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IMPOSSIBILITÉ, subst. fém.
A. − Caractère de ce qui est impossible. Impossibilité matérielle, morale, physique; impossibilité d'un voyage; impossibilité d'avancer, de définir, de résister. Au lieu de prouver simplement l'impossibilité d'affirmer le contingent seul, il prouve l'impossibilité de nier le nécessaire qui le fonde (Blondel, Action,1893, p. 343) :
1. Nous ne pouvons pas prendre les éléments matériels d'une substance vivante et les grouper de manière à faire cette substance vivante. Mais est-ce simplement une plus grande difficulté, une plus grande complexité ou bien une impossibilité? Je pense que c'est une impossibilité. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 159.
2. Mais peut-être Albert Camus a-t-il cherché, au contraire, à nous démontrer par une gageure l'impossibilité, sous nos climats, de se passer de psychologie. Si tel était son propos, il a pleinement réussi. Sarraute, Ère du soupçon,1956, p. 23.
(Être, (se) mettre, se trouver) dans l'impossibilité de. Hors d'état de :
3. ... avec cette criminelle inexactitude des informateurs qui, chaque fois que nous cherchons à nous rendre compte objectivement de l'importance que peut avoir pour les autres une chose qui nous concerne, nous mettent dans l'impossibilité d'y réussir. Proust, Guermantes 1,1920, p. 25.
Il est de toute impossibilité que + subj.(vx). Il est de toute impossibilité que j'aille chez vous aujourd'hui (Chateaubr., Corresp., t. 4, 1789-1824, p. 37).
B. − P. méton, le plus souvent au plur. Chose impossible. Soutient-on que le hasard n'a pu former le monde, parce qu'il n'y auroit eu qu'une seule chance favorable contre d'incalculables impossibilités, l'incrédule en convient (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 245).Seulement, il y a des impossibilités que ni le pouvoir ni l'or, ne peuvent faire franchir (Balzac, Corresp.,1835, p. 755) :
4. ... si elle [la tentative faite par Bentham] s'est heurtée à des impossibilités (entre autres, celle de mesurer l'intensité des plaisirs et des peines), [elle] a eu le mérite de briser de trop confortables généralités concernant l'organisation des sociétés. Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 470.
REM.
Impossibiliste, adj.,rare. Qui n'est pas réaliste. Mais ne voilà-t-il pas que le poète vient de faire du socialisme impossibiliste (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Mes Hôp., 1891, p. 316).
Prononc. et Orth. : [ε ̃pɔsibilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiiies. impossibleté « caractère de ce qui est impossible » (Raymond Lulle, Evast et Blaquerne, éd. A. Llinarès, 225); 2. 1664, nov. « chose impossible » (La Rochefoucauld, Lettre 83 ds Œuvres, éd. J. Gourdault, t. 31, p. 177). Empr. au lat.impossibilitas « caractère de ce qui n'est pas possible, manque de possibilité », dér. de impossibilis, v. impossible. Fréq. abs. littér. : 1 499. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 913, b) 1 905; xxes. : a) 1 915, b) 2 569.