| IDOLÂTRE, adj. A. − 1. [En parlant de pers.] Qui adore les idoles, qui leur voue un culte. Nation, païen, peuple, secte idolâtre. Afin de mieux apprécier le culte dont on les honore chez les chrétiens, voyons dans quel état ils [les tombeaux] ont subsisté chez les peuples idolâtres (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 333) : 1. Mais le sacrifice réel de l'homme est pratiqué partout ailleurs, mystique chez les chrétiens, réel ou sanglant dans les sociétés idolâtres à la Chine, au Japon, aux Indes...
Bonald, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 44. 2. [En parlant de choses abstraites ou concrètes] Qui est consacré aux idoles. Culte, invocation, religion, temple idolâtre. Des cris d'amour, des hymnes idolâtres retentissent vers le Pacifique! (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 383). − Emploi subst. Massacrer les idolâtres; traiter d'idolâtre; croisade contre les idolâtres; dieu des idolâtres. Il parla de la conversion des idolâtres (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 200).Les idolâtres l'adorent dans leurs idoles (Théol. cath.t. 4, 1, 1920, p. 338). B. − P. anal. Qui manifeste à quelqu'un ou à quelque chose une dévotion exagérée, teintée d'idolâtrie. Admirateur, admiration, adorateur, amant, amour, cœur, foule, mari, mère, soupirant idolâtre; idolâtre de qqn, de qqc. Sa femme, désirée si longtemps, adorée d'une tendresse idolâtre (Zola, Débâcle,1892, p. 294) : 2. ... non que je fusse un niais, mais j'étais idolâtre de ma dame et j'aurais traversé les flammes pour l'emporter dans mes bras.
Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 26. − Emploi subst. Idolâtre de l'opinion, de la perfection. Ils prennent une fantaisie pour une vocation, et, poussés par une fatalité homicide, ils meurent les uns victimes d'un perpétuel accès d'orgueil, les autres idolâtres d'une chimère (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 8). REM. Idolâtrement, adv.Avec idolâtrie. Mais, elle, témoin des élégances et des triomphes de son sexe, voyant quelquefois une salle entière se lever et applaudir idolâtrement à l'arrivée tardive des femmes, reines alors de la beauté, elle tombait à son tour en jalousie et en tristesse (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 85). Prononc. et Orth. : [idɔlɑ:tʀ
̥]. Att. ds Ac. dep. 1694, idolatre (1694-1740), puis -âtre. Étymol. et Hist. A. 1. 1268 adj. « qui adore une idole » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 5220); 1530 subst. (Palsgr., p. 233); 2. 1567 « qui ressent un amour passionné pour qqn, qqc. » (Ronsard, Nouvelles Poésies ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 12, p. 202, 52 : D'estre de vos beaux yeux ydolastre amoureux [éd. 1564 : seulement amoureux]). B. 1. Ca 1600 « (d'un sentiment) excessif » (A. Hardy, Mort d'Achille, 550 d'apr. FEW t. 4, p. 540a); 2. 1680 honneur idolâtre (Rich.). Forme haplologique pour *idololatre empr. au lat. chrét. idololatra, -latres, gr. ε
ι
̓
δ
ω
λ
ο
λ
α
́
τ
ρ
η
ς « idolâtre »; cf. le latinisme idololatre « idolâtre » (1551, B. Aneau, Quintil Horatian, p. 193 ds Hug.). L'allongement de -a- est dû à une assimilation au suff. -âtre*. Fréq. abs. littér. : 227. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 588, b) 293; xxes. : a) 296, b) 131. Bbg. Richard (W.) 1959, pp. 69-70; p. 247. |