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HOULEUX, -EUSE, adj.
A. − [En parlant de la surface de la mer] Qui est agité par le mouvement ondulatoire de la houle. Un grand vent alizé se leva sur la mer, qui devint verte et houleuse (Loti, Mariage,1882, p. 201).Plus loin se devinait la masse très sombre et un peu houleuse de l'océan, et parfois une lame plus forte et plus profonde qui déferlait (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 55).
[Par amplification poét. ou par abus, en parlant d'une mer de tempête (v. houle)] Cette mer dont les longues lames houleuses soulevaient l'énorme bateau (Bourget, Actes suivent,1926, p. 45).
[P. méton.] Temps houleux. On n'aurait jamais cru de Haynes (...) qu'il se ferait attacher un filin sous les bras et suspendre le long de la coque, par temps houleux, pour reconnaître une avarie du navire (Peisson, Parti Liverpool,1932p. 188).
B. − P. ext. [En parlant d'une surface liquide autre que celle de la mer] Fleuve houleux. Le fleuve sur le pont duquel hoquetait un camion de laitier, ses phares réfléchis par l'eau noire houleuse (Butor, Modif.,1957, p. 216).
C. − P. anal. et p. métaph., littér.
1. [P. anal. de mouvement]
[En parlant d'une masse végétale agitée par le vent] Forêt houleuse; cimes vertes et houleuses; feuillages houleux. Au sein des blés houleux s'enfoncent les faucilles (Ch. Guérin, Cœur solit.,1904, p. 114).
[En parlant d'une masse humaine (ou animale)] La foule énorme, houleuse, se poussait, ondulait, criait (Maupass., Mt-Oriol,1887, p. 36).Toutes les bêtes ne formaient qu'une seule masse, emportée dans un élan houleux (Genevoix, Dern. harde,1938, p. 12).
[En parlant du corps humain, ou de l'une de ses parties] Démarche houleuse. La vieille se remit en marche, la poitrine ballottante, la croupe houleuse (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 28).Le menuisier, l'épaule houleuse et la casquette vissée sur l'oreille, s'éloignait (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 141).
[En parlant de bruits, de sons] Sourde et houleuse rumeur. Il riait de ce rire de gorge, jeune et houleux, qu'il avait refoulé si longtemps, et que Rachel avait pour toujours libéré (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 121).Le tumulte houleux des hommes, et saccadé des armes à feu, se décomprime (Arnoux, Roi,1956, p. 40).
2. [P. anal. d'aspect; en parlant de surfaces dont le relief plus ou moins onduleux, l'aspect plus ou moins tourmenté, évoque le mouvement en quelque sorte figé de la mer agitée par une houle plus ou moins forte] Paris (...) déroulait devant elle la mer houleuse de ses toitures (Zola, Page amour,1878, p. 822).Mais la tête petite, la douleur qui crispe le beau visage confèrent à cette masse de chair houleuse la noblesse que réclamait le symbole (J. Cladel, Maillol,1935, p. 77).Une banlieue morne et houleuse, basculée au hasard sur les vagues du bourrelet de dunes qui marquait le contour de la terre ferme (Gracq, Syrtes,1951, p. 173).Un ciel, houleux et mâchuré, des rafales de vent aigre (Arnoux, Zulma,1960, p. 257).
D. − Au fig. ou p. métaph.
1. [Au plan subjectif; en parlant de sentiments ou de sensations provoquant un mouvement d'agitation ressenti comme une sorte de houle intérieure] Houleuse inquiétude; colère houleuse. L'idée que jamais plus cette femme ne m'appartiendrait ainsi que j'en avais eu naguère la houleuse sensation, s'acharnait à m'exaspérer (Carco, Verotchka,1923, p. 144).Il laissa en l'air ces mots interminés, d'un chagrin houleux, obscur et déchirant (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 350).
2. [Au plan objectif; en parlant d'une pers. ou d'une assemblée qui s'agite, gronde sous l'empire de sentiments violents, tumultueux; p. réf. aux flots agités par une forte houle] Public, parlement houleux. Ce soir, sur les boulevards, la foule, l'immense foule des jours mauvais, une foule agitée, houleuse, cherchant du désordre et des victimes (Goncourt, Journal,1870, p. 610).Houleuse encore des émotions de cette journée (...) elle tapotait nerveusement le trottoir du bout de son parapluie (Bloy, Hist. désobl.,1894, p. 140).
Existence houleuse. Existence mouvementée, agitée, troublée. Temps houleux. Temps agité, troublé. Il avait, en effet, vécu dans des temps houleux, secoués par d'affreux troubles (Huysmans, À rebours,1884, p. 44) :
Joseph avait, au cours de son existence houleuse, reçu beaucoup de lettres anonymes. On ne saurait brasser des affaires complexes, participer à la vie politique d'un grand pays, briguer les honneurs, être, somme toute, un homme représentatif et un chef de file, sans mécontenter, n'est-ce pas? Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 161.
REM.
Houleusement, adv.,rare. D'une manière houleuse. a) [Correspond à houleux C] Les nuages charmés Par l'hélice Vers nous Leur troupeau déambulait Houleusement (Cocteau, Poèmes,1916, p. 105).b) [Correspond à houleux D] Jour mémorable où (...) dans l'église fourmillante d'une foule houleusement attentive (...) il avait définitivement confondu son rival (Arnoux, Seigneur,1955, p. 55).
Prononc. et Orth. : [ulø] init. asp. fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1762; ds 1762 avec 2 l. Étymol. et Hist. 1. 1716 mer fort houleuse (A. F. Frézier, Relation du voyage de la mer du Sud, p. 36); 2. fig. 1870 foule houleuse (Goncourt, loc. cit.). Dér. de houle*; suff. -eux*, -euse. Fréq. abs. littér. : 138. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, pp. 306-307.