| IMPRESSION, subst. fém. I. − Sens phys. A. − 1. Vieilli. Action, fait de presser, d'appuyer quelque chose sur quelque chose. Synon. pression.L'impression des boules d'eau tiède (...), celle de mes mains sur ses mains, de mon souffle sur son front rappelèrent la chaleur aux extrémités (Lamart., Raphaël,1849, p. 231). − P. ext. Action d'un corps sur un autre. Synon. influence.Toute huile est bonne pour préserver le bulbe des impressions nuisibles aux substances qu'il contient en travail (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 140).Elle [la feuille] oriente la croissance du tronc selon les impressions subtiles qu'elle reçoit à chaque instant de la lumière et de l'air (Gracq, Syrtes,1951, p. 144). − Au fig. Influence morale, intellectuelle, artistique. Il faut, dans cet enfant, par une impression grande, salutaire, durable, fonder l'homme, créer la vie du cœur (Michelet, Peuple,1846, p. 349).Plus rien ne subsistait dans l'esprit d'Arnauld des premières impressions intellectuelles, qui d'abord l'avaient fait pencher vers le jansénisme authentique (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 449). 2. Action, fait de laisser une trace en exerçant une pression sur quelque chose. L'impression [du modèle] dans la masse de pâte (...) au moyen d'une pression (Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 134).Quelquefois cependant la partie supérieure [du filet d'un ballon] est remplacée par une simple chemise pour prévenir le capitonnage, c'est-à-dire l'impression des mailles dans l'enveloppe (Ledieu, Cadiat, Nouv. mat. nav.,1899, p. 311). ♦ Au fig. Chaque créature née de l'impression de l'unité divine sur la matière indéterminée est l'aveu même qu'elle fait à son créateur (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 90). − P. méton. Trace laissée par pression de quelque chose sur quelque chose. Synon. empreinte, trace.Si on la comprime [une tumeur], l'impression du doigt reste marquée dessus (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 244). ♦ P. anal., ANAT. HUM. et ANIMALE. Empreinte laissée par l'insertion d'un tissu associé à des éléments contractiles sur des éléments de nature osseuse. Impression musculaire. Elle [la gouttière bicipitale de l'humérus] se continue sur la branche antérieure de l'impression deltoïdienne ou V deltoïdien, qui donne attache au deltoïde (Gérard, Anat. hum.,1912, p. 131).Impressions digitales. ,,Dépressions cupuliformes plus ou moins accusées de la face endocrânienne des os de la voûte crânienne`` (Méd. Flamm. 1975). Synon. empreintes digitiformes. B. − En partic. 1. Procédé de reproduction par pression ou contact d'une surface portant des traces enduites d'encre (correspondant à ce qui est à reproduire) sur une autre qui en reçoit l'empreinte. Impression en creux, en relief, (en) à-plat. Ces machines [électrostatiques] (...) impriment (...) à distance et sans pression. Elles rendent donc caduc le vieux concept d'impression et fournissent un argument à ceux qui veulent remplacer ce terme par l'expression plus générale de « moyens de communication graphique » (Encyclop. univ.t. 8, 1970, p. 774). − P. ext. Procédé de reproduction assurant le report de signes d'un support sur un autre sans qu'il y ait contact (direct ou indirect) entre eux. Impression électrostatique, par jet d'encre. 2. IMPR. Action de reproduire sur un support de papier des caractères ou des images. Impression typographique, offset; impression polychrome; l'impression d'un journal, d'un livre, d'un manuscrit. J'ai terminé hier à Paris la correction des épreuves de cette petite brochure dont j'ai hâté l'impression (Delécluze, Journal,1827, p. 453).Les dépenses d'un journal sont (...) : les frais décroissants, (impression, rédaction, administration, intérêts du capital) (Morienval, Créateurs gde presse,1934, p. 52) : 1. Il mit en train lui-même une forme que Kolb dut tirer avec Marion, tandis que lui-même tira l'autre avec Cérizet, en surveillant les impressions en encres de diverses couleurs. Chaque couleur exige une impression séparée.
