| IDIOTIE, subst. fém. A. − [En parlant de l'état d'une pers.] 1. MÉD. État le plus grave d'arriération mentale, souvent accompagné de malformations du système nerveux, des organes des sens, du squelette, et dû à des causes diverses : hérédité, maladie, traumatisme. Idiotie congénitale, acquise; idiotie amaurotique, mongolienne, myxœdémateuse. Un tout petit bébé de deux ans, menacé d'idiotie (Léautaud, Journal littér., 1, 1904, p. 123).L'idiotie phénylpyruvique est un exemple frappant du retentissement psychique d'une viciation métabolique d'un acide aminé (Delay, Psychol. méd.,1953, p. 222).On peut considérer que : (...) est atteint d'idiotie tout sujet adulte qui n'a pas l'usage du langage parlé, ne pouvant ni l'employer ni le comprendre (Encyclop. éduc.,1960, p. 199). 2. Absence d'intelligence, de bon sens. Et moi donc, quand j'aimais Adolphe! Mais ça, c'était de l'idiotie consciente, presque voluptueuse (Colette, Vagab.,1910, p. 115).Pierre Lafeuille se sentait, dans la même minute, tout à fait lucide et complètement idiot (...). Son idiotie consistait à ne pas être capable de la moindre décision en ce qui regardait le salut de sa propre personne (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 13) : 1. ... je fus d'abord étonné d'entendre Saint-Loup me répondre : « Sa femme est idiote, je te l'abandonne (...). » Par l'« idiotie » de la femme, Saint-Loup entendait sans doute le désir éperdu de celle-ci de fréquenter le grand monde, ce que le grand monde juge le plus sévèrement...
Proust, Temps retr.,1922, p. 740. B. − [En parlant du caractère de qqc.] Caractère qui dénote le manque d'intelligence, de jugement de quelqu'un. J'ai relu à haute voix pour Z. l'entrefilet, et je dois reconnaître que, dans son idiotie, il est somme toute bénin, en sorte que le relever équivaudrait à rendre un imbécile responsable du fait de l'être (Du Bos, Journal,1922, p. 119).Oh! cet intensifier leur ascension, quel baragouin d'une solennelle idiotie; quel galimatias ampoulé (Arnoux, Solde,1958, p. 122). − P. ext. Ce qu'il y a d'absurde, d'insensé. Byzance. Constantin mort, assis sur son trône dans ses vêtements d'or de basileus. On lui présente des requêtes, on le salue (...). La somptueuse horreur de ces histoires, l'idiotie confinant au sublime et vice versa (Green, Journal,1955, p. 136). C. − P. méton. (gén. au plur.). Acte, parole, pensée, œuvre qui dénote un manque d'intelligence, de bon sens. Une brochette d'imbéciles (...) disaient : « cela nous change des idioties de Sartre, cette finesse de Molière » (Green, Journal,1947, p. 132).C'est tout de même terrible que je ne puisse pas rester absent pendant quelques jours sans qu'immédiatement on fasse quelque idiotie (Camus, Cas intéress.,1955, 2etemps, 6etabl., p. 665) : 2. Pourquoi, ce malheureux, se laisse-t-il embêter par un tas d'idioties comme le tournement de la terre, la vie des planètes, les pourritures de la vie, la saleté des corps, etc...
Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 128. − P. ext. Chose bizarre. Pas des jouets ordinaires, des trucs exotiques (...) des grands fétiches polynésiens et des idioties de nègres avec un bout de miroir dans le ventre (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 249). Prononc. et Orth. : [idjɔsi]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1818 (Loiseleur-Deslongchamps, in Dict. des Sciences médicales, XXIII, 507 sqq. ds Quem. DDL t. 13). Dér. de idiot*; suff. -ie*; a supplanté idiotisme2*. Fréq. abs. littér. : 33. Bbg. Quem. DDL t. 13. |