| HERBIER, subst. masc. A. − Collection de plantes ou de fragments de plantes desséchées et aplaties qui sont conservées entre des feuillets, soigneusement désignées et classées, et sont utilisées pour l'étude de la botanique. Les plantes d'un herbier; faire, former, composer un herbier; ranger, conserver une fleur dans un herbier. Un herbier des plantes d'Amérique (Ac. 1798-1935). L'historien traite aujourd'hui ces dogmes défunts comme le botaniste traite des fleurs séchées : une étiquette dans un herbier, une corolle pâlie, une tige vidée de sa sève, un cadavre, que reste-t-il de la plante parfumée? (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 104) : 1. Il fut [Rousseau], pendant quelques semaines, tout à la botanique. Il travaillait à son herbier, écrivait à d'autres botanistes, à la duchesse de Portland, se promenait, observait, pour ne pas avoir à se baisser, les lichens et les mousses sur le tronc des arbres...
Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 262. − P. ext. Herbier (artificiel). Collection de gravures représentant des plantes. La Chine nous fut connue comme la France : nous eûmes les manuscrits originaux et les traductions de son histoire; nous eûmes des herbiers chinois, des géographies, des mathématiques chinoises (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 409). − Au fig. Ce qui constitue un recueil ou un répertoire de choses ou de faits. Schopenhauer dont il avait autrefois raffolé, mais dont la spécialité d'inventaires avant décès et les herbiers de plaintes sèches l'avaient lassé (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 41).Les rencontres de ville d'eau étaient favorables à l'élaboration de ces cahiers, sortes d'herbiers de diverses faces de la personnalité humaine (L. Daudet, Vivait mon père,1940, p. 124) : 2. Laforgue comprend que du côté de ses parents, tout est réglé, ou va l'être, qu'ils vont dans six mois le regarder comme un homme, parce qu'il aura terminé ses études, qu'il possèdera un titre et qu'ils pourront le ranger avec son étiquette dans leur herbier des conditions sociales.
Nizan, Conspir.,1938, p. 245. B. − ,,Endroit où l'on conserve l'herbe fraîche destinée à la nourriture des animaux domestiques`` (Fén. 1970; dict. xixeet xxes.). C. − Amas de plantes aquatiques qui se forme dans les cours d'eau, les étangs ou la mer. La sonde guidera pour suivre le chenal, au milieu duquel on aura 4 1/2, 4 et 3 brasses d'eau, fond de sable et quelquefois sable et herbier (Freycinet, Voy. terres austr.,1815, p. 80). D. − Vieilli. ,,Première poche de l'estomac des ruminants où s'accumule l'herbe avant la rumination`` (Fén. 1970). Synon. panse, rumen.Le premier de ces estomacs, appelé la panse, l'herbier ou la double, est très-vaste (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 393). Prononc. et Orth. : [ε
ʀbje]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « lieu couvert d'herbe, pré » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 3379), en a. et m. fr.; 2. a) xves. « ouvrage qui traite des plantes » (Le Grant Herbier, ms. fr. 9137 de la B.N. de Paris ds Tilander, Glanures lexicogr., p. 11); b) 1665-66 « collection de plantes desséchées et conservées entre les feuilles de papier » (M. de Thévenot, Suite du Voyage de Levant..., éd. Posthume ds Fr. mod. t. 21, p. 293); c) 1783 herbier artificiel « collection de dessins représentant des plantes » (Bulliard, Bot. p. 98); 3. 1769 « banc d'herbe qui se forme au milieu des eaux et sert de refuge aux poissons » (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pesches et hist. des poissons, 3esection, p. 119); 4. 1771 « endroit où l'on conserve l'herbe pour la nourriture des bestiaux » (Trév.). Dér. de herbe*; suff. -ier*; le sens 2 est empr. au b. lat. herbarium « ouvrage de botanique ». Fréq. abs. littér. : 102. |