| IMPUDIQUE, adj. A. − 1. Dont le comportement outrage la morale sexuelle établie. Synon. dévergondé; anton. pudique.Servante impudique. Les bateleurs viennent y faire leurs tours grossiers et y montrent des singes impudiques du Sennaar, au grand scandale des ladies puritaines (Du Camp, Nil,1854, p. 29).Je me souviens aussi d'une tzigane impudique et bronzée, toute droite, dans un pagne de négresse (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 127) : 1. Elle inventait des jeux de malade et de chirurgien, de petite fille espiègle et de gouverneur sévère, de jeune beauté surprise dans un bois par un vieillard impudique; et c'étaient des opérations délicieuses, des flagellations exquises, des viols sauvages, anxieux, enivrants.
Milosz, Amour. initiation,1910, p. 119. − Emploi subst. C'est un impudique (Ac.). Elle a été courtisane en Égypte, elle s'est enflammée pour des impudiques dont le membre est comme celui des ânes et la semence comme celle des chevaux (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 218).Il osa s'approcher et vit avec terreur dans le lit la forme d'une femme (...) sans même prendre le temps de distinguer les traits de cette impudique (...) il se jeta hors de la chambre (Barrès, Colline insp.,1913, p. 207). 2. Qui dénote de l'impudicité. Nudité impudique; robe, vêtement impudique; propos, paroles impudiques. Désirs, regards, gestes impudiques; postures impudiques (Ac.). Blanche et nue, frottée de parfums, terrible à la lueur des bougies, avec son fard et ses paupières peintes (...) la Belcredi étalait sur le lit, son corps impudique et superbe (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 249) : 2. Son maître avait séduit sa femme; et l'on racontait que, par une impudique raillerie, il la lui avait montrée toute nue, ne lui cachant que le visage, et le faisant juge de la beauté de sa maîtresse.
Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 423. B. − Qui manque de retenue, qui enfreint la bienséance. Un notaire de bon sens et d'un peu de lettres devait être choqué par le bariolage verbal de certaines œuvres romantiques, par leurs épanchements souffreteux, leur égocentrisme impudique (Aymé, Confort,1949, p. 26).À la base de cette horreur est l'indignation de Sido devant les pleurs impudiques de l'enfant (Colette, Fanal,1949, p. 214). Prononc. et Orth. : [ε
̃pydik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1380 (J. Le Fèvre, Vieille, 6 ds T.-L. : matronnes folles et impudiques). Empr. au lat.impudicus « sans pudeur, impudique ». Fréq. abs. littér. : 146. DÉR. Impudiquement, adv.a) D'une manière qui outrage la morale sexuelle. Un Japonais (...) palpait avec une inattention polie un bras de boxeur qu'une brune, assise près de lui, étalait impudiquement sur la nappe (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 1004).b) D'une manière qui manque de retenue, qui enfreint la bienséance. Des hommes qui avaient passé à l'ennemi la veille d'une bataille ne cachaient rien de la récompense et marchaient impudiquement en plein soleil dans le cynisme des richesses et des dignités (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 153).P. plaisant. Je m'installai au salon, dans le grand fauteuil moderne si somptueusement, si impudiquement vaste, (...) que la méditation la plus aiguë ou la somnolence (...) vous montent pour ainsi dire des fesses à la cervelle (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 221).− [ε
̃pydikmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. 1488 [ou début xvies.?] (La Mer des Histoires, t. 2, fol. 117a ds Gdf. Compl.), 1495 (J. de Vignay, Miroir hist., Delb., Rec. ds DG); de impudique, suff. -ment2*. |