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HÉTÉROMORPHE, adj.
A. − Dont la forme varie d'un élément à un autre.
1. CHIM. [En parlant d'une substance cristallisée] Qui contient les mêmes éléments qu'un autre, en nombre identique mais disposés différemment. Anton. isomorphe :
Grâce à cette méthode unissant les trois points de vue de la minéralogie, de la chimie, de la géologie, Lacroix a dégagé notamment les quatre notions « lithologiques » de minéraux symptomatiques, types hétéromorphes, faciès de variations lithologiques et séries lithologiques qui sont d'une grande portée générale pour l'étude de la genèse des roches éruptives. Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 486.
2. BIOL. [En parlant d'un élément anatomique] Qui diffère par sa forme ou sa structure des éléments normaux ou environnants. Synon. hétérologue.Les tissus hétéromorphes, qui étaient une objection, n'en sont pas. Ce sont des néoplasies détraquées ou des parasitismes. Tout cela existe physiologiquement (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1875, p. 269).
B. − ZOOL., BOT. [En parlant d'un individu, d'une espèce] Qui revêt des formes différentes au cours de son développement, comme les insectes à métamorphose complète. Anton. homéomorphe (s.v. homéo-).Les femelles des Mutilles sont hétéromorphes, comme celles des Thymus, elles diffèrent beaucoup des mâles (Séguy1967).
REM. 1.
Hétéromorphie, subst. fém.,hétéromorphisme, subst. masc.Caractère de ce qui est hétéromorphe. Ceux-ci [les cristaux mixtes] sont donc en partie responsables de l'hétéromorphie des roches éruptives et de l'allure de la différenciation magmatique (Niggli, Loi phases minér. et pétrogr., t. 2, 1938, p. 50).En partic. (sous la forme hétéromorphisme), psychol. ,,Nom donné par J.-B. Logre à une disposition d'esprit consistant à considérer les autres comme foncièrement différents de soi-même dans l'ordre physique et moral`` (Moor 1966).
2.
Hétéromorphique, adj.Qui concerne un sujet, un élément hétéromorphe. Le saccorhiza bulbosa, qui est en fait un diplobionte hétéromorphique comparable aux fougères (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 793).
3.
Hétéromorphose, subst. fém.,biol. Phénomène de régénération qui fait qu'un organe amputé est remplacé par un organe de nature différente. (Ds Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop., Méd. Biol. t. 2 1971). Lœb (1891-1892) a vu un fragment d'un hydraire (...) reproduire à chacune de ses extrémités une tête. Il a créé pour ce cas le terme d'Hétéromorphose, qu'il définit la faculté de régénérer une partie qui normalement ne devrait pas exister à la place où elle se forme (Y. Delage, L'Hérédité, Paris, Reinwald, 1903, p. 107).
Prononc. : [eteʀ ɔmɔ ʀf]. Étymol. et Hist. 1. 1816 zool. (Blainville, Prodrome d'apr. D'Orbigny, Dict. d'hist. nat., t. 5, 1844, p. 375, s.v. éponges); 2. 1832 biol. (Alibert, Monographie des dermatoses, Paris, p. 761 d'apr. Ch. Robin, Anat. et physiol. cellulaires, Paris, Baillière, 1873, p. 597). Composé des élém. hétéro-* et -morphe*. Bbg. Quem. DDL t. 8, 14 (hétéromorphe, s.v. hétérologue); 8 (s.v. hétéromorphie), 10 (s.v. hétéromorphose).