| IMMORTALISER, verbe trans. A. − Rare, littér. [Correspond à immortel A] Préserver de la mort, assurer la vie éternelle à. Pauvre corps mal fait dont il espère la résurrection comme valant la peine d'être immortalisé (Vigny, Journ. poète,1861, p. 1360). B. − [Correspond à immortel C et D] 1. [Le suj. désigne un support graphique] Assurer une très longue durée à quelque chose et permettre ainsi sa transmission à la postérité, en la préservant de la destruction. Synon. pérenniser, perpétuer, prolonger.Cette minute où le poing levé de l'orateur, qu'immortalise une photographie... (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 341). − Absolument. Rendre immortel : 1. Le temps détruit les belles toiles aussi fatalement (quoique plus tardivement) qu'il détruit les beaux corps. La gravure conserve et immortalise. Un jour elle seule restera pour attester que les maîtres et les femmes ont vécu...
Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 274. 2. Au fig. Assurer à quelqu'un, à quelque chose une très longue survie dans la mémoire des hommes. Cet ouvrage me vaudra quelque gloire? − Ah! cher ami, il vous immortalise (Stendhal, Racine et Shakspeare,1823, p. 28).Ils m'accusoient de chercher le bruit. Si dans l'espoir d'immortaliser mon nom, j'avois embrassé la cause du crime et défendu des pervers, je me reconnoîtrois épris d'une coupable renommée (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1826, p. xxxv).[Le devoir] du poëte est d'imposer à ce qui n'est plus la figure de e qui est, d'imortaliser le passé, le présent et l'avenir, dans un même moment, qui est le moment de l'art (Quinet, Napoléon,1836, p. 150) : 2. Que j'aimois ce peuple qui me procuroit un triomphe si doux, ce peuple dont la reconnoissance illustroit à jamais le nom de Barmécide!... Les louanges des poëtes n'immortalisent que leurs propres talens; les graces des souverains ne donnent qu'une grandeur artificielle qui s'évanouit avec leur faveur : ce sont les acclamations du peuple qui font la renommée.
Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 229. − Emploi pronom. Acquérir une très longue renommée, devenir célèbre. Le fameux Léonard s'immortalisa, en portant jusqu'au ciel l'audace des coiffures (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 277).Cette brillante victoire valut au prince d'Antioche un prestige inouï (...) il allait (...) s'immortaliser dans la légende (Grousset, Croisades,1939, p. 98). Prononc. et Orth. : [im(m)ɔ
ʀtalize], (il) immortalise [im(m)ɔ
ʀtali:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1544 « rendre immortel » ici pronom. (M. Sceve, Délie, éd. E. Parturier, CCXI, p. 148); 1554 « rendre immortel dans le souvenir » (Tahureau, Prem. Poés. [I, 61] ds Hug.). Dér. de immortel* d'apr. le rad. lat.; suff. -iser*. Fréq. abs. littér. : 64. |