| ULULER, HULULER, verbe intrans. A. − [Le suj. désigne une pers.] 1. Pousser de longs gémissements, des plaintes, des sons modulés. Cette frénésie et ce vertige qui font ululer et bondir les derviches hurleurs affolés par le tournoiement de leurs rondes (Huysmans, Marthe, 1876, p. 125).Quelqu'un est mort et les pleureuses hululent, attristent les ténèbres mouillées de cette chose plus sinistre qu'un cri de bête: un cri humain (Tharaud, Rabat, 1918, p. 179). − [Le suj. désigne le son produit] Qui sanglotait ainsi? (...) Je ne me rappelle qu'une chose: cette clameur, des hoquets, un gémissement ululant sans finir (Estaunié, Choses voient, 1913, p. 90). 2. Empl. trans. Crier, chanter en modulant. Une procession de moines aux frocs blonds (...) qui, pieds nus, la corde aux reins, un cierge en main, Ululent d'une voix formidable un cantique (Verlaine, Poèmes saturn., 1866, p. 89).− Grande fête! hululait toujours Michel. Qui aura son canari? (...) À ce mot, la ménagerie [les chats] s'électrisa, bondit, tourbillonna (H. Bazin, Bur. mariages, 1951, p. 224). ♦ Part. passé en empl. adj. De grandes ondes ululées passaient sur ces petites têtes blondes et brunes, des vagues de joie criée, sanglotée, trépignée, déferlaient sur le public éperdu, debout à chaque coup de matraque [de Guignol] (Morand, Fin siècle, 1957, p. 181). ♦ ACOUST. Son ululé. ,,Son dont la fréquence varie périodiquement autour d'une valeur moyenne`` (Pir. 1964, s.v. son). B. − [Le suj. désigne un oiseau rapace nocturne] Pousser son cri. La chouette, l'effraie, le grand-duc, le hibou ulule. Un chat-huant se mit à ululer lentement, longuement... Hoho-hô!... Hoho-hô! (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 186).Un nocturne hulula derrière nous, un cri strident, achevé en râle, le cri d'une bête lentement assassinée (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 208). C. − P. anal. [Le suj. désigne une chose] Faire entendre un bruit qui rappelle une plainte ou le cri des oiseaux de nuit; produire un son modulé. Aucun train ne sillonnait l'espace; l'on entendait seulement au loin, près de la gare de Ceinture, une machine qui ululait et semblait sangloter dans l'ombre (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 127).Dehors, le vent de mer hululait toujours, poussant sur la grève sa vaste plainte (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 13). REM. Ululant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui ulule. Cette masse épaisse de forêt où rien ne vit, hors parfois une chouette hululante (nous croyons entendre, dans la nuit, le sanglot que nous retenions) (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 228).Des grosses torpilles aériennes surmontées d'une tige de cuivre ululante (Cendrars, Lotiss. ciel, 1949, p. 214). Prononc. et Orth.: [ylyle], (il) ulule [-lyl]. Les obs. s.v. ululement, et Martinet-Walter 1973, laissent supposer l'aspiration de l'init. Avec aspiration: (cesser) de ululer; il ulule [il?ylyl], sans enchaînement. Ce traitement se traduit par des graph. h-: Giraudoux, Siegfried et Lim., 1922, p. 260, [il] faisait hululer [-zεy-]. Hululer est ds Boiste 1834, Ac. Compl. 1842, etc. Sans aspiration: (cesser) d'ululer, etc. Ac. 1935: u-. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 222: u-. cilf Harmonis. 1988: hululer, u-. Étymol. et Hist. 1372-73 « se lamenter » (Jean Froissart, La Prison amoureuse, éd. A. Fourrier, 3018); 1512 « pousser des cris, hurler » (Jean Lemaire de Belges, Second epistre de l'amand verd, éd. J. Frapier, p. 25); id. « crier, ici des oiseaux rapaces nocturnes » (Id., Illustrations de Gaule ds
Œuvres, éd. J. Stecher, t. 2, p. 80). Empr. au lat.ululare « hurler (des chiens, des loups) », « vociférer ». Fréq. abs. littér.: 32. |