| HÂVE,(HAVE, HÂVE) adj. Amaigri et pâli (par des épreuves). Synon. blafard, blême, livide.Figure hâve de faim. Avoir le visage hâve. Il était horriblement hâve (Ac.). Quel contraste entre ces deux climats! Entre le teint fleuri, l'habillement, la physionomie des hommes que je venois de quitter, et les figures haves, basanées et noires des habitans de cette ville! (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 275).Le Saint est debout, la tête de profil, − une tête hâve de douleur, mais résignée (Barbey d'Aurev., 3eMemor.,1856, p. 39).Les têtes sont hâves, charbonneuses, les yeux grandis et fiévreux (Barbusse, Feu,1916, p. 56).− Rare. [En parlant d'un inanimé] D'un côté s'étendoient des champs de glace contre lesquels se brisoit une mer décolorée; de l'autre, s'élevoit une terre hâve et nue qui n'offroit qu'une morne succession de baies solitaires et de caps décharnés (Chateaubr., Natchez,1826, p. 239).Le mal have s'est installé dans la demeure (Verhaeren, Camp. halluc.,1893, p. 46). Prononc. et Orth. : [ɑ:v] init. asp. Ac. 1694-1740 have, ensuite hâve. Étymol. et Hist. 1. 1176-81 have « mat (au jeu d'échec) » (Chretien. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2578); 2. a) 1269-78 have « sombre (en parlant d'une cave) » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 4492); b) fin xives. have « en mauvais état (en parlant d'une terre) » (E. Deschamps, Le Miroir de mariage, 11245 ds
Œuvres, éd. Queux de St-Hilaire et G. Raynaud, IX, 361); 3. a) 1556 yeux haves « ternes, vitreux, tristes » (Ronsard, Hymne de Pollux et de Castor, 104 ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, VIII, 298); b) 1560 « amaigri et pâli » (Id., Elégie à Loïs des Masures Tournisien, 63, ibid., X, 366). De l'a. b. frq. *haswa-, proprement « gris comme le lièvre [cf. l'all. Hase « lièvre », v. hase] », d'où « pâle, mat, terne », que l'on peut restituer d'apr. le m. h. all. heswe « pâle, blême » et l'a. angl. haswe « de couleur sombre; sombre, obscur » (ca 1250 ds NED, s.v. haswed); cf. FEW t. 16, p. 177b-178a. Fréq. abs. littér. : 131. Bbg. Foerster (W.). Etymologisches. Z. rom. Philol. 1881, t. 5, p. 97. |