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IMPOSTURE, subst. fém.
Action de tromper; acte, discours d'un imposteur.
A. − Acte, parole qui tend à tromper autrui dans le but d'en tirer profit. Synon. duplicité, fausseté, tromperie, mensonge.Accuser (qqn) d'imposture; blâmer, démasquer, punir une imposture. Vous savez trop combien il me serait facile de confondre les imposture de vos vils espions (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1807, p. 747).Dans le goût, teinté d'ironie que son frère affectait pour l'occultisme, Benjamin dénonçait une imposture ou une gaminerie, le tout de peu de portée (Abellio, Pacifiques,1946, p. 57) :
1. Tel (...) vend à terme pour un prix double de la valeur réelle; et, par imposture, il feint d'obliger ainsi son client, en âme charitable : c'est de l'usure; or l'usure est condamnable... Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 73.
P. ext. [À propos d'une œuvre artistique] Caractère d'une œuvre d'imitation inavouée. Tout y est, les pignons, les gargouilles, les fenêtres à meneaux, les voûtes à nervures, que sais-je, tout. Hélas! Un soleil tropical dévore ce monument d'imposture. Comment n'a-t-on pas compris qu'un climat comme celui de la Caroline réclamait un style colonial (Green, Journal,1937, p. 94).Les précautions prises pour sauvegarder l'« intégrité » à l'intérieur de ce mouvement (...) n'ont pas cependant rendu impossible le faux témoignage rageur d'un Aragon, non plus que l'imposture, du genre picaresque (Breton, Manif. Surréal., Prolégomènes à un 3eManif., 1942, p. 194).
P. méton. Cette œuvre même. Synon. faux, imitation.Seulement, la hauteur de la nef sauvait l'enfantillage de cette imposture, relevait la vulgarité de ce trompe-l'œil (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 166).
Au fig. Mirage, illusion. Le génie de Goya veut arracher au monde son masque d'imposture, mais celui de Giotto veut lui arracher son masque de douleur (Malraux, Voix sil.,1951, p. 339).
Vieilli. Action de celui qui répand sur autrui des accusations mensongères. Synon. calomnie.Cette imposture causa un tel scandale, que plusieurs diplomates étrangers, qui avaient été témoins du contraire, le témoignèrent spontanément dans une déclaration publique (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 178).Chacun apporte avec soi le tribut exigé de calomnies et de déclamations. Un vaste système d'imposture est suivi persévéramment. On inquiète par de fausses alarmes les timides et les imbéciles (Lamennais, Religion,1826, p. 29).
B. − Attitude de celui qui cherche à tromper autrui sur sa propre personne, sur son caractère. Le Tartuffe de Molière aurait écrit son Testament spirituel dans les mêmes termes, mais seulement pour la galerie et s'il l'avait écrit au lit de la mort, du moins aurait-il réalisé pleinement l'horreur de cette imposture suprême (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 290).C'était m'enfoncer dans l'imposture. Condamné à plaire, je me donnais des grâces qui se fanaient sur l'heure; je traînais partout ma fausse bonhomie, mon importance désœuvrée, à l'affût d'une chance nouvelle (Sartre, Mots,1964, p. 67).
En partic. Attitude, action de celui qui se fait passer pour ce qu'il n'est pas, pour une autre personne. Synon. usurpation.Et voici un troisième cas d'imposture généalogique, celui des régimes d'usurpation et de mensonge occupés à se constituer une hagiographie (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 174) :
2. Jacques Collin, reprit Monsieur Camusot, vient d'être reconnu tout à l'heure par une personne, et s'il nie encore son identité, c'est, je crois, dans votre intérêt. Mais je vous demandais si vous saviez qui est cet homme dans le but de relever une autre imposture de Jacques Collin. Balzac, Splend. et mis.,1846, p. 452.
Prononc. et Orth. : [ε ̃pɔsty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1174-76 emposture « tromperie » (Guernes de Pont Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 4713) rare et seulement en a. fr.; 2. 1534 imposture (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, chap. 8, p. 66). Empr. deux fois au lat. d'époque imp.impostūra « id. », dér. du lat. class. impōnere au sens de « abuser (quelqu'un) ». V. FEW t. 4, pp. 597b-598a. Fréq. abs. littér. : 318. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 822, b) 230; xxes. : a) 296, b) 348.