| HAUTEUR, subst. fém. I. − Domaine concret A. − [Dans l'espace] 1. Dimension dans le sens vertical. a) Hauteur de qqc.Dimension verticale d'(un corps physique, d'une chose). Hauteur d'un arbre, d'un mur, d'une tour, d'un immeuble. Cinq verres de hauteur différente étaient alignés devant chaque assiette (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 23).Ses talons d'une hauteur exagérée frappaient le trottoir avec un bruit plein d'insolence (Green, Moïra,1950, p. 179) : 1. ... des pentes d'un coteau voisin, à une distance où toute la ville a disparu ou ne forme plus au ras de terre qu'un amas confus, on peut, dans le recueillement de la solitude et du soir, évaluer, unique, persistante et pure, la hauteur d'une cathédrale.
Proust, Fugit.,1922, p. 494. − [Dimension verticale déterminée (avec indication chiffrée, un compl. de mesure)] ♦ Une hauteur de + x centimètres, étages, mètres, pieds, pouces, toises.L'église a 230 pieds de long, 83 de large; ses fondations ont 43 pieds de profondeur; la hauteur des voûtes intérieures est de 70 pieds (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 346).Le chat ne s'était pas trompé; malgré la hauteur de trois étages, il flairait sa maîtresse (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 132). ♦ x centimètres, mètres, pieds, pouces, toises + de hauteur. Synon. de haut.La plaie (...) a vingt centimètres de hauteur, un de profondeur et neuf environ de largeur. Elle s'arrête à l'aubier (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 120). − Hauteur de plafond. Distance entre le plancher et le plafond. C'est une pièce de trois mètres cinquante sur trois mètres vingt, avec deux mètres soixante-dix de hauteur de plafond (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 57). SYNT. Hauteur d'une maison, des colonnes, des voûtes; hauteur considérable, démesurée, déterminée, énorme, excessive, immense, inégale, inattendue, majestueuse, moyenne, prodigieuse, suffisante, totale, vertigineuse; excessive, faible, grande, immense, prodigieuse hauteur; à mi-hauteur, à moitié hauteur de, à moitié de la hauteur, au tiers, aux deux tiers de la hauteur, dans toute la hauteur, en hauteur, dans le sens de la hauteur; dépasser la hauteur de, augmenter, diminuer de hauteur; estimer, évaluer, déterminer, mesurer la hauteur de qqc.; évaluer, observer, apprécier les hauteurs et les distances, les hauteurs et les profondeurs (de qqc.). − En partic.
α) Hauteur (d'une montagne, d'une colline). Son élévation visible, distance verticale comprise entre son sommet et le sol environnant (plaine, plateau) qui lui sert de repère (hauteur relative), ou distance comprise entre son sommet et le niveau moyen de la mer (hauteur absolue). Synon. altitude.Pour égaler la hauteur du mont Éverest, il faudrait placer, debout les uns sur les autres, plus de quatre mille hommes (Carrel, L'homme,1935, p. 70).Il fallait, pour le voir [le sommet], renverser la tête, supporter dans la nuque le poids de sa hauteur vertigineuse. Le Matterhorn semblait appartenir au ciel (Peyré, Matterhorn,1939, p. 58). 2. ... l'Aiguille du Midi. Cette cime est l'une des plus belles des Alpes : elle en est aussi l'une des plus élevées, si l'on ne considère pas uniquement sa hauteur absolue, mais aussi son élévation visible, et l'amphithéâtre si bien aménagé qui développe toute la majesté de ses formes.
Senancour, Obermann, t. 1, 1840, p. 33.
β) Hauteur (d'un être vivant, d'un homme). Synon. taille.Et j'était saisie d'une disproportion presque comique entre la hauteur des bambins et la distance du plafond, à cinq mètres du plancher, au moins (Frapié, Maternelle,1904, p. 15).Un homme âgé de 48 ans 4 mois 3 jours et de 1 m. 68 de hauteur et pesant 77 kg. (Queneau, Exerc. style,1947, p. 26). ♦ Loc. verb. usuelles Se dresser de toute sa hauteur, de toute la hauteur de sa taille. Dresser ou relever vivement le corps ou le buste (mouvement physique traduisant souvent une réaction psychologique). Elle bondit par une soudaine réaction de courage et se dressa de toute sa hauteur devant le téméraire (Sand, Lélia,1833, p. 147).Sur ses muscles tendus reprenant l'équilibre, De toute sa hauteur se dressant en sursaut, De Cédar qui s'avance il attendait l'assaut (Lamart., Chute,1838, p. 1060).Tomber de (toute) sa hauteur. Tomber de tout son long. Synon. tomber de son haut, s'étaler (fam.).Épuisé, il se laissa choir de sa hauteur sur le canapé (Borel, Champavert,1833, p. 180).Elle tomba de sa hauteur sur le tapis (...). Mmede Villefort était morte (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 684).
