| IMMUNITÉ, subst. fém. I. − DR. Exemption (de charge); prérogative accordée à une catégorie de personnes (et, p. méton., à certains lieux). Synon. dispense, exonération, franchise, privilège.Immunité fiscale; immunité d'impôts. [Les États du royaume] (...) redemandèrent les franchises, libertés, privilèges et immunités, tels qu'ils avaient été donnés par Philippe-le-Bel (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 202).Ces immunités scandaleuses qui, dispensant de l'impôt quelques privilégiés, en rendaient le poids intolérable aux autres citoyens (Mérimée, Don Pèdre,1848, p. 76) : 1. L'immunité (...) dont jouissaient, à l'époque mérovingienne et carolingienne, (...) certains grands domaines (...) consistait dans l'exemption des impôts et corvées dus au roi et dans l'interdiction faite à ses agents de pénétrer et d'instrumenter sur le domaine immuniste.
Archéol. chrét.1926. − DR. CANON. Immunités de l'Église, immunité(s) ecclésiastique(s). Ensemble des prérogatives accordées à l'Église. Violation des immunités de l'Église (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 143).Pour la première fois était nié officiellement par la fille aînée de l'Église tout droit pour l'Église d'intervenir dans les affaires de l'État, fût-ce pour défendre les immunités ecclésiastiques (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 118). − DR. CONSTIT. Immunité parlementaire. Privilège des parlementaires qui sont soustraits à toutes actions pénales pendant la durée de leur mandat, sauf en cas de flagrant délit. Synon. inviolabilité.Lever l'immunité parlementaire. Inviolabilité ou immunité parlementaire. (...) Pour qu'un député puisse accomplir ses devoirs en tant que représentant du peuple, il doit de toute évidence être libre de dire ce qu'il veut dans l'Assemblée, de voter comme il le désire sans risque d'action en justice (Lidderdale, Parlement fr.,1954, p. 103). − DR. INTERNAT. PUBL. Immunité diplomatique. Privilège dont bénéficient les diplomates étrangers, leur famille, le personnel étranger des ambassades et certains membres d'organismes internationaux, les soustrayant à la législation du pays où ils résident. Les membres de la cour jouissent, dans l'exercice de leurs fonctions, des privilèges et immunités diplomatiques (Charte Nations Unies,1946, p. 115). II. − MÉDECINE A. − Résistance d'un organisme à l'action d'un poison ou d'un agent pathogène, qui peut être naturelle ou acquise (soit artificiellement au moyen d'un vaccin ou d'un sérum approprié, soit de façon spontanée à la suite d'une première infection surmontée). Anton. anaphylaxie.Immunité acquise, provoquée, spontanée; immunité congénitale. Ceci explique (...) que certaines immunités acquises (les immunités vaccinale et sérique, en particulier) ne soient pas définitives et aient besoin d'être renouvelées (Quillet Méd.1965, p. 194) : 2. Parmi les êtres humains, les uns sont sujets à certaines maladies et les autres réfractaires. Cet état de résistance vient d'une constitution spéciale des tissus et des humeurs qui empêchent la pénétration des agents pathogènes ou les détruisent quand ils ont pénétré. C'est l'immunité naturelle. Elle préserve certains individus de presque toutes les maladies.
Carrel, L'Homme,1935, p. 247. − P. ext. Fait d'être à l'abri d'un danger physique. Un mystère surtout entoure Balthazar : celui de son immunité. Voici son secret. Il se frotte de fenouil écrasé. Les abeilles désarment en touchant cette tête qui fleure le buisson, cette chair à l'odeur végétale (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 46). B. − Au fig. Fait d'offrir une résistance morale à (toute atteinte); p. méton., cette résistance. Synon. invulnérabilité.Le mérite de cette heureuse immunité [ne pas envier] ne me revient pas. Je la dois aux miens, d'abord, qui manquaient de presque tout et n'enviaient à peu près rien (Camus, Env. et endr.,1937, p. 16).Cécile est invulnérable; elle jouit, et elle le sent bien, d'une immunité merveilleuse (Duhamel, Cécile,1938, p. 10). REM. Immuniste, adj. et subst.,hist. du dr. féod. (Domaine, personne) qui bénéficie de l'immunité (supra I). Les anciens domaines immunistes ont conservé en grande partie, aux xe, xieet xiiesiècles, leur condition juridique antérieure. (...) Sur ces anciennes terres d'immunité, désormais tenues en franche aumône, l'ancien immuniste, évêque ou abbé, possède et exerce tous les droits souverains (Archéol. chrét.1926). Prononc. et Orth. : [im(m)ynite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [1276 d'apr. Bl.-W.1-5] a) 1341 « exemption (de charges, d'impôts...) » (Stat. d'Edouard III, an XIV ds Gdf. Compl.); b) 1367 « droit d'asile » (Roisin, Franchises, lois et coutumes de la ville de Lille, p. 418 ds T.-L.); 1890 immunité parlementaire, immunité diplomatique (Lar. 19eSuppl.); 2. 1865 méd. (Littré-Robin). Du lat. class. immunitas « exemption, dispense, remise ». Fréq. abs. littér. : 73. Bbg. Quem. DDL t. 8. - Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 440. |