Balzac, Illus. perdues,1843, p. 563. ♦ [En fonction de déterm.] Encre d'impression; faute d'impression; frais d'impression; caractère d'impression (caractère d'imprimerie). C'est sans doute par suite d'une erreur d'impression que l'on a pu lire sur le texte de la loi des finances (...) que celles-ci avaient un rapport direct avec la coordination des moyens de transport (Pineau, S.N.C.F. et transp.,1950, p. 85). ♦ (Donner un livre) à l'impression. (Donner un livre) à l'imprimerie en vue de son impression. S'il n'y avait pas le terme d'avril, jamais je ne donnerais ce texte à l'impression (Du Bos, Journal,1927, p. 184). − P. méton., rare ♦ Texte, image porté(e) par la surface imprimante. [On rend] la pression de la vis moins dure aux caractères par l'interposition d'un carré d'étoffe (le blanchet) entre la platine de la presse et le papier qui reçoit l'impression (Balzac, Illus. perdues,1843p. 556). ♦ Texte, image imprimé(e) sur le support de papier. Si on imprimait ceci, ça donnerait bien trente pages d'impression (Balzac, Corresp.,1821, p. 103).La mauvaise habitude que nous avons en France de compter sur les correcteurs d'imprimerie pour les accents m'en a fait omettre quelques-uns sur ma copie et je les trouve également omis dans l'impression (Mallarmé, Corresp.,1877, p. 142).Caractères imprimés. Synon. imprimé.On est allé jusqu'à dire que Louis XIV ne savait pas lire couramment l'impression, qu'il ne pouvait bien lire que des manuscrits (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 1, 1862, p. 341). ♦ Manière dont un texte est imprimé. Le vélin en est pur, l'impression superbe. Messieurs les éditeurs, à cette époque encor, Se montraient soucieux de soigner le décor Qui faisait ressortir et resplendir le verbe (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 295). ♦ Technique et activité de l'imprimerie. La principale évolution des caractères a été, dans toute l'histoire du graphisme scriptural de l'impression, une évolution technique dans le sens d'une plus grande précision et d'une meilleure aptitude à la lecture (Civilis. écr.,1939, p. 6-14). 3. GRAV. Action de tirer les épreuves d'une estampe. Impression lithographique, en taille douce. La taille-douce et (...) la lithographie (...) exigent, pour leur encrage et leur impression, des conditions toutes différentes (Dacier1944, p. 6). ♦ P. méton. Estampe, gravure. Je joindrais peut-être une étude sur Gakutei (...), celui qui, dans une délicate impression en couleur, sait réunir le charme de la miniature persane et de la miniature du Moyen Âge européen (Goncourt, Journal,1888, p. 791). 4. INDUSTR. TEXT. Action de reproduire des motifs, d'appliquer des couleurs sur une étoffe. Impression au cadre (ou à la lyonnaise), au rouleau, à la planche, par transfert. L'industrie de la teinture par impression est arrivée aujourd'hui à un très grand degré de perfection (Jolly, Blanchiment, teint.,1900, p. 21). ♦ [En fonction de déterm.] Couleur d'impression. La pâte d'impression est déposée sur le rouleau imprimeur par un rouleau fournisseur qui plonge dans une cuvette contenant ladite pâte; une racle parfaitement ajustée, appuyant sur le rouleau imprimeur, permet d'enlever l'excès de pâte fournie, n'en laissant subsister que dans les gravures en creux (Encyclop. univ.t. 151973, p. 1029). − P. méton., rare ♦ Motif(s) reproduit(s), couleur(s) appliquée(s) sur une étoffe. Des chemises où il y a représentés nombre de petits laboureurs poussant une charrue, des impressions sur calicot ressemblant au fleuron de l'éditeur Lemerre sur ses livres (Goncourt, Journal,1890, p. 1158). ♦ Technique et activité de l'impression sur étoffe. L'exposition rétrospective (...) nous a démontré quelle place importante la teinture et l'impression ont tenue dans tous les pays et spécialement en France (Jolly, Blanchiment, teint.,1900p. 29). 5. PEINT. Couche d'impression, p. ell. impression. Couche de peinture appliquée après l'encollage afin d'apprêter la toile ou (en peinture en bâtiment) appliquée sur un support afin de le rendre moins absorbant ou de le protéger. Synon. couche d'apprêt.Impression à l'huile, impression en détrempe. Il me semble qu'on pourrait se passer d'impression en peignant son sujet à la détrempe, après l'avoir mis aux carreaux (Delacroix, Journal,1854, p. 223).Le minium s'emploie pour l'impression des métaux (...) pour les préserver de l'oxydation (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 6, 1930, p. 48). C. − P. anal., PHOT. Processus de formation d'une image sur une surface sensible durant son exposition à la lumière. La rapidité d'impression ne sera plus limitée que par les résistances mécaniques de l'obturateur (Prinet, Phot.,1945, p. 20). − P. méton. Synon. mod. image latente.H. Becquerel (...) obtint des impressions photographiques au travers du papier noir avec le sulfate double d'uranyle et de potassium (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 334). − P. anal. Phénomènes de persistance des impressions lumineuses sur les tubes fluorescents [d'un récepteur de télévision] et sur la rétine (Matras, Radiodiff. et télév.,1958, p. 78). II. − Sens psychol. A. − PSYCHOL. (vieilli), PHILOS. 1. Action d'un objet sur la sensibilité, cette action étant conçue comme l'excitation de terminaisons nerveuses sensitives par un stimulus. Synon. excitation, stimulation. ♦ [Construit avec un compl. prép. de] L'impression de la chaleur sur nos organes (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 140).J'entends ici par sensibilité la propriété vitale inconsciente que possède la matière organique vivante de recevoir l'impression des agents extérieurs (Bernard, Principes méd. exp.,1878, p. 155) : 2. L'audition se fait par l'intermède d'un fluide lymphatique contenu dans l'oreille interne, lequel transmet les vibrations de l'air aux extrémités nerveuses. Il en est de même de la vue. La rétine embrasse le corps vitré qui la soutient; elle ne reçoit l'impression des rayons lumineux, qu'à travers cette gelée transparente...
Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 191. ♦ [P. ell. du compl. prép. de] Sujet à l'action de tous les corps de la nature, l'homme trouve à la fois, dans les impressions qu'ils font sur ses organes, la source de ses connaissances, et les causes mêmes qui le font vivre (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808p. 77).La sensation elle-même est ramenée à ce qu'elle doit être au point de vue extérieur de Condillac, c'est-à-dire aux phénomènes visibles et palpables de l'impression organique, de l'ébranlement et de la réaction nerveuse (Jouffroy, Mél. philos.,1833, p. 159). − P. méton. ♦ Excitation (par un stimulus) en tant qu'elle est transmise au cerveau. Synon. ébranlement (vieilli).Les impressions, en arrivant au cerveau, le font entrer en activité; comme les alimens, en tombant dans l'estomac, l'excitent à la secrétion plus abondante du suc gastrique (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808p. 128). ♦ Réaction du cerveau à une excitation (par un stimulus). Ce n'est plus l'état maladif ou anormal de la rétine ou du nerf optique qui vicie les impressions du cerveau, c'est l'état maladif ou anormal du cerveau qui réagit sur les appareils nerveux placés dans sa dépendance (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 9). 2. Sensation conçue comme un ensemble de processus physiologiques déclenchés par une stimulation externe ou interne. Synon. sensation.Impression physiologique. Le passage (...) de l'impression à l'image (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 176).Les sens proprioceptifs, du troisième groupe, (...) comprennent essentiellement les impressions kinesthésiques d'origine musculo-tendineuse, et les impressions d'origine labyrinthique (Piéron, Sensation,1945, p. 39) : 3. ... l'impression tactile est « interprétée » compte tenu de la nature et du nombre des appareils mis en jeu et même des circonstances physiques dans lesquelles elle apparaît; et c'est ainsi que des impressions en elles-mêmes très différentes, comme une pression sur la peau du front et une pression sur la main, médiatisent la même perception de poids.
Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 362. 3. P. ext. Sensation conçue comme un processus global d'ordre physiologique et psychique déclenché par une stimulation externe ou interne. Impression auditive, cénesthésique, visuelle. Les impressions sensorielles comportent des tonalités affectives agréables ou désagréables en même temps que des reconnaissances perceptives (Piéron, Sensation,1945p. 38). 4. P. méton. a) Image associée à un mot ou une idée, à la perception de l'objet auquel ce mot ou cette idée renvoie. Synon. association, image.Nos diverses impressions, nos impressions personnelles, résultent de ce que nous associons à l'odeur de rose des souvenirs différents (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 129) : 4. Nous pouvons, sinon dégager complètement l'idée, du moins l'épurer successivement, affaiblir graduellement l'impression sensible ou l'image qui y reste unie dans les opérations de la pensée...
Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 169. b) Trace psychique laissée par une sensation ou une perception. Synon. empreinte, trace.Tout se passe comme si l'impression subconsciente se consumait en émettant la lumière qui nous la fait percevoir sous forme d'image consciente (Warcollier, Télépathie,1921, p. 258).La connaissance de la mère ou de l'« objet maternel » [chez l'oiseau] n' [est] pas innée, mais acquise à la suite d'impressions reçues peu après l'éclosion (Encyclop. univ.t. 81970, p. 759). Rem. Piguet 1960, Lal. 1968 déplorent la polysémie de impression en psychol. et recommandent de n'utiliser ce terme qu'au sens 2 supra. En réalité, impression ne correspond à aucun concept défini en psychol. contemp. et semble n'y être employé que pour l'explication des concepts de la psycho-physiologie ou de la psycho-pathologie. B. − Courant 1. Vieilli [Construit avec un compl. prép. de désignant la cause de l'impression] Effet produit sur (la sensibilité d')une personne par un objet ou un événement. Le trouble que lui donnait l'impression de la beauté vivante était une sensualité exclusivement cérébrale qui réduisait à néant l'excitation génésique (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 80).Il rêva, une nuit, qu'il la voyait s'enfuyant avec des hommes d'armes; et l'impression de ce rêve fut si forte qu'elle lui resta encore à son réveil (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 79) : 5. L'impression pénible et triste d'un malheur obstiné, qu'il ne dépend de l'homme ni de prévoir ni d'écarter, ne sera-t-elle pas décourageante ou révoltante, selon les caractères des témoins qu'elle affectera?
