| IMPASSE, subst. fém. A. − Rue sans issue. Synon. cul-de-sac.Gestas se perdit sans espoir de retour dans un dédale inextricable de rues, de ruelles, d'impasses et de venelles (A. France, Étui nacre, Gestas, 1892, p. 156).Peut-être le chauffeur allait-il m'entraîner au fond d'une impasse et m'assommer (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 421) : 1. La ruelle se prolongeait en tronçon entre des constructions qui étaient des hangars ou des granges, puis se terminait en impasse. On voyait distinctement le fond du cul-de-sac : un grand mur blanc.
Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 542. − P. ext. Passage sans issue. Il fallut aller à l'aventure, s'enfoncer par des gorges étroites et profondes qui pouvaient finir en impasses (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 197). B. − Au fig. 1. Position ou situation qui ne présente pas d'issue favorable. Aboutir à une impasse; être, s'engager, s'enfoncer, se fourrer, se mettre dans une impasse; sortir de l'impasse; tirer qqn de l'impasse. Ce drame français de l'inadaptation, l'impasse de la guerre d'Algérie l'illustre tragiquement. Cette énorme armée motorisée en 1960 (...) une poignée de rebelles la tient en échec, depuis six ans (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 365) : 2. − Hélas! me voilà toujours acculé à deux impasses : il me faudrait au moins un foyer pour supporter le monde, ou le monde pour me remplacer le foyer. Ces deux secours me manquent à la fois...
Amiel, Journal,1866, p. 512. 2. Spécialement a) ÉCON. Impasse budgétaire. ,,Dépenses inscrites au budget de l'État qui ne sont pas couvertes normalement par des recettes prévisibles mais par un recours à l'épargne`` (Barr. 1974). L'impasse réelle de trésorerie est différente de l'impasse budgétaire d'abord parce que le Trésor a en outre d'autres charges prévisibles (...), ensuite parce que l'ensemble des charges acquises (...) du Trésor pour une année ne tient pas compte des chevauchements d'exercices qui en modifient le poids exact (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 200). − P. ext. Synon. de déficit budgétaire.Mais le déficit reste pratiquement le même. Chiffré tout d'abord à 717 milliards, le montant de ce qu'on appelle l'impasse serait, d'après les dernières estimations, de 680 milliards (Combat,5 nov. 1953, p. 1, col. 1). b) JEUX DE CARTES. Coup consistant à essayer de faire une levée avec une carte inférieure à celle de l'adversaire qu'on suppose être dans la situation dite « en fourchette », où il dispose d'une carte intermédiaire entre celle qu'on joue et celle du partenaire. Impasse simple, double, triple (dans le cas d'une, deux, trois cartes intermédiaires); faire, tenter une impasse; impasse manquée, réussie. À ses yeux, un homme qui jouait un single-ton ou ne savait pas risquer une impasse était un homme incapable, un homme à fuir, un bourgeois (La Mode,1829, I, 154 ds Fr. Mod., 15, 141 ds Quem. DDL t. 2). − P. anal., arg. scol. ,,Partie du programme d'une interrogation que l'élève s'est dispensé d'apprendre, espérant échapper à la question`` (Smet, Nouv. arg. de l'X, 1936, p. 153). Prononc. et Orth. : [ε
̃pɑ:s] et [-as]. [ɑ:] ds Land. 1834, Littré, DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 et Lar. Lang. fr.; [a] ds Dub. et Pt Rob. Les 2 prononc. ds Warn. 1968. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1730 jeux Faire l'Inpasse (Académie universelle des Jeux, p. 154 ds Mél. Gamillscheg, 1968, p. 29; cf. R. Ling. rom. t. 36, p. 228); 1936 arg. scol. (Smet, loc. cit.); 2. 1761, 20 août « petite rue qui n'a pas d'issue » (Voltaire, Lett. à d'Olivet ds Gohin, p. 281); d'où 1773 fig. (Diderot, Jacques le fataliste, t. 1, 191-2 [1796] ds Quem. DDL t. 18). Dér. de passe*, déverbal de passer*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 415. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 54, b) 897; xxes. : a) 508, b) 931. |