| HYPOCRITE, subst. et adj. I. − Emploi subst. et adj. (Personne) qui manifeste de l'hypocrisie (de façon occasionnelle ou constante). Synon. (adj. et subst.) faux, fourbe; (subst.) imposteur.Je suis un hypocrite, j'ai l'air de n'y pas toucher et je ne pense qu'à la gloire (Sainte-Beuve, Poisons,1869, p. 4).Les prodigues ne recherchent pas la compagnie des avares, ni les caractères droits et francs celle des hypocrites et des sournois (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 18).Otto n'était pas faux, ni hypocrite : il avait une difficulté naturelle à dire la vérité (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 167).V. derrière1ex. 14. − En partic. Personne qui simule la dévotion. Synon. bigot, cafard, cagot, pharisien (vx), tartuf(f)e : 1. ... Molière est mort. On l'enterre non loin de la paroisse de Corneille, presque secrètement, dans la satisfaction haineuse des cagots et des hypocrites, et la prière des sœurs de charité.
Brasillach, Corneille,1938, p. 459. II. − Emploi adj. [En parlant du comportement d'une pers.] Qui est empreint d'hypocrisie. Synon. affecté, cauteleux, fallacieux, faux, mensonger, mielleux, patelin, sournois, trompeur.Contenance, déférence, mine, ton, zèle hypocrite. Vous le savez donc, dit-elle en le regardant en dessous d'un air hypocrite et rusé (Balzac, Langeais,1834, p. 257).Trois mois de mensonges, de ruses, de calculs, de caresses hypocrites... (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 4, p. 209) : 2. Sans doute Victor tient-il pour simagrées vaines et hypocrites toutes manifestations de cordialité, d'aménité, de bienveillance; sentiments qu'il est, je crois bien, incapable d'éprouver et qui, dès lors, lui paraissent de pure affectation chez autrui.
Gide, Journal,1943, p. 193. Prononc. et Orth. : [ipɔkʀit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1176 adj. ipocrite (Chr. de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3046). Empr. au b. lat.hypocrita « hypocrite » (lat. imp. « mime [qui accompagnait l'acteur avec des gestes]) », gr. υ
̔
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ς « celui qui distingue, explique, interprète; acteur; fourbe, hypocrite ». Fréq. abs. littér. : 853. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 325, b) 1 238; xxes. : a) 1 173, b) 1 127. DÉR. Hypocritement, adv.D'une manière hypocrite. Répondre, sourire hypocritement. L'homme dit hypocritement oui et pense non (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 139).Les Pharisiens baissaient hypocritement leurs yeux (Flaub., Hérodias,1877, p. 175).Il lui avait été intolérable de se trouver, chez lui, face à face avec cet homme mystifié; d'accueillir, avec un visage hypocritement loyal, cette considération, cette confiance (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 481).− [ipɔkʀitmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1878. − 1reattest. 1584 hipocritement (Guevarre, Epistres dorées, IV, trad. de J. de Barraud, 112a, Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, 78); de hypocrite, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 83. BBG. − Richard (W.) 1959, p. 101, 105. |