| IDOLE, subst. fém. A. − Représentation d'une divinité que l'on adore et qui est l'objet d'un culte au même titre que la divinité elle-même. Adorer des idoles; se prostituer aux idoles; culte des idoles; idole d'argent, de bois, de bronze, d'or, de marbre, de pierre; idole primitive; barbouilleur d'idoles; temple d'une idole. Et je me prosternais devant moi-même comme fait le païen aux pieds de son idole (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 100).Il n'y a vraiment aucune différence essentielle entre ces pratiques, ces croyances du culte catholique, et celles de n'importe quelle religion primitive, les sacrifices païens, les offrandes que les sauvages déposent devant leurs idoles! (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1391) : 1. À propos des victimes immolées aux idoles, saint Paul déclare aux Corinthiens que l'idole n'est rien dans le monde; c'est une chimère, une entité de raison, un néant. Les chrétiens savent qu'il n'y a pas d'autre Dieu que le Dieu unique.
Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1019. − P. anal. Femme ayant l'impassibilité d'une idole : 2. Quand je tiens dans mes bras ma femme qui est aussi bien faite que la plus belle statue (...), et qui n'en dit certes pas davantage, (...) je vais jusqu'à me demander si je n'ai pas affaire à une idole...
A. France, Femme muette,1912, I, 1, p. 438. B. − Au fig. Personne ou chose intensément admirée et faisant l'objet d'une sorte de vénération. Abaisser, profaner, renverser une idole; choisir comme idole; chute d'une idole; état, rang d'idole; idole de la nation, de la science. Le seul mot de convulsion me cause un frisson dans l'âme même (...). Ô mon Dieu! (...) était-il besoin de causer ces terreurs, d'offrir ces épouvantables images à celle qui fait de son enfant une idole? (Balzac, Mém. jeunes mar.,1842, p. 319).Madame de Campvallon (...) est mon idole; elle est si belle et si distinguée (...). Je suis contente près d'elle (Feuillet, Camors,1867, p. 270).Le petit Lord John Russell, chef des whigs réformistes, était l'idole du peuple (Maurois, Disraëli,1927, p. 64) : 3. Idole, tout ce qui dure, se survit, oublie ses conditions, s'imite (...). Devenir idole est le but de tous les hommes distingués.
Valéry, Tel quel I,1941, p. 221. − En partic. Vedette du spectacle, de la chanson ou personnalité à la mode dont l'apparition suscite une sorte de frénésie dans le public. Monsieur Armand de Montriveau se trouvait en ce moment (...) l'objet d'une curiosité générale, et la méritait plus qu'aucune de ces idoles passagères dont Paris a besoin et dont il s'amourache pour quelques jours (Balzac, Langeais,1834, p. 237).Elle avait compté sans le public parisien des répétitions générales, qui en était ce soir-là au point précis où il décide de déboulonner son idole (L. Daudet, Mésentente,1911, p. 242) : 4. La scène n'était pas terminée, que le saltimbanque annonçait une idole de plus dans le cœur des habitués des théâtres de boulevard.
Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 300. Prononc. et Orth. : [idɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 ydole fém. « image représentant une divinité adorée comme Dieu lui-même » (G. de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 11263 ds T.-L.); 2. 1269-78 « image [ici, vue dans un miroir] » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 18230); 3. 1631 « personne à qui l'on prodigue des honneurs, des flatteries » (Guez de Balzac, Le Prince, 5 ds Littré). Empr. au lat.idolum « image, spectre » à l'époque impériale, d'où 2; « idole » à l'époque chrét., d'où 1 (gr. ε
ι
́
δ
ω
λ
ο
ν « image, fantôme » et « idole » dans la lang. eccl.). Le type idole est accentué sur la seconde syll.; le type ancien id(e)le a été empr. avec l'accentuation lat. sur la première (ca 1100 [ms. 2emoitié xiies.] Roland, éd. J. Bédier, 2619 : ydeles, masc.; 3664 : id., fém.; 1remoitié xiies. [ms. fin xiies.] Psautier Oxford, 134, 15 ds T.-L. : idles). Fréq. abs. littér. : 1 272. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 963, b) 1 778; xxes. : a) 1 816, b) 1 688. |