| HUILEUX, -EUSE, adj. A. − Qui est de la nature de l'huile, qui contient de l'huile. Matière, substance huileuse. Le pain de pur froment, les olives huileuses, Le fromage et l'amande, et les figues mielleuses (Chénier, Bucoliques,1794, p. 67).Des peuples policés de l'Europe (...), pour chasser la vermine de leurs cheveux, les enduisent d'essences huileuses et de pommade (Bern. de St-P., Harm. nature,1814, p. 149) : 1. Le liquide huileux qui imprègne les plumes des oiseaux, particulièrement de ceux qui sont aquatiques, a sa source, pour la plus grande partie, dans une glande qui est située sur leur croupion. Cette glande est composée de plusieurs cellules remplies d'une substance huileuse qui s'en échappe par plusieurs orifices.
Cuvier, Anat. comp., t. 5, 1805, p. 260. B. − P. anal. Dont l'aspect ou la consistance évoque l'huile. Ils [les flots de la mer] n'offraient qu'une surface huileuse et vitreuse, marbrée de taches noires, cuivrées, verdâtres, selon la couleur des bas-fonds sur lesquels ils mugissaient (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 357).Autour de cette eau verte et stagnante douze sycomores et quelques platanes qui couvrent d'un peu d'ombre un coin du jardin derrière des murs, et qui sèment de leurs larges feuilles jaunies par l'été la nappe huileuse du bassin (Lamart., Confid.,1849, p. 68).Une sueur huileuse et sale couvrait son visage maintenant gris (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1681). − Dans le domaine de la cuisine.Sauce huileuse. Sauce mal liée qui a tourné en chauffant. (Dict. xixeet xxes.). C. − P. ext. Qui est ou semble recouvert, imbibé d'huile. Peau huileuse, visage huileux. Cette chevelure huileuse avait déposé sur le collet d'un frac bleu à boutons de métal une couche de crasse luisante et solide (Soulié, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 214).Il n'y avait que des femmes autour des guéridons, des femmes aux cheveux huileux, accablées de fourrures, de bijoux et de cellulite (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 86). − Dans le domaine de la cuisine.En enfonçant mes dents dans cette pâte huileuse et grumeleuse et safranée, je crus mordre à même l'Espagne (Gide, Journal,1905, p. 149). D. − Au fig. ou p. métaph. Presque tous avaient l'aspect louche, la voix huileuse, les yeux rampants, les lunettes inamovibles (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 65) : 2. Les mouvements des jambes, les gestes des bras
S'ordonnent souplement dans la foule qui marche.
Les multiples élans coulent l'un contre l'autre
Sans que rien tout à coup accroche, heurte, saute.
Chaque rythme, onduleux et huileux, s'intercale
Dans le vide qui bâille entre deux glissements.
Romains, Vie unan.,1908, p. 249. REM. Huileusement, adv.D'une manière huileuse. Côte inhospitalière, où, parmi le roc sous des huttes enfumées, rampent et se nourrissent huileusement de poisson des gérants de cercles, quelques notaires coriaces (Toulet,Nane,1905,p. 51). Prononc. et Orth. : [ɥilø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1474 (d'apr. Bl.-W.1-5)]; 1538 (Est., 501a, d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 77). Dér. de huile*; suff. -eux*; cf. l'a. prov. olios (1419 ds Pansier) et le lat. oleosus. Fréq. abs. littér. : 123. |