| IMPORTUNER, verbe trans. A. − Qqn importune qqn.Déranger, fatiguer en intervenant mal à propos, ennuyer par une présence ou un comportement déplacé. Synon. gêner, exaspérer, assommer (fam.), tracasser; anton. amuser, divertir, laisser (en repos).Je ne voudrais pas vous importuner plus longtemps; je crains de vous importuner; être importuné de visites, de visiteurs; importuner qqn de questions, de demandes, de ses cris, de ses plaintes. Je ne lui en veux pas; je l'importunais; il m'a fait chasser; il a bien fait (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 254).Dans la candeur et l'intensité de son zèle, il ne craint pas d'importuner la jeune malade; il ne s'aperçoit même pas qu'il l'encombre un peu (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 12) : 1. ... ah! mais j'y pense, voici Noël; je ne puis décemment importuner ce prêtre qui doit confesser ses clients, car l'on communie beaucoup ce jour-là. Laissons passer son coup de feu, nous verrons après.
Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 82. − Emploi abs. Mais déjà celui-ci avait détourné la tête, ne voulant pas importuner, et sortit (Proust, Guermantes 2,1921, p. 343). − En partic. Importuner une femme. L'ennuyer en la poursuivant de ses assiduités. Être importuné des hommages d'un homme; importuner une femme de ses assiduités, de son amour, de ses caresses. Une femme très jolie, très sex-appeal, est importunée dans la rue par des hommes qui la suivent (Aymé, Bœuf cland.,1939, p. 190). − Au fig., littér. Importuner les dieux, le ciel, le sort (de ses prières, de ses vœux). Faire des supplications instantes, implorer la divinité souvent et mal à propos. Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance, N'ira plus de ses vœux importuner le sort (Lamart., Médit.,1820, p. 77).Vous demanderez s'il est permis d'invoquer les puissances surnaturelles au sujet d'une clef perdue, (...) si l'on peut se permettre d'importuner Dieu de ces choses (Alain, Propos,1929, p. 851). B. − P. anal. Qqc. importune qqn.Incommoder. Synon. agacer, déranger, gêner.La fumée du tabac vous importune-t-elle? Bruit, souci, souvenir, visites qui importunent qqn. Une odeur (...) ténue, sournoise, écœurante, et qui toutefois ne m'importunait guère (A. France, Pt Pierre,1918, p. 32).Importuné par ce ronflement, il s'avisa qu'il était plus bruyant et plus embarrassé que de coutume (Mauriac, Génitrix,1923, p. 384) : 2. Tout le fâchait, l'irritait. Quand la Belcredi, par hasard, chantait dans le petit salon, quelque douce et ravissante que fût la musique, ce bruit, si proche, importunait le jeune homme.
Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 272. Prononc. et Orth. : [ε
̃pɔ
ʀtyne], (il) importune [ε
̃pɔ
ʀtyn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1456-67 « gêner, fatiguer par une action intempestive ou des démarches trop insistantes » (Cent Nouv. Nouv., éd. Fr. P. Sweetser, 92, p. 523 : Et sans se faire trop importuner ne traveiller de requestes); 2. 1637 pronom. « s'inquiéter, être contrarié » (Malherbe, Les Epistres de Sénéque, 56 ds
Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 2, p. 466 : Chrysippus... s'importunoit tellement d'être salué, qu'il en étoit à la mort). Dér. de importun*; dés. -er; cf. lat. médiév. importunare « importuner », 1220 ds Latham. Fréq. abs. littér. : 444. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 055, b) 460; xxes. : a) 500, b) 446. |