| HUMILITÉ, subst. fém. A. − 1. Disposition à s'abaisser volontairement (à faire telle ou telle chose) en réprimant tout mouvement d'orgueil par sentiment de sa propre faiblesse. Anton. orgueil, suffisance, superbe (littér.).Faire montre d'humilité; esprit, sentiment d'humilité; leçon, vœu d'humilité. Grande humilité, profonde humilité. L'humilité est le fondement de toutes les vertus chrétiennes. Pratiquer l'humilité (Ac.). Frère, l'humilité n'est pas votre vertu. Vous étiez colérique, indocile, têtu, Téméraire, offensant par vos actes et gestes (Leconte de Lisle, Poèmes trag.,1886, p. 89).Le doute de soi n'est pas l'humilité, je crois même qu'il est parfois la forme la plus exaltée, presque délirante de l'orgueil (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1222).V. auprès ex. 6 : 1. ... ce qui l'intéressait, c'est de constater comme il avait changé depuis leur dernière entrevue : il n'y avait plus de trace d'humilité dans sa voix ni dans ses sourires. Toute sa vieille arrogance lui était revenue.
Beauvoir, Mandarins,1954, p. 268. − D'humilité.Humble. ♦ [En parlant d'un comportement] Les autres lui reprocheront ses grimaces d'humilité (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 244). ♦ Rare. [En parlant d'une pers.] Synon. humble.Vincent de Paul (...), cet homme d'humilité (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 509). − Humilité de + subst.Pour l'entretenir [son second mari] dans cette humilité d'attitude, elle relisait quelquefois avec lui les lettres que le maître lui écrivait quand il lui faisait la cour (A. Daudet, Femmes d'artistes,1874, p. 185). − Humilité à + verbe inf.S'humilier... hum... la plupart des gens se montrent assez fiers de leurs péchés, qu'ils croient originaux, les pauvres, et de leur humilité à les détailler complaisamment (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 273). 2. P. méton., le plus souvent au plur. Il a des humilités soudaines par lesquelles il se dérobe et s'interdit presque le droit de juger en des cas où il serait sans doute très-compétent (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 14, 1851-62, p. 188).Elle demeura là deux heures, dans l'église déserte, épuisant les prières, attendant l'extase, se torturant à chercher le soulagement. Des humilités l'aplatissaient sur les dalles (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1171). B. − Grande déférence (à l'égard de quelqu'un). Anton. hauteur, arrogance, morgue.Humilité servile. − Faites une pétition, et écrivez-la du mieux que vous pourrez. J'obéis avec une humilité ponctuelle (Dumas père, Comment je devins aut. dram.,1833, introd., p. 12).Elle essaya d'abord de le distraire (...) par l'humilité superbe d'une maîtresse qui s'offre (A. France, Lys rouge,1894, p. 258). ♦ En toute humilité. Très humblement. Il m'a demandé grâce en toute humilité (Ac.). Je t'avouerais en toute humilité que je n'y comprends pas grand'chose non plus (Verlaine, Corresp., t. 3, 1863, p. 270). − Gén. au plur. Marque de grande déférence (envers quelqu'un). Des humilités de valet; s'abaisser à des humilités. Les jurés de la commune lui apportèrent des présens et se confondirent en humilités (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 165).Après chaque vengeance, elle arrivait, en reconnaissant ses torts en elle-même, à des humilités, à des tendresses infinies (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 68) : 2. Il n'a aucune des vantardises, ni aucune des humilités professionnelles, par où se reconnaissent les vrais domestiques...
Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 172. C. − Caractère de ce qui a peu d'importance, peu d'envergure, peu d'éclat. Synon. modestie.L'humilité d'une fonction, d'une profession, d'un emploi. Malgré l'humilité de son origine, ce fils de paysans et de pauvres marins, (...) on l'a tout d'abord accueilli, écouté, choyé même (Renan, Souv. enf.,1883, p. 369).Pendant six mois, il me fut interdit de parler au mess. Usage excellent : nous apprenions ainsi à connaître l'humilité de notre condition et le respect dû à nos anciens (Maurois, Silences Bramble,1918, p. 142) : 3. On n'apercevait que des arbres hauts et superbes, ceux du parc de la Muette, (...) perpective que l'on peut avoir d'un château. Je passais en silence, ne pouvant rien dire tant le sentiment de mon humilité était profond (...). Heureusement, Silbermann (...) ne prolongea pas ma gêne et me conduisit à sa chambre.
Lacretelle, Silbermann,1922, p. 50. Prononc. et Orth. : [ymilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xes. humilitiet « qualité de celui qui est humble » (St Léger, éd. J. Linskill, 36); 2. 1606 « abaissement, affaissement, bassesse » (Nicot). Empr. au lat.humilitas : à l'époque class. « faible élévation, petite taille; état modeste, obscur; abaissement, abattement », d'où 2; à l'époque chrét. « humilité, modestie », d'où 1. Fréq. abs. littér. : 1 303. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 649, b) 1 579; xxes. : a) 1 809, b) 2 199. |