| IMBOIRE, verbe trans. Vx ou littér. A. − 1. Synon. de emboire.Un habit déchiré par un chien enragé, et qui avoit été imbu de sa salive (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 524). − Emploi pronom. réfl. Dès lors (...) Que le sang a coulé, Que le sable l'a bu, Qu'il s'est de sa couleur profondément imbu, Les ans peuvent passer (Dumas père, Charles VII,1831, II, 5, p. 259). 2. Rare. Absorber. L'eau qu'elle [la plante] a imbue (Claudel, Art poét.,1907, p. 162). B. − Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers., ou un attribut de la pers.; le compl. d'obj. indir. désigne une idée, un sentiment, une opinion, un auteur ou un artiste considéré du point de vue de son œuvre] Abreuver, imprégner quelqu'un (ou quelque chose) de quelque chose. C'est M. de Larnaud qui a le premier imbu mon imagination de ces grandes scènes, de ces grandes physionomies, de ces grands noms, de ces grandes éloquences de la seconde période de la révolution (Lamart., Confid.,1851, p. 90).Le regretté John Lewis-Brown a été imbu de Degas et de Monet (Mauclair, Maîtres impressionn.,1923, p. 214) : 1. Comme l'a bien montré W. Jaeger, les futurs citoyens de la « Cité d'hoplites » étaient nourris des poèmes d'Homère et imbus par eux d'une éthique, − celle du héros en quête de l'exploit qui surclasse...
Marrou, Connaiss. hist.,1954, p. 172. − Emploi pronom. réfl. La haute intelligence [d'Homère] s'était profondément imbue de tout ce que la pensée humaine avait produit jusqu'alors de plus avancé en tous genres (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 109) : 2. ... Jérusalem ayant été subjuguée (...) les prêtres et les grands transportés à Babylone, et élevés dans les sciences des Kaldéens, s'imburent, pendant un séjour de 70 ans, de toute leur théologie...
Volney, Ruines,1791, p. 298. Prononc. : [ε
̃bwa:ʀ]. Étymol. et Hist. 1572 « se pénétrer de » (Amyot, Consolation de Plutarque à sa femme ds Hug.). Réfection d'apr. imbu* du verbe emboire*. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 61. |