Marmontel, Essai sur rom.,1799, p. 320. ♦ Dans le domaine de la critique artistique.L'impression de la scène [Léonidas de David] est solennelle et grandiose (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 9).Sa marque [de MmeAlphonse Daudet] c'est d'avoir su (...) exprimer avec intensité les objets extérieurs et en communiquer l'impression directe et première (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 169). − Sous l'impression de (qqc.).Sous l'effet, l'empire, l'influence de (quelque chose). Sous l'impression des blessures que mon corps a reçues dans diverses circonstances (...) je jette un long regard de satisfaction sur la dualité qui me compose (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 339).Mon esprit était alerte comme si j'avais été sous l'impression du haschisch (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 79). ♦ Rare. [Construit avec un inf.] Le faubourg Saint-Germain restait encore sous l'impression d'avoir appris qu'à la réception pour le roi et la reine d'Angleterre, la duchesse n'avait pas craint de convier M. Detaille (Proust, Guermantes 2,1921, p. 430). 2. État psychologique ou représentation à forte dominante affective, produit ou suscité par (la perception d')un objet, (l'expérience d')une situation, (le comportement d')une personne. − Qqn, qqc. cause, produit une impression sur qqn, sur l'âme, l'esprit, le cœur de qqn, en qqn; qqc. communique une impression à qqn; qqc., qqn fait une impression sur qqn, à qqn; qqc. éveille, fait naître, laisse une impression en qqn, dans l'âme de qqn. Qqn éprouve, ressent, reçoit une impression; qqn perçoit, sent une impression (rare). Une impression émane, se dégage de qqc., frappe qqn; une impression s'efface; qqc. accroît une impression. a) [Construit avec un compl. sans art. introd. par de spécifiant la nature de l'état psychol.] Synon. sensation, sentiment de (qqc.).Impression de bien-être, de dégoût, d'étrangeté, de soulagement. La comtesse éprouva une impression mélangée de joie et de tristesse (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 353).Entre l'impression d'obscurité que ressent le témoin d'une éclipse, et l'affirmation : il fait noir, que cette impression lui arrache, il est nécessaire de distinguer (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 224).Une particulière impression d'énergie et de calme émanait de son visage plat, couronné de tresses blondes (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 417) : 6. ... ce contact (...) tendait à substituer à toutes mes sensations l'impression de froid que me communiquait la pression exercée sur mon front par les durs globes de ses yeux glacés.
J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 111. ♦ Dans le domaine artistique.L'architecte invente les combinaisons de lignes et de surfaces, de pleins et de vides, qui devront éveiller dans l'âme du spectateur des impressions d'étonnement ou de majesté, de terreur ou de plaisir, de puissance ou de grâce (Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 67). − En partic. [En parlant d'une sensation physiol.] Les malades se plaignent d'impression d'inconfort, de malaise, de frilosité (Quillet Méd.1965, p. 486). b) [Construit avec un compl. introd. par de décrivant de façon indirecte l'état psychol. ou la représentation] − [Construit avec un compl. évoquant un état psychol., une représentation par les images ou les sentiments associés au référent du subst.] ♦ [Sans art.] Nous avons passé hier tout notre après-midi sombres comme la plaque de la cheminée. Ça nous causait une impression de prostitution, d'abandon, d'adieu (Flaub., Corresp.,1851, p. 328).Les privilèges de l'art dramatique (cette fascinante impression de réalité que fait naître la présence des acteurs) (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. lx) : 7. ... la femme de chambre (...) m'apporta un mot d'Elsa, ainsi conçu : « Tout s'arrange, venez! » Cela me donna une impression de catastrophe : je déteste les dénouements.
Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 171. ♦ [Construit avec un syntagme nom. indéf.] Cette poésie me donne l'impression d'un treillis délicat et net tendu sur un azur connu (Mallarmé, Corresp.,1866, p. 214).Un hôtel étrange, un hôtel donnant l'impression d'une localité choisie par Poë pour un assassinat (Goncourt, Journal,1886, p. 551) : 8. Ces bougies (...) leur faisaient croire qu'ils avaient dû veiller pendant des heures. Mais ils ne savaient plus où. Autour d'eux, un désert se déroulait; pas un bruit, pas une voix humaine, l'impression d'une mer noire où soufflait une tempête. Ils étaient hors du monde, à mille lieues des terres.
