| IDYLLE, subst. fém. A. − Petit poème du genre bucolique ou pastoral, proche de l'églogue, qui a pour sujet les amours des bergers. Idylle charmante; paysage, scène, tableau d'idylle; composer, faire une idylle : 1. Nous prendrons pour objet de comparaison chez les anciens, dans les amours champêtres, l'idylle du cyclope et de Galathée. Ce petit poëme est un des chefs-d'œuvre de Théocrite...
Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 391. − P. ext. 1. Tableau d'un genre de vie bucolique. L'antique trumeau, où se voyait un berger d'idylle offrant un nid à une bergère bleue et rose (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 615).Ce serait l'idylle antique, la vie pastorale rêvée par tous les poètes bucoliques (Renan, Avenir sc.,1890, p. 406).Il ne croyait pas à une humanité d'idylle vivant dans une nature de lait (Zola, D. Pascal,1893, p. 55). 2.
Œuvre littéraire qui traite le même sujet. Les romans champêtres de Georges Sand sont des idylles (Lar. Lang. fr.). − En partic. Titre donné en peinture, en musique à des œuvres inspirées de ce genre de sujet. Au xviiiesiècle vient le rococo puis la peinture des idylles (Barlet, Lejay, Art de demain,1897, p. 66). B. − Au fig. 1. Amour naïf et tendre vécu affectivement par deux êtres dans la fraîcheur d'un sentiment idéalisé. Brève, chaste idylle; bonheur d'idylle; ébaucher, vivre une idylle. Ils avaient eu ensemble une idylle d'intelligence et non pas de passion (Bourget, Actes suivent,1926, p. 113) : 2. Leur idylle traversa les pluies glacées de décembre et les brûlantes sollicitations de juillet, sans glisser à la honte des amours communes; elle garda son charme exquis de conte grec, son ardente pureté...
Zola, Fortune Rougon,1871, p. 208. 2. Relation rêvée dans un climat idéal de bonne foi et de bonne entente. L'idylle d'un nouvel âge d'or. En ce moment, on n'est guère porté à l'idylle; c'est pourtant bon de se reposer de la réalité (Sand, Corresp., t. 6, 1871, p. 140) : 3. Saint-Just était sans doute sincère dans son désir d'idylle universelle. Il a vraiment rêvé d'une république d'ascètes, d'une humanité réconciliée et abandonnée aux chastes jeux de l'innocence première...
Camus, Homme rév.,1951, p. 157. Prononc. et Orth. : [idil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1555 fém. idilie « petit poème pastoral » (Vauquelin de La Fresnaye, Les deus premiers livres des Foresteries, fo3 ro: ces Foresteries, que tout delicat poëte iugera plus proprement nommées que du nom grec Idilies ou Eglogues); 1565 masc. idyllie (H. Estienne, Conformité du langage françois avec le grec, II, 2, p. 175 ds Hug.). B. 1. a) 1638 masc. idille « poème descriptif, en général pastoral » (J. Chapelain, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 1, p. 237); b) 1674 fém. idylle « id. » (Boileau, Art Poétique, chant II, 6, éd. Ch.-H. Boudhors, p. 89); 2. 1851 « amour naïf et tendre » (Feuillet, Scènes et proverbes, p. 117 : À chaque coin de buisson, il y a une idylle). Empr., par l'intermédiaire de l'ital.idillio « id. » (dep. xvies., de Nores ds Batt.), au lat. de la Renaissance idyllium, plur. idyllia (Theocriti idyllia, titre d'une éd. de Théocrite publiée à Venise en 1539, cité par C. Kattein, Hist. du mot « idylle » ds Mél. Brunot, p. 227), calque du gr. ε
ι
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ι
α mot choisi par les érudits byzantins pour désigner les poèmes de Théocrite (v. citat. d'Eustathe, xiies. ds C. Kattein, loc. cit., p. 220), dér. dimin. de ε
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ς proprement « image, figure », auquel ils avaient attibué le sens de « poème lyrique » d'apr. le plur. ε
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η titre gr. des Odes de Pindare (le lat. class. īdyllion et le gr. class. ε
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ν n'ont pas le sens « poème pastoral » mais seulement « petit poème » : v. TLL et Bailly; jusqu'à l'époque byz. les poèmes de Théocrite étaient désignés sous le nom ε
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́ v. C. Kattein, loc. cit., pp. 219-220). Fréq. abs. littér. : 268. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 284, b) 611; xxes. : a) 395, b) 331. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 171. - Hope 1971, p. 289. |