| IDENTIQUE, adj. A. − Semblable, tout en étant distinct. 1. Au plur. [En parlant de plusieurs pers. ou d'inanimés] Ce langage enfantin composé de redoublements de syllabes identiques dont se servent les nourrices avec les enfants au berceau (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 48) : 1. Suivant les conditions dans lesquelles se fait le développement, les unes ou les autres des potentialités de l'individu s'actualisent. Et deux êtres, originellement identiques, deviennent différents.
Carrel, L'Homme,1935, p. 305. 2. [En parlant d'une pers. ou d'un inanimé] a) Au sing. ou au plur. Identique à qqn/qqc.C'est une erreur contraire à la nature de la poésie, et qui lui serait même mortelle, que de prétendre qu'à tout poème correspond un sens véritable, unique, et conforme ou identique à quelque pensée de l'auteur (Valéry, Variété III,1936, p. 74) : 2. Cette matinée idéale comblait mon esprit de réalité permanente, identique à toutes les matinées semblables, et me communiquait une allégresse que mon état de débilité ne diminuait pas : le bien-être résultant pour nous beaucoup moins de notre bonne santé que de l'excédent inemployé de nos forces...
Proust, Prisonn.,1922, p. 25. − Vx. Identique avec.Godefroid reconnut un talent identique avec celui de Chopin (Balzac, Initié,1848, p. 425). b) Au sing. Tout à fait semblable. Avoir une réaction identique. Ils éprouvèrent un amer et identique contentement à distancer (...) le lieu commun (Colette, Blé en herbe,1923, p. 196). B. − Au sing. et au plur. Qui est unique, bien que nommé ou représenté de façon différente. Ces sonorités identiques, hier ennemies, cuir−buires, roi−voix−joie (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 245).Les couleurs identiques s'assemblent sous notre regard, mais les couleurs seulement semblables ne nouent entre elles que des relations incertaines (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 223).Ainsi l'aragonite, le marbre, la craie, qui sont autant d'espèces pour le géologue, sont pour lui [le chimiste] identiques comme corps chimiques (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 84) : 3. Une langue n'est pas une simple collection de mots isolés; c'est le système des rapports de toute espèce des mots entre eux. Ces rapports si divers se ramènent à des rapports invariables, qui constituent le fond de chaque langue, sa grammaire, la partie commune et identique des langues, c'est-à-dire la grammaire générale, laquelle a ses lois, ses lois nécessaires qui dérivent de la nature même de l'esprit humain.
Cousin, Hist. philos. xviiies., 1829, p. 304. ♦ Identique à.Tous les hommes croient et répètent que l'égalité des conditions est identique à l'égalité des droits; que propriété et vol sont termes synonymes (Proudhon, Propriété,1840, p. 135).S'il avait su que Dieu est l'être et qu'en lui seul l'existence est identique à l'essence (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 72). − Spécialement ♦ LOG. Proposition identique ou p. ell. identique, subst. fém. Il est rigoureusement vrai que deux et deux font quatre; c'est une proposition identique, une et toute, indépendante de temps et de lieux (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 36).Locke montre que les propositions identiques ne sont que des propositions purement verbales (Cousin, Hist. philos. xviiies., 1829p. 462). ♦ MATH. Identique à [représenté par le signe ≡] La substitution inverse de I (...) devra également appartenir à P; elle devra donc être identique à 2 (H. Poincaré, Mécan. nouv., 1905, p. 40). C. − Au sing. et au plur. Qui reste toujours le même en dépit des changements successifs. Le sentiment identique et constant que nous avons invariable de notre existence personnelle ou de notre moi (Maine de Biran, Journal,1823, p. 400).La raison a poussé comme une plante solitaire, identique sous une diversité apparente qui ne trompa jamais les initiés (Nizan, Chiens garde,1932, p. 47) : 4. Les hommes, seuls objets de l'histoire − d'une histoire qui (...) ne s'intéresse pas à je ne sais quel homme abstrait, éternel, immuable en son fond et perpétuellement identique à lui-même − mais aux hommes toujours saisis dans le cadre des sociétés dont ils sont membres...
L. Febvre, Combats pour hist., Vivre l'histoire, 1941, p. 21. Prononc. et Orth. : [idɑ
̃tik]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1610 « dont la nature est absolument la même que celle d'une autre chose » (Coton d'apr. Lar. Lang. fr.); 1690 propositions... identiques (Fur.); 1765 équation identique (Encyclop. t. 8); 2. 1753-67 « se dit de ce qui est unique, quoique perçu, nommé de manières différentes » (Buff., Quadrup., VII, 17 ds Rob.); 3. 1823 « se dit de ce qui reste le même à différents moments de son existence ». (Maine de Biran, loc. cit.). Empr. au lat. scolast.identicus « semblable », ca 1300 ds le domaine angl. (Latham), lui-même dér. du lat. class. idem « le même » (v. idem); identique est attesté indirectement par l'adv. identiquement dès 1574. Fréq. abs. littér. : 1 104. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 847, b) 1 293; xxes. : a) 2 318, b) 1 884. |