| HUMANISTE, subst. et adj. I. − Substantif A. − 1. Érudit de la Renaissance qui, s'inspirant des auteurs antiques, a exalté la dignité de l'esprit humain. Les hommes marquants de cet âge [le xvesiècle en Italie] sont les humanistes, restaurateurs passionnés des belles-lettres grecques et latines (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 129).Je roule souvent dans ma solitude une large phrase d'un humaniste du seizième siècle (Barrès, Amit. fr., 1903, p. 262). 2. P. ext. a) Spécialiste des langues et littératures gréco-romaines. Le prélat, excellent humaniste lui-même, fut enchanté (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 205).Un humaniste anglais a écrit sur l'ironie de Sophocle : Virgile a prévu, a voulu Scarron (Bremond, Poésie pure, 1926, p. 86). b) Élève qui fait ses humanités (d'apr. Foulq. 1971). B. − Philosophe qui, considérant l'homme comme la mesure de toute chose, cherche à l'épanouir en prônant le développement des facultés proprement humaines. M. Anatole France en est venu à se faire de la vie de l'homme une image mesquine et pitoyable. Cet humaniste est profondément inhumain. Les hauts sentiments de notre nature morale lui sont étrangers (Massis, Jugements, 1923, p. 163) : L'humaniste dit « de gauche » a pour souci principal de garder les valeurs humaines; il n'est d'aucun parti, parce qu'il ne veut pas trahir l'humain mais ses sympathies vont aux humbles : c'est aux humbles qu'il consacre sa belle culture classique.
Sartre, Nausée,1938, p. 150. II. − Adjectif A. − [En parlant d'un pers.] Qui souscrit à l'humanisme de la Renaissance ou à tout autre humanisme. L'imprimeur humaniste Étienne Dolet (A. France, Rabelais,1909, p. 115).Le philosophe humaniste, qui se penche sur ses frères comme un frère aîné et qui a le sens de ses responsabilités (Sartre, Nausée,1938, p. 150) B. − Qui est relatif à l'humanisme. Éthique, mouvement, philosophie humaniste. 1. [En parlant de l'humanisme de la Renaissance] La vie d'université et l'incroyance humaniste en 1564 (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 91).Par là, l'écrivain catholique rejoint la grande tradition humaniste, celle de Montaigne (Mauriac, Journal, 1934, p. 69). 2. [En parlant de l'humanisme moderne] La pensée révolutionnaire est humaniste. Cette affirmation : nous sommes aussi des hommes est à la base de toute révolution (Sartre, Sit. III,1949, p. 188). REM. Humanisant, -ante, part. prés. en emploi adj.,synon. de humaniste.Voilà ce qui, trois siècles durant, retint exclusivement l'attention d'une troupe bigarrée de mémorialistes plus ou moins humanisants dont aucun n'eut l'idée de replacer la Réforme dans son cadre historique (L. Febvre, Au cœur religieux du xviesiècle, Sevpen, 1957 [1929], p. 8). Prononc.et Orth. : [ymanist]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1580 [date de l'éd.] « homme particulièrement érudit et lettré » (Claude Gruget, Les Diverses leçons de Pierre Messie, p. 89); 2. 1677 nom donné aux érudits et aux littérateurs des xveet xvies. (Miege, s.v. homme : humaniste ... versé es lettres humaines); 3. 1873 « philosophe, penseur qui considère l'homme comme la valeur suprême » (Lar. 19e). Dér. de humanité*; suff. -iste*. Fréq. abs. littér. : 170. Bbg. Campana (A.). The Origin of the word humanist. Wartburg Institute Journal. 1946, t. 9, pp. 60-73. - Françon (M.). Notes sur le vocab. : poète, poésie, humaniste,... Bibl. Hum. Renaiss. 1967, t. 29, pp. 156-161. - Gelinas (R.). Cf. humanisme bbg. |