Œuvres complètes, éd. L. Lafuma, 1963, p. 630); 2. 1690 « caractère de ce qui ne peut être deviné, expliqué » (Fur.); 3. 1832 « caractère d'une personne qui ne laisse pas deviner ses sentiments, ses pensées » (Raymond). Dér. sav. de impénétrable*; suff. -ité*. Fréq. abs. littér. : 66. |