Zola, Page amour,1878, p. 1023. En partic. [En parlant d'une pers.] Le petit tablier (...) ajoutait encore à l'impression presque d'une campagnarde que donnaient son bonnet et ses grosses lunettes (Proust, Guermantes 1,1920, p. 198).Le sourire perpétuel et juvénile qui je ne sais pourquoi (...) m'a fait d'abord l'impression d'un argentin pour tango (Du Bos, Journal,1923, p. 275).− [Construit avec une prop. décrivant un état psychol., une représentation] ♦ [à l'inf.] En le lisant j'éprouve l'impression d'être écorché vif (Amiel, Journal,1866, p. 320).Il était énorme, flasque, blanchâtre; il donnait l'impression d'être à la fois boursouflé et très maigre (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1281) : 9. Il s'étonnait d'avoir fait si vite le chemin de son hôtel au presbytère, avec l'impression vague d'être dupe d'on ne sait quel ingénieux truquage.
Bernanos, Crime,1935, p. 804. ♦ [introd. par que] Me Paillaud était un petit vieux tout rond, dont la nuque immaculée donnait l'impression qu'une blancheur de neige se continuait sous son vêtement noir (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 103).Je donnais aux femmes l'impression que je les observais méchamment (Jouve, Scène capit.,1935, p. 174). c) [Construit avec un compl. introd. par de spécifiant l'état du monde dont le suj. prend conscience] Synon. idée de, sentiment de (qqc.).« Mon Dieu, que c'est vieux, tout cela », dit la duchesse de Guermantes, accentuant ainsi pour moi l'impression du temps écoulé (Proust, Temps retr.,1922, p. 1011).Un livre de psychologie technique sur les tendances ne représente pas plus la nature humaine qu'une étude de la gamme ne donne une idée de la musique, ou que le schéma d'une vague ne donne l'impression de la mer (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 187). d) [Modifié par un adj.] − [L'adj. spécifie l'intensité de ce qui est ressenti] Vive impression. Yves emporta une impression profonde de cette entrevue dernière avec son frère Gildas (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 174).Je m'aperçois que j'ai fait sur le cœur de Joseph une impression considérable (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 181) : 10. Quelques graves personnages, tête nue, les escortaient. L'attitude de tous était empreinte de mesure et de résignation. Ce spectacle faisait sur moi une impression très forte.
Lacretelle, Silbermann,1922, p. 111. − [L'adj. spécifie la nature de l'état psychol.] Les détails de cette étrange journée avaient produit sur la belle enfant une impression romanesque et profonde (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 176).Tout à coup il éprouva une impression pénible, il reçut un choc, car il venait d'apercevoir B... (Jouve, Scène capit.,1935, p. 28) : 11. L'agilité de sa réflexion était telle qu'il en éprouvait comme une impression physique, cette excitation à fleur de peau, le besoin de dépenser en activité musculaire un trop-plein de pensées et d'images, la légère fièvre que connaissent bien les raisonneurs et les amants.
Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 164. ♦ Dans le domaine artistique.Tout tableau qui procure une impression morale, on peut dire en thèse générale que c'est un mauvais tableau (Goncourt, Journal,1860, p. 845).Dans cette peinture, le coloris conspire avec le dessin pour produire une impression idéale et mystique (A. France, Île ping.,1908, p. 150) : 12. L'élément bouffon [dans l'ode funambulesque] est étroitement uni à l'élément lyrique et (...) comme dans le genre lyrique pur, l'impression comique ou autre que l'ouvrier a voulu produire est toujours obtenue par des combinaisons de rimes, par des effets harmoniques et par des sonorités particulières.
Lemaitre, Contemp.,1885, p. 8. SYNT. Impression agréable, bizarre, confuse, délicieuse, désagréable, douce, douloureuse, étrange, fâcheuse, indéfinissable, poignante, singulière, terrible, triste, vague. − Rare. [L'adj. spécifie ce qui produit l'impression] Je n'en finirais plus de mes impressions marines de jeunesse! (Valéry, Variété III,1936, p. 238). e) Absol. L'impression produite sur les spectateurs de cette scène par la harangue laconique de l'inconnu, ressemblait assez à celle que donnerait un coup de tam-tam frappé au milieu d'une musique (Balzac, Chouans,1829, p. 16).Un instant vint où elle ne fut plus capable de dominer l'impression que cette tristesse lui causait (Bourget, Disciple,1889, p. 127) : 13. Il est dans ma nature de chercher à faire la pensée avec certains côtés surprenants de mes impressions. Au milieu de mon déséquilibre nerveux... je justifie avec des pensées les impressions qui m'égarent, et c'est une façon de donner mon esprit en pâture aux maux qui affectent mon corps.
