| HURLEMENT, subst. masc. A. − Cri aigu et prolongé poussé par certains animaux (notamment chien, loup). Hurlement épouvantable, lamentable, plaintif; les hurlements d'un chien. Le soir, au chant de la cigale, au coassement des grenouilles, au cri des chouettes, aux lamentations des vampires, s'unit le hurlement des singes (Michelet, Insecte,1857, p. 159).Au loin, les hurlements d'un cochon qu'on saignait (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1412) : 1. ... la nuit vint, et, au milieu des hurlements des tigres, des ours, des loups qui fuyaient devant la locomotive, le train passa à toute vitesse, et on n'aperçut plus rien des merveilles du Bengale...
Verne, Tour monde,1873, p. 75. B. − P. anal. 1. Cri prolongé, aigu et violent poussé par une personne. Qqn pousse, jette, laisse échapper un/des hurlement(s); les hurlements d'un blessé, d'un enfant. Sa plainte lugubre s'achevait dans un hurlement tandis qu'une crise le tordait au bord de l'escalier (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1200).Un hurlement guttural de femme qui accouche traversa les gémissements qui reprirent comme un écho, puis s'arrêtèrent (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 253) : 2. Les cris montèrent peu à peu et lorsqu'ils se confondirent dans un hurlement collectif, le chef, les yeux toujours levés, poussa lui-même une longue clameur à peine phrasée, au sommet du souffle, et où les mêmes mots revenaient. « Tu vois, souffla le coq, il dit qu'il est le champ de bataille du dieu ».
Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1673. − [Constr. avec un compl. causal désignant un affect, introd. par de] Une grande clameur où se mêlent des hurlements de rage, des cris d'amour, des cantiques et des objurgations (Flaub., Tentation,1874, p. 51) : 3. ... un cri épouvantable, un hurlement de fureur impuissante et de désir exaspéré s'éleva dans l'asile. « Écoutez-le, dit le docteur. Il faut doucher cinq fois par jour ce fou obscène (...) ».
Maupass., Contes et nouv., t. 2, Chevel., 1884, p. 942. ♦ En partic. Hurlement de rire. Éclat de rire sonore et prolongé. C'était un feu roulant de plaisanteries énormes, des coups de poing sur la table, des hurlements de rires (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 830). SYNT. Hurlement d'agonie, de désespoir, de douleur, d'horreur, de joie, de souffrance; hurlement aigu, guttural, rauque, sourd; hurlement affreux, épouvantable, furieux, lugubre, sauvage, sinistre, terrible; pousser des hurlements de sauvage(s), de bête(s) fauve(s), de bête(s) féroce(s); cris, pleurs, sanglots et hurlements. 2. Mot, phrase proféré(e) avec force et/ou véhémence. Nous sommes au temps des hurlements et un homme qui refuse cette ivresse facile fait figure de résigné. J'ai le malheur de ne pas aimer les parades, civiles ou militaires (Camus, Actuelles I,1948, p. 186).Moûlu pousse un hurlement : « À gauche, les gars! On prend à gauche » (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 285) : 4. ... les hurlements redoublent... − « À l'eau... À mort le traître!... À la Seine...! » − « Mort à Zola! » Le préfet de police, très nerveux, hâte le départ. L'attelage démarre au petit trot.
Martin du G., J. Barois,1913, p. 401. − Rare. Hurlement à (qqc.).Accusation véhémente de (quelque chose). Tant de querelles pour rien, d'accusations atroces, de hurlements au vol et au plagiat, d'appels à la justice des hommes et de Dieu (L. Febvre, Combats pour hist., L'Homme, la légende, l'œuvre, 1931, p. 255). C. − P. anal. Son, bruit aigu et prolongé, produit par un élément naturel, une chose. Les hurlements du vent. Il s'enivrait du cri des glaives, des sanglots De mort, des hurlements de l'orage et des flots (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 128).Ai-je eu le temps de sentir le frôlement de la mort? Je ne sais plus... J'ai eu peur, une peur atroce... Et puis le hurlement des freins bloqués (Martin du G., J. Barois,1913p. 451).Puis ce fut un hurlement de sirène, long, un peu étouffé, vers l'avant (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 143). Prononc. et Orth. : [yʀləmɑ
̃] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1509 urlement (J. Lemaire de Belges, Illustr., II, 8 ds Hug.). Dér. de hurler*; suff. -(e)ment1*; cf. l'a. fr. uslement (ca 1175) [ms. fin xiies.] B. de Ste-Maure, Chron. Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 1667) et ulement (xiiies. [ms.] Serm. de M. de Sully, B.N. 24838, fo46 rods Gdf. Compl.), respectivement dér. de usler et uller, v. hurler. Fréq. abs. littér. : 660. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 588, b) 1 222; xxes. : a) 1 293, b) 872. |