| IMPRESSIONNABLE, adj. A. − [En parlant d'une pers. ou d'une faculté hum.] 1. Vieilli. Qui ressent profondément des sensations d'ordre physique. Synon. sensible.Nous sentons la liturgie comme certains êtres impressionnables sentent les changements de l'atmosphère (Bloy, Journal,1900, p. 385). − [Construit avec un compl. prép.] Il se pourrait que les abricots eussent occasionné la syncope! Il y a des natures si impressionnables à l'encontre de certaines odeurs (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 49).Très impressionnable aux senteurs, violemment troublé par ce mélange de fleur et de chair, il était resté éperdu (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1019). ♦ Au fig. Son âme impressionnable à toute beauté, à toute grâce, à tout sourire, se livrait avec une facilité et une spontanéité inouïes (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 466). − P. méton. [En parlant d'une partie du corps] Qui trahit ou transmet une impression. Christophe regardait (...) cette figure impressionnable, qui rosissait et pâlissait, d'un instant à l'autre (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 930).V. aussi dévot, ex. de Frapié, Maternelle, 1904, p. 221. − Rare. Qui est perméable aux influences morales, intellectuelles, artistiques. Raphaël qui, dès son départ d'Urbin, passa auprès du Pérugin ses années les plus impressionnables (Faure, Hist. art,1914, p. 400). 2. Qui s'émeut facilement de ses impressions, qui est d'une sensibilité excessive. Synon. émotif, hypersensible.Nous ne nous cachons pas d'avoir été des créatures passionnées, nerveuses, maladivement impressionnables, et par là quelquefois injustes (Goncourt, Journal,1872, p. 28).Je crains de n'avoir pas assez ménagé, à ce moment, une nature profondément sensible, impressionnable et délicate (Gobineau, Pléiades,1874, p. 183) : La vie de l'anxieux est une perpétuelle et douloureuse alerte. Enfant, il est la proie des peurs nocturnes; timide, craintif, impressionnable à l'excès, il redoute la solitude comme il redoute la société.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 233. B. − PHOT., vieilli Sensible. Papier, plaque impressionnable. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth. : [ε
̃pʀ
εsjɔnabl̥] ou [ε
̃pʀe-]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1. 1780 « susceptible de recevoir de vives impressions » (Thouvenel, Mémoire chimique et médicinal sur les effets de l'air, p 26); 2. 1874 phot. (Lar. 19e). Dér. de impressionner*; suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 100. |