J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 187. ♦ Dans le domaine artistique.Odile Redon ne voulait pas susciter une impression déterminée, strictement limitée, mais éveiller un monde de sensations et de pensées (Barlet, Lejay, Art de demain,1897, p. 133) : 14. ... dans l'Éducation sentimentale, la révolution est accomplie; ce qui jusqu'à Flaubert était action devient impression. Les choses ont autant de vie que les hommes, car c'est le raisonnement qui après assigne à tout phénomène visuel des causes extérieures, mais dans l'impression première que nous recevons cette cause n'est pas impliquée.
Proust, Chron.,1922, p. 196. − Loc. verb. ♦ Faire impression (sur qqn, à qqn). Synon. impressionner.Cet homme-ci cherche à me faire impression par un ton d'humeur; il ne faut pas me fâcher et tout rompre (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 143).Il se livrait à ces opérations avec un détachement et une élégance qui faisaient impression sur la logeuse (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 150).[Modifié par un adj. ou un adv. de quantité] Faire peu, beaucoup d'impression à, sur qqn. Leur à-propos firent grande impression sur l'esprit des deux hommes (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 35).Qqn, qqc. fait bonne, mauvaise impression à qqn. Cette belle troupe me fit très bonne impression et j'adressai le lendemain au général Alexeieff un télégramme pour le féliciter (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 302). ♦ Faire une impression à qqn (fam.). Synon. faire de l'effet.Je ne te demande pas si ça t'a fait une impression : je m'en rends compte (Pagnol, Fanny,1932, III, 6, p. 190). ♦ Rare. Donner l'impression. Synon. faire illusion.Mais le roman a cet avantage de donner l'impression, de rendre vivant encore (La Varende, Don Bosco,1951, p. 11). − P. méton. Trace mentale laissée par une impression et qui est revécue comme une impression. Les années de service militaire ont laissé dans les esprits une impression indélébile; c'est un fonds de souvenirs riches, bon teint et toujours prêts (Barbusse, Feu,1916, p. 44) : 15. ... ces impressions qu'à des intervalles éloignés je retrouvais dans ma vie comme les points de repère, les amorces pour la construction d'une vie véritable : l'impression éprouvée devant les clochers de Martinville, devant une rangée d'arbres près de Balbec.
Proust, Prisonn.,1922, p. 261. 3. a) Rare. Aptitude d'une personne à se laisser porter par ses émotions, à ressentir avec spontanéité les situations où elle se trouve. Elle [la poésie] n'a plus assez de jeunesse, de fraîcheur, de spontanéité d'impression, pour chanter comme au premier réveil de la pensée humaine (Lamart., Destinées poésie,1834, p. 412).Leur vivacité d'impression [des peuples latins] et leur promptitude à l'action les font improvisateurs (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 234). b) Dans le domaine artistique.Mode d'appréhension de la réalité privilégiant la sensation, l'émotion sur toute démarche rationnelle, intellectuelle ou réflexive. Il [Poussin] savait s'arrêter à temps et sa science, que l'analyse retrouve partout, est assez forte pour s'effacer derrière l'impression (Ménard, Hist. B.-A.,1882, p. 306).Les uns, parmi les artistes, se tournent du côté de l'impression directe et brute. Les autres s'efforcent vers le raffinement de plus en plus compliqué (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 117) : 16. Le temps était bien passé où Proust avait pu oser croire qu'« en poussant son impression aussi loin que le permettrait son pouvoir de pénétration » (il pourrait) « essayer d'aller jusqu'à ce fond extrême où gît la vérité, l'univers réel, notre impression authentique ».
Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 10. − En partic. [Nom donné à un genre littér. proche de la chronique ou du journal, où sont mêlés sensations, sentiments, réflexions, récits sur un thème (au xixes.)] À Paris, le docteur Herzl envoyait à son journal des notes politiques et des impressions littéraires (Tharaud, An prochain,1924, p. 88).C'est l'époque des impressions : impressions d'Italie, d'Espagne, d'Orient. Ces paysages que le littérateur absorbe consciencieusement, il nous les décrit à l'instant ambigu qui rejoint la fin de l'ingestion au début de la digestion (Sartre, Sit. II,1948, p. 263). ♦ P. anal. Gabriel Pierné, dans ses amusantes Impressions de Music-Hall, donne au tuba un rôle comique (E. Guiraud, Busser, Instrument.,1933, p. 88). − P. méton., dans le vocab. de la peint. impressionniste. Représentation picturale d'une impression. Les nouvelles recrues se contentaient d'ébauches, d'impressions bâclées en trois coups de pinceau (Zola,
Œuvre,1886, p. 213). C. − 1. Représentation globale qu'une personne a d'une situation (généralement où elle est impliquée) ou d'une autre personne, et qui est fondée sur une appréhension immédiate, intuitive avant toute réflexion ou analyse. a) Absol. ou modifié par un adj. Il nous faut écarter ces déductions qui ne sont généralement employées que pour faire figure d'argument et justifier, après coup, des sentiments préconçus et des impressions personnelles (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 8).L'examen médical confirme l'impression clinique (Quillet Méd.1965, p. 156) : 17. Il eut l'impression qu'il s'agissait d'une enquête destinée à recenser les cas des personnes susceptibles d'être renvoyées dans leur résidence habituelle. Quelques renseignements confus, recueillis dans un bureau, confirmèrent cette impression.
