| IMMOBILITÉ, subst. fém. État de ce qui est immobile. A. − 1. [À propos d'un animé, d'une partie du corps] a) État de celui ou de ce qui ne fait aucun mouvement, de celui ou de ce qui cesse de se mouvoir. Le cœur retombe encore pour un instant dans une immobilité absolue (Laennec, Auscult., t. 2, 1819, p. 218).Lutte contre l'immobilité prolongée des mains et des pieds (Quillet Méd.1965, p. 300) : 1. Il marchera aussi sans bruit pour s'immobiliser dès qu'il se trouvera en présence d'un gibier, qui semblera avoir décelé sa présence; faute de cette immobilité absolue, le gibier fuira au moindre mouvement.
Vidron, Chasse,1945, p. 85. − En partic. ♦ [À la suite d'un accident de santé] Contraint à l'immobilité par la maladie. Pendant ces semaines d'immobilité dans le plâtre, j'ai eu le loisir de réfléchir longuement à mon œuvre (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. xcvi). ♦ [Sous l'effet d'une émotion violente] Synon. paralysie : 2. ... après quelques momens passés dans l'immobilité de l'étonnement et de l'admiration, que d'aussi grands objets inspirent à ceux qui les considèrent pour la première fois, il redescendit...
Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 180. b) [À propos du visage, du regard, du sourire] État de ce qui est figé dans une attitude, une expression. Synon. atonie, fixité, impassibilité, inexpression.Dans cet œil [de l'idiot], quelque chose d'horrible, une certaine immobilité et imbécilité animale (Goncourt, Journal,1865, p. 154).MmeCharrigaud, sous l'immobilité de son sourire, songeait : − Quel idiot, ce Victor! (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 200).Son visage affectait l'immobilité d'un masque historique (A. France, Vie fleur,1922, p. 351). c) ART VÉTÉR. Maladie du cheval, caractérisée par une sorte d'état cataleptique et se traduisant par la difficulté, voire l'impossibilité de bouger ou de conserver une attitude (d'apr. Privat-Foc. 1870) : 3. Au cas où l'acheteur préférerait intenter une action estimatoire pour immobilité, il conviendrait à l'expert d'établir la dépréciation subie par l'animal. Celle-ci est, à la fois, fonction de l'intensité des symptômes, du mode d'utilisation de l'animal, et du milieu où il travaille d'habitude.
Brion, Jurispr. vétér.,1943, p. 239. 2. [À propos d'une chose] a) État de ce qui n'est pas agité ou mis en mouvement. Antonia crut d'abord qu'elle avoit rêvé; mais l'immobilité du bateau, le silence des rames (...) la détrompèrent (Nodier, J. Sbogar,1818, p. 198).Une langueur d'alcôve, une lueur de nuit d'été (...) traînaient dans l'immobilité des branches que pas un souffle n'agitait (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1405).La silencieuse immobilité des aubépines (Proust, Swann,1913, p. 114). b) En partic. État de ce qui, par nature, ne peut se mouvoir. Un gros cheval jaune, attendait, dans une immobilité de pierre (Zola, Germinal,1885, p. 1134).Rien de ce qui vit ne peut avoir une immobilité éternelle (Boucher de P., Création, t. 4, 1838-41, p. 190). B. − Au fig. 1. État d'une personne qui reste inactive, passive. Ma douceur s'est convertie en résistance et mon élan en immobilité (Amiel, Journal,1866, p. 513). 2. État de celui ou de ce qui n'évolue pas, ne change pas. Il mettait une sorte de fanfaronnade dans l'immobilité et le néant de son existence (Zola, Bonh. dames,1883, p. 697).À des intervalles d'immobilité de l'espèce, peuvent succéder de brusques mutations (Martin du G., J. Barois,1913, p. 289). 3. État de ce qui reste stationnaire. Synon. immobilisme, paralysie : 4. Une responsabilité qui ne peut s'exercer que sur des hommes dont la chute interromprait les relations extérieures et frapperait d'immobilité les rouages intérieurs de l'état ne s'exercera jamais.
Constant, Princ. pol.,1815, p. 25. Prononc. et Orth. : [im(m)ɔbilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1314 immob[i]lité (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, no1320). Empr. au lat.immobilitas de même sens, dér. de mobilitas, v. mobilité, préf. in- à valeur négative. Fréq. abs. littér. : 1 216. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 976, b) 1 833; xxes. : a) 2 028, b) 2 135. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 319. |