| HENNIR, verbe intrans. [Le suj. désigne un cheval] Pousser le cri qui lui est particulier. Hennir de douleur, de joie; hennir après l'avoine, après les juments. Tout à coup le cheval de Léonide se mit à hennir et à ruer avec tant de violence, qu'il cassa la bride qui le retenait à l'une des barrières (Gozlan, Notaire,1836, p. 191).Robert était là, vivant, bien vivant, porté par le superbe Thaouka, qui hennit de plaisir en revoyant son maître (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 185).Parfois, son cheval s'arrêtait brusque, les sabots en avant, et hennissait vers la mer (Lorrain, Contes chandelle,1897, p. 118) :1. Presque toujours un cheval à fracture des reins tourne sa tête vers l'endroit brisé en hennissant. Le pronostic est fatal dans toutes les espèces et nécessite l'abatage immédiat.
Garcin, Guide vétér.,1944, p. 152. − P. anal. Émettre un bruit ou un son semblable au cri du cheval. J'ai le cerveau plein de ces vents et des coruscantes vagues qui hennissent (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1891, p. 109).Un homme au couvent! hennit en basse profonde Mmede la Berche (Colette, Chéri,1920, p. 95) : 2. Le dernier siècle a vu sur la Tamise
Croître un monstre à qui l'eau sans bornes fut promise,
Et qui longtemps, Babel des mers, eut Londre entier
Levant les yeux dans l'ombre au pied de son chantier.
Effroyable, à sept mâts mêlant cinq cheminées
Qui hennissaient au choc des vagues effrénées.
Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 803. ♦ En partic. Rire bruyamment. Il ne riait pas, il hennissait (L. Daudet, Qd vivait mon père,1940, p. 81).Le rire de Marcelle, un rire bas et sombre, qui s'élevait en hennissant et retombait en cascades (Sartre, Âge de raison,1945, p. 287). − P. métaph. Le baron de Nucingen, (...) ce vieux voleur patenté, hennit après une femme qu'il a vue au bois de Vincennes (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 151).Vous l'auriez vu [le public] piaffer, hennir de joie à des petits tortillons de phrases dont il eût deviné le trait final (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 290).Voilà que le vent siffle, et que notre raison hennit, ayant flairé l'odeur d'un dieu vivant (Romains, Vie unan.,1908, p. 243). Prononc. et Orth. : [eni:ʀ ] init. asp.; [ε-] ds Barbeau-Rodhe 1930; [ε] ou [e] ds Warn. 1968. Vx : [aniʀ], [anisɑ
̃], [anismɑ
̃] encore ds Littré, DG, Passy 1914 et à côté de [ε-] ds Barbeau-Rodhe 1930. V. ennemi. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 en parlant d'êtres humains (Roland, éd. J. Bédier, 3526); 1121-34 en parlant d'un cheval (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1090 ds T.-L.). Empr. au lat.hinnire « hennir (en parlant du cheval) », avec h aspiré d'orig. expressive. Fréq. abs. littér. : 229. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 382, b) 475; xxes. : a) 353, b) 178. |