Camus, Peste,1947, p. 1306. − Premières impressions. Lorsque, sans s'arrêter aux premières impressions, on compare (...) toutes les grandes phases religieuses de l'humanité, il n'est plus douteux (...) que le fétichisme ne constitue réellement (...) l'état théologique le plus intense (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 40). b) [Construit avec une prop.] Ils me confirmèrent dans l'impression qu'aux échelons élevés du commandement on tenait la partie pour perdue (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 45).En présence d'Henri, elle se guindait et aujourd'hui on avait l'impression qu'elle sentait sans répit son regard sur elle (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 178) : 18. Les contemporains (...) ont eu l'impression nette que l'existence d'un lien entre logarithmes et quadrature de l'hyperbole était chose connue depuis longtemps, sans qu'ils pussent là-dessus se référer qu'à des allusions épistolaires...
Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 185. ♦ J'ai l'impression que (+ prop.).[Pour exprimer le point de vue personnel d'un locuteur sur une situation ou un problème dans lesquels il est impliqué] Le Docteur : J'ai l'impression que vous abusez de ma crédulité. Knock : Moi, je ne trouve pas cela énorme (Romains, Knock,1923, III, 6, p. 17).Dis-leur que pour les voiles de M. Brun, ce n'est pas la peine de commencer. J'ai l'impression que c'est foutu (Pagnol, Fanny,1932, II, 5, p. 127).J'ai bien, tout à fait, l'impression que; j'ai la nette impression que (fam.); j'ai comme l'/une impression que.J'ai comme une impression que l'engagement d'un métallurgiste dans une cellule du parti (...) va beaucoup plus loin que n'importe quelle manifestation à la fois retorse et mystique (Nizan, Conspir.,1938, p. 68). c) [Construit avec un inf.]Entre deux routes offertes, il eut cette impression vague d'avoir choisi la mauvaise (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 66).Sur ce point, j'eus l'impression d'être en communauté de pensée avec mon interlocuteur (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 318). d) [Construit avec un groupe nom. équivalant à une proposition] ♦ [Groupe nom. avec l'art. déf.] Première à ce théâtre. Médiocre soirée, sauf l'argent. J'ai l'impression du four, et me voilà « noir » pour une bonne demi-heure (Renard, Journal,1902, p. 735).Je quittais le quartier général britannique, j'emportais l'impression de la fragilité de notre extrême gauche, et je me demandais avec inquiétude si elle tiendrait assez longtemps (Joffre, Mém., t. 1, 1931p. 319). ♦ [Groupe nom. avec l'art. indéf.] Le mensonge entre en vous malgré vous. On a l'impression nette d'une diminution de sa dignité d'homme, on prend le pli de la fausseté (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 279).Les prix montent plus vite que les salaires et sont ainsi, momentanément, décalés : concrètement, le salarié a alors l'impression d'une baisse de son pouvoir d'achat (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 103). e) En partic. ♦ Avoir une bonne, une mauvaise impression de qqc., de qqn. Être optimiste, pessimiste à propos de quelque chose, de quelqu'un. S'il faut acheter... Mais oui... mais j'ai une très bonne impression du marché. Oui... Tout va bien... Tout va bien... Je n'ai jamais eu une aussi bonne impression sur l'ensemble des valeurs... (Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, II, 2, p. 13). ♦ Rare. Donner à qqn une impression de qqc. Donner à quelqu'un un aperçu de quelque chose. Il nous faut, pour terminer, tenter de donner une impression de ce qu'a été, en France, l'évolution des idées sur la physiologie générale des infections pendant ces quarante dernières années (Ce que la Fr. a apporté à la méd.,1946, p. 31). 2. En partic. Opinion sur une situation ou une personne, présentée comme une réaction immédiate, spontanée ou comme un avis exprimant un point de vue personnel. a) [Construit avec un compl. introd. par de, sur, à l'égard de spécifiant l'objet de l'impression] Le docteur Jean Pommer, pour dissimuler son impression à l'égard du livre, toussait légèrement (Jouve, Scène capit.,1935, p. 156) : 19. − Quelle est ton impression des miliciennes, Manuel? − Combat actif : zéro; tout juste bonnes à affaiblir les nerfs des hommes, en somme. Combat passif, très bien.
