| IMBÉCILLITÉ, subst. fém. A. − 1. Vieilli. Faiblesse des capacités physiques et intellectuelles. Tomber dans un état de douce imbécillité. Ce Parceval d'Eschenbach, ce puissant chevalier que les soins d'une mère timide ont retenu dans l'innocence et la touchante imbécillité du jeune âge (Michelet, Introd. hist. univ.,1831, p. 428).La grande majorité du corps social restait (...) dans l'enfance, dans la primitive imbécillité (Zola, Vérité,1902, p. 63) : 1. ... cette dernière nuit d'amour le frappait d'imbécillité, il retombait en enfance; et, ne trouvant plus les mots, à moitié paralysé, bégayant, grelottant, il restait dans une attitude de fuite...
Zola, Nana,1880, p. 1463. 2. MÉD. Arriération mentale congénitale située entre l'idiotie et la débilité, correspondant à un âge mental situé entre 3 et 7 ans et à un quotient intellectuel compris entre 30 et 50, permettant l'acquisition tardive et imparfaite du langage parlé mais non écrit. Le majeur qui est dans un état habituel d'imbécillité, de démence ou de fureur, doit être interdit, même lorsque cet état présente des intervalles lucides (Code civil,1803, art. 489, p. 90).De leur mariage il n'y avait qu'un fils en état d'imbécillité depuis son bas âge, et qu'il fallut immédiatement placer sous tutelle (Verne, 500 millions,1879, p. 15). B. − P. exagér. 1. [En parlant d'une pers.] Manque d'intelligence, de bon sens. Passer la question sous silence serait d'une hypocrisie et d'une imbécillité sans excuses (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 199).Il importait (...) que tout de même il fût préparé à l'imbécillité de son futur élève (Mauriac, Sagouin,1951, p. 75). 2. [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] Caractère de ce qui est imbécile. Il vient de me raconter le thème des aveugles, et, encore tout tremblant du frisson de la petite mort, nous parlons de la vie, de son imbécillité (Renard, Journal,1890, p. 70) : 2. Un geste, toujours le même, qu'il fallait répéter pendant des heures. Sans vraie fatigue, je veux bien. Mais, je vous jure, je sortais de là plus abruti par l'imbécillité de ce travail, que je ne l'étais à Hambourg, après avoir coltiné deux heures de suite des sacs de ciment...
Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 370. C. − P. méton., le plus souvent au plur. Action ou parole qui dénote un manque d'intelligence, de bon sens. Il ne fait que des imbécillités. Quelle imbécillité avez-vous dite? (Ac. 1875-1935). Ouvrir la bouche pour dire des imbécillités; être capable de toutes les imbécillités. Oh! Les propos de corridors, la belle collection de haineuses imbécillités qu'il y aurait à ramasser! (Goncourt, Journal,1890, p. 1138). − Fam.
Œuvre stupide sans intérêt : 3. ... toi, on te laisse tout lire : chez toi la bibliothèque est ouverte. Moi, on ne me donne jamais que les gros bouquins rouge et or, à images, genre Jules Verne, des imbécillités.
Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 649. Prononc. et Orth. : [ε
̃besilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Forme -cili- ds Fér. Crit. t. 2 1787. V. aussi, p. ex., Anouilh, Sauv., 1938, II, p. 202. Étymol. et Hist. 1. 3equart xives. « faiblesse, débilité, manque de forces physiques » (Bersuire, Tit. Liv., ms. Ste Gen., fol. 22 vods Gdf.); 2. a) 1509 « faiblesse des qualités intellectuelles » (Lemaire de Belges, Illustr., II, 1 ds Hug.); b) 1680 « faiblesse d'esprit, bêtise » (Rich.); 3. 1541 « débilité morale » (Calvin, Instit., II, p. 83 ds Hug.). Empr. au lat. class.imbecillitas « faiblesse physique; de réflexion, de caractère ». Fréq. abs. littér. : 251. Fréq. rel. littér. : xixes : a) 323, b) 404; xxes : a) 692, b) 157. |