| IMPECCABLE, adj. A. − [En parlant d'une pers. ou, p. méton., d'un état, d'une qualité] 1. THÉOL. Incapable de pécher; dépourvu de péché. S'il s'unit à l'amour dès ce monde, s'il y prend Dieu pour son unique maître, (...) il deviendra impeccable au regne à venir (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 40).Les hommes (...) pris à l'état angélique ou naturellement impeccable, innocents et même objectivement bons (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 185).Elle était le lis (...), la pureté précieuse, éternelle, impeccable. (...) rien qu'une flamme vierge brûlant d'un feu toujours égal (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1312). 2. Qui n'a pas de défauts, qui n'a pas commis de fautes. Je n'aime point (...) ces femmes impeccables, au-dessus de toute faiblesse (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 172).Cette Angleterre impeccable, incapable de mensonge (Proust, Temps retr.,1922, p. 776).L'erreur même était justifiée, donc abolie. Le passé était net comme un os de seiche et Dubreuilh, une impeccable victime de la fatalité historique (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 487). 3. Incapable de faillir, de commettre des erreurs. M. Zola n'a jamais été un écrivain impeccable ni très sûr de sa plume (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 269).Les « réalisations » de plus en plus complètes de l'impeccable virtuose (Blanche, Modèles,1928, p. 167). − En partic. [En parlant d'une façon de faire, de créer] Style impeccable. Le « faire » lisse et impeccable du peintre de l'Odalisque [Ingres] (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 61) : 1. En vain essayai-je les plus faciles préludes (...) que je jouais ces jours derniers de manière impeccable; rien ne sort de moi que d'hésitant, de saccadé, de confus; le piano même, sous mon jeu sans douceur, avait des sonorités exécrables...
Gide, Journal,1917, p. 616. B. − P. ext. [En parlant de l'aspect extérieur d'une pers. ou d'un inanimé] Synon. parfait. 1. Sans tache, net. Les enfants, propres, impeccables (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 167).Fière de ses meubles, de ses cuivres impeccables (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 71). 2. Très régulier, qui correspond exactement aux critères du bon goût, de l'élégance. Cravate, mise, raie, tenue, toilette impeccable. Quelque chose de très distingué, (...) de coupe impeccable; toujours sombrement et simplement vêtue, le chic de ses jupes éclipse toutes les notairesses (Colette, Cl. école,1900, p. 253) : 2. Comment des traits réguliers, des proportions vraiment canoniques, un profil impeccable peuvent-ils composer un ensemble inexpressif? Autant demander pourquoi un chapelet de scrupules peut fabriquer une intention suspecte : car il arrive qu'un comportement irréprochable en ses moindres détails exhale une odeur indéfinissable d'hypocrisie...
Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 84. REM. Impec, adj. inv.,pop., synon.Totor tenait fort au pli du valseur impec, comme tiré au fil à plomb (Simonin, Pt Simonin ill.,1957, p. 288). Prononc. et Orth. : [ε
̃pekabl̥] ds Dub., Pt Rob. et Warn. 1968 (à titre de 1revar.). Mais [εpεkabl̥] ds Passy 1914, Lar. Lang. fr. et Warn. 1968 (à titre de 2evar.) sous l'influence de la consonne double qui suit, bien qu'elle soit auj. purement graph. ,,3 témoins sur 17 prononcent [-pεkkabl̥]`` ds Martinet-Walter 1973. Pour cette prononc. cf. les dict. anc. (excepté Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 2 1787) comme Land. 1834, Besch. 1845, Littré et DG. L'adj. est att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1478 [éd.] théol. (Livre des saints anges, fo13 vods Gdf. Compl.); 2. 1668 « incapable de faillir, de commettre une erreur » (Racine, Andromaque, 1repréf.); 3. 1856 (de choses) « sans défaut » (Baudel., Hist. extr., p. XXIX); 4. 1926 (de personnes) « d'une propreté, d'une tenue parfaite » (Giraudoux, Bella, p. 70). Empr. au lat.impeccabilis, d'abord attesté au sens de « incapable de faute » puis, chez les aut. chrét., au sens de « incapable de pécher » (Blaise); cf. aussi peccable* « qui est capable de pécher ». Fréq. abs. littér. : 157. Bbg. Duch. Beauté 1960, p. 137. - Gall. 1955, p. 40, 49, 86, 479. - Quem. DDL t. 16. |