Malraux, Espoir,1937, p. 508. b) Rare. [Construit avec une prop.] Il ne me cacha pas son impression que si les hommes faisaient preuve de calme, de courage et d'endurance, les cadres présentaient des lacunes (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 466). c) Absol. Dire, cacher son impression, ses impressions; échanger des impressions. Je me rendis vers les cinq heures au siège de mon comité pour savoir les impressions des sections. On disait que partout on avait énormément voté (Barrès, Cahiers, t. 2, 1898, p. 8).Si tu m'aimes, Aldo, tu garderas tes impressions pour toi seul (Gracq, Syrtes,1951, p. 87) : 20. Quelle est votre impression, Monsieur Sampeyre? − Oh! je suis très embarrassé; très troublé. Pas spécialement depuis ce matin, à vrai dire. Depuis plusieurs jours. Je serai même bien content d'avoir vos réactions à vous; et celles de nos amis.
Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 102. ♦ En partic. [En position d'attribut] . Anton. certitude.− C'est une impression, ou une certitude? La voix de Belsenza sonna d'un accent de franchise. − C'est une impression. Tout cela n'est qu'impression, je vous le répète. J'ai peut-être eu tort de parler. Il est possible que je me monte la tête (Gracq, Syrtes,1951p. 103). Prononc. et Orth. : [ε
̃pʀ
εsjɔ
̃] ou [ε
̃pʀe-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Mil. xiiies. « empreinte laissée par un corps pressé sur une surface » (Charte ds Documents linguistiques de la France, Haute-Marne, éd. J.-G. Gigot, p. 346); 2. 1588 « action d'un corps sur un autre » (Montaigne, Essais, I, 31, éd. Thibaudet, p. 241); 3. a) 1475 « action d'imprimer un livre » (Ordonnances des rois de France, t. 18, p. 115); 1475 impression d'écriture (Mss Anisson 22071, 2 ds IGLF); b) 1497 « produit de l'art de l'imprimeur » (Doc. ds L. Wolf, Buchdruck, p. 200); c) 1500 « édition » (Doc., ibid., p. 223); 4. a) 1483 « art de l'imprimerie » (Doc., ibid., p. 218); b) 1570 « procédé de reproduction par pression d'une surface sur une autre qui en garde l'empreinte » (Lettre au roy, ap. Laborde, Renaissance des arts, add. t. 1, p. 585, ici : « frappe (de monnaie) »); c) 1723 « art d'imprimer les tissus » (Savary); 5. 1636 peint. « enduit qu'on met sur une toile, avant que le peintre y exécute son œuvre » (Monet). B. 1. a) 1269-78 « effet qu'une cause quelconque produit dans l'esprit, le cœur » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 8895); de nouv. 1630 (Malherbe, Poésies, éd. J. Lavaud, t. 2, p. 227, 25); b) 1647 « action qu'exerce sur quelqu'un, un objet, un sentiment » (Corneille, Héraclius, V, 2); 2. 1359 « acte d'oppression, contrainte » (Ordonnances des rois de France, t. 3, p. 348); 3. a) 1639 faire impression (Rotrou, Antigone, IV, 1); b) 1656 donner une impression (Pascal, Les Provinciales, I,
Œuvres complètes, éd. L. Lafuma [1963], p. 372); c) 1856 avoir l'impression de (Goncourt, Journal, p. 233); 4. av. 1672 « forme de connaissance élémentaire » (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma [1963], p. 505 b, no44); 5. 1679 psychol. (La Fontaine, Fables, IX, Discours à Mmede la Sablière, 44). Empr. au lat.impressio « action d'appuyer sur; choc, attaque; pression » et au fig. « effet qu'une cause produit dans l'esprit, le cœur ». Fréq. abs. littér. : 9 978. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 16 888, b) 9 478; xxes. : a) 11 980, b) 15 741. DÉR. Impressionnel, -elle, adj.,psychol., philos. Relatif à l'impression (v. ce mot II A). L'inconscient psychanalytique est une « chose psychologique » qui se réfère à certains aspects impressionnels impliqués en quelque façon par la conscience irréfléchie (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 364).− [ε
̃pʀ
εsjɔnεl] ou [ε
̃pʀe-]. − 1reattest. 1886 facultés impressionnelles (Bloy, Désesp., p. 160); de impression, suff. -el*. BBG. − Pauli 1921, p. 47. - Sckomm. 1933, pp. 30-31. |