| * Dans l'article "HISTRION,, subst. masc." HISTRION, subst. masc. A. − HISTOIRE 1. Romaine. Acteur et spécialement mime qui jouait, accompagné à la flûte, les premières farces importées d'Étrurie puis des farces grossières, les satires. La gloire des histrions, gladiateurs, pantomimes a parfois rendu jaloux des personnages haut situés, des empereurs romains (Gautier, Fracasse,1863, p. 264). − Au fig. L'homme fait place au mime, et le sage au bouffon. Néron, bourreau de Rome, en étoit l'histrion (Delille, Homme des champs,1800, p. 37). 2. Moyen Âge. Acteur ambulant, mime qui se produisait sur les places publiques. Synon. jongleur, baladin. Voir Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 51. − P. compar. Toutes les passions s'éloignent avec l'âge, L'une emportant son masque et l'autre son couteau, Comme un essaim chantant d'histrions en voyage Dont le groupe décroît derrière le coteau (Hugo, Rayons et ombres,1840, p. 1097). B. − Péj. Comédien. Histrion vulgaire; misérable, vil histrion. Épictète était esclave, Molière était histrion, Ésope était saltimbanque (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 256) : Le brillant état de la caisse permettait ce luxe; luxe utile d'ailleurs, car il relevait la troupe en montrant qu'elle n'était point composée de vagabonds, escrocs et débauchés, forcés par la misère à ce fâcheux métier d'histrions de province, mais bien de braves comédiens à qui leur talent faisait un revenu honnête...
Gautier, Fracasse,1863, p. 278. − P. ext. Celui qui joue un rôle, se donne en spectacle. Histrion politique. J'aurais (...) asséné (...) un royal coup de poing à cet histrion, qui venait de jouer la comédie à mes dépens et de faire de l'éloquence sur mes épaules (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 217). − Emploi subst. fém., rare. Le sourire immuable et fixe de l'histrionne tournant sur son trapèze (Huysmans, À rebours,1884, p. 139). − Emploi adj. masc. et fém., rare. La saoulographie des marins qui est inhumaine, monstrueuse, histrionne, spectaculaire et pousse au néronisme (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 263). REM. 1. Histrionesque, adj.,hapax. Digne d'un histrion. Pourquoi ne se lassait-il pas de ses bavardages, de son monologue histrionesque? (Arnoux, Roi,1956, p. 137). 2. Histrionique, adj.Qui se rapporte à l'histrion. (Dict. xixeet xxes.). Les débuts de sa carrière histrionique (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 167).Psychol. Névrose histrionique. ,,Névrose de l'acteur`` (Ancelin 1971). 3. Histrionisme, subst. masc.Goût poussé jusqu'à la manie de jouer la comédie; cabotinage. Il [Gambetta] ébaubit les hommes rangés de l'Ordre Moral, par une hypocrisie qui n'est pas la leur, par un histrionisme de carrefour (L. Daudet, Stup. xixes., 1922, p. 175).Psychol. ,,Particularité caractérielle de certaines personnalités montrant des conduites théâtrales. L'histrionisme se rencontre surtout dans la structure hystérique`` (Virel Psych. 1977). 4. Histrionnerie, subst. fém.,p. iron. Condition, dignité d'histrion. (Dict. xixeet xxes.). Un peuple de démocrates est un peuple d'histrions. L'histrionnerie monte aux honneurs, le patriciat descend à l'histrionnerie (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p. 130). Prononc. et Orth. : [istʀiɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1544 antiq. « acteur jouant des farces grossières avec accompagnement de flûte » (Jacques Pelletier du Mans, L'Art Poetique, fo16 vods Fr. mod. t. 12, p. 206 : jouer les faisons Par Histrions...); d'où 1690 « mauvais acteur » (Fur.); 2. 1819 « homme sans consistance, charlatan » (Maine de Biran, Journal, p. 240 : M* de B*, autre histrion en philosophie, dit avec son ton sententieux d'« oracle »...). Empr. au lat. class.histrio « mime; comédien, acteur »; au fig. « comédien, fanfaron, faiseur d'embarras ». Fréq. abs. littér. : 107. Bbg. Gohin 1903, p. 268 (s.v. histrionisme); p. 278 (s.v. histrionique). - Quem. DDL t. 7, 9 (s.v. histrionisme). |