| IMPUTATION, subst. fém. A. − Action d'attribuer (à quelqu'un) une action, un fait, un comportement qu'on juge généralement blâmable. Imputation d'hérésie, de fabrication de faux. Il s'est justifié des imputations dont ses ennemis l'avaient chargé (Ac. 1835-1935). Imputation fausse, calomnieuse (Ac. 1835-1935). On s'est hâté de dire que ceux qui ont péri étaient des Bonapartistes (...). Mais cette imputation, d'ailleurs, était aussi fausse que toutes celles que l'on fait porter sur des victimes (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 399).Le ministre de la guerre ne peut pas tolérer qu'un de nos officiers demeure silencieux sous cette imputation d'espionnage (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 309) : ... N'est-ce pas, Swann? Je ne vous vois jamais. D'ailleurs, comment faire pour le voir? Cet animal-là est tout le temps fourré chez les La Trémoïlle, chez les Laumes, chez tout ça!... Imputation d'autant plus fausse d'ailleurs que depuis un an Swann n'allait plus guère que chez les Verdurin.
Proust, Swann,1913, p. 258. B. − THÉOL., vx. Application des mérites de Jésus-Christ aux hommes. Les protestants prétendent que nous sommes justifiés par l'imputation des mérites de Jésus-Christ (Ac.1798-1878).Cette maladie originelle n'a donc point d'autre nom. Elle n'est que la capacité de souffrir tous les maux, comme le péché originel (abstraction faite de l'imputation) n'est que la capacité de commettre tous les crimes, ce qui achève le parallèle (J. de Maistre, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 83). C. − FIN., COMPTAB. Affectation d'une somme à un compte déterminé dont elle doit être déduite. L'imputation d'un crédit. Si la dette pour sûreté de laquelle la créance a été donnée en gage, ne porte point elle-même intérêts, l'imputation se fait sur le capital de la dette (Code civil,1804, art. 2081, p. 373).Les matières indirectes, par exemple, sortent du magasin par l'intermédiaire de bons de sortie portant mention du service demandeur. En conséquence, l'imputation de leurs frais ne souffre pas de difficultés (Villemer, Organ. industr.,1947, p. 203). ♦ Imputation rationnelle. Méthode de calcul des coûts ayant pour but d'éliminer les conséquences d'une variation d'activité sur le coût unitaire complet (d'apr. Comptab. 1974). Dans les industries agricoles et alimentaires, nous recommandons particulièrement la méthode des imputations rationnelles associée à la méthode par nomenclature (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 222). Prononc. et Orth. : [ε
̃pytasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié du xves. « accusation fondée ou non » (G. Chastellain, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 84); 2. 1541 théol. (Calvin, Institution de la religion chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre IV, ch. 15, p. 326); 3. 1690 fin. (Fur.). Empr. au lat. chrét.imputatio « compte, calcul; action de mettre en compte, de faire valoir; accusation, opprobre » (cf. Blaise Lat. chrét. et Blaise Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér. : 120. |