γ) ANAT., ANTHROPOL. Mensuration du corps ou d'un point du corps, en prenant comme point de repère le sol ou une autre partie du corps. Hauteur totale du corps, du tronc, du bassin, hauteur coxale; indice de hauteur de la calotte crânienne, de hauteur-longueur de la tête. Prendre la hauteur en ligne droite, depuis le bas des talons, jusqu'au sommet de la tête (Voy. La Pérouse,t. 1,1797, p. 166).Camper mesure la hauteur totale du crâne et sa largeur maxima, la largeur de la face, la largeur orbitaire, la largeur de la mâchoire inférieure (Hist. sc.,1957, p. 1365). b) L'une des trois dimensions de l'espace, p. oppos. à la largeur et la profondeur. L'espace s'organise aux alentours de sa personne en hauteur et en profondeur (Ramuz, Derborence,1934, p. 131) : 3. Il ne faut pas dire seulement avec Lagneau et Alain que la hauteur et la largeur présupposent la profondeur, parce qu'un spectacle sur un seul plan suppose l'équidistance de toutes ses parties au plan de mon visage : cette analyse ne concerne que la largeur, la hauteur et la profondeur déjà objectivées et non pas l'expérience qui nous ouvre ces dimensions.
Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 309. − En partic., au fig. [P. réf. à St Paul, Éphésiens III, 8] Saint Paul parle de la largeur, de la hauteur et de la profondeur du mystère de la foi (Mounier, Traité caract.,1946, p. 644). c) En emploi abs. (non déterminé par un nombre). Qualité de ce qui est haut; dimension verticale considérable, grande taille (précisée par le contexte). Anton. petitesse.Être impressionné par la hauteur d'une construction. Il (...) s'arrêta longuement devant le grand mur du séminaire (...) et semblait atterré par la hauteur et par les tessons de verre qui empêchaient l'escalade aux plus audacieux (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 29).Un regard infinitésimal et grouillant d'amabilité, qui ne cessait de sourire à la hauteur des plafonds, à la beauté des fêtes, à l'intérêt des programmes et à la qualité des rafraîchissements (Proust, Swann,1913, p. 327) : 4. On était au premier aspect, frappé par la hauteur de son front, la longueur de son menton, de son visage, et celle de ses belles mains qu'il en approchait constamment pour tordre de longues moustaches tombantes, à la gauloise.
Gide, Si le grain,1924, p. 535. 2. Position plus ou moins élevée sur la verticale, par rapport à un niveau de référence (le sol ou une surface p. ex.). Planer, voler à une grande hauteur, à de grandes hauteurs; une hauteur vertigineuse; la hauteur des cieux; placé, parvenir à telle hauteur; à différentes hauteurs dans l'atmosphère; tomber, descendre d'une certaine hauteur. Le haut bâtiment du tissage, atteint d'un obus à la hauteur du troisième étage, s'était courbé comme un peuplier sous un ouragan (Maurois, Silences Bramble,1918, p. 240).Le rapace planant à une hauteur considérable au-dessus de la rivière (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 10).Être à la hauteur de : 5. André, radieux, singe le gardien des tours de Notre-Dame : − Ici, ... ssieurs et Dames, nous sommes à la hauteur de la Galerie des Rois!... On monte toujours. − Ici, ... ssieurs et Dames, nous sommes à la hauteur de la Galerie de la Vierge! Au dernier étage, dans la pénombre, la clef novice s'obstine à heurter du museau la serrure, sans flairer son trou.
Martin du G., Devenir,1909, p. 41. SYNT. À mi-hauteur, à une certaine hauteur, à la même hauteur, juste à la hauteur de, à une hauteur convenable, suffisante, à la hauteur voulue; lampe, appareil à hauteur réglable; à la hauteur de x pieds, x mètres, x étages; à des hauteurs différentes, inégales, inaccessibles, prodigieuses, vertigineuses; à différentes, à diverses hauteurs, à de grandes hauteurs; à la hauteur de la fenêtre, des feuillages. − [En parlant d'une partie du corps servant de repère] À (la) hauteur de. Au niveau de. À la hauteur des épaules, du menton, des reins; à hauteur de main, de regard, de tête, d'épaule, de ceinture. Les mains entr'ouvertes à hauteur de la poitrine (Id., J.Barois,1913, p. 364).Plus loin, à hauteur d'épaule, il trouva une branche cassée (Maran, Batouala,1921, p. 133).Une douleur violente à la hauteur de l'ombilic (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1247). Rem. 1. À hauteur de + subst, non déterminé peut permuter avec la constr. à hauteur du/de l'/de la/des + subst. (déterminé). À hauteur de/du visage. À hauteur du nombril (mais : à la hauteur de son nombril). 2. À la hauteur du/de l'/de la/des + subst. peut permuter avec à la hauteur de son/de sa/ de ses + subst. À la hauteur des/de ses yeux. Il avait la table à la hauteur de son nombril (Romains, Copains, 1913, p. 18). − Expr. et loc. ♦ À hauteur d'appui. Cf. appui I B 1 b. ♦ À hauteur d'homme. À une hauteur correspondant à la taille d'un homme moyen (jusqu'à la hauteur du sommet de la tête). Le grand feu flambant à hauteur d'homme dans une immense cheminée (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 294).Bruxelles. Les numéros à hauteur d'homme. La petite lanterne que les facteurs portent sur le ventre (Renard, Journal,1897, p. 436). ♦ Saut en hauteur. Épreuve sportive qui consiste à sauter au-dessus d'une barre (ou d'une corde) horizontale placée entre deux poteaux à une hauteur variable, de plus en plus grande. Saut en hauteur avec/sans élan; concours, championnat de saut en hauteur. Le maître emporta le prix du concours international de saut en hauteur, par 1 m 95 sur barre fixe (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 181).Il y eut encore des courses à pied et des épreuves de saut en hauteur (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 127). ♦ Vol en hauteur (vieilli). [En parlant d'un avion] Les records de vitesse et de vols en hauteur, qu'est-ce-que c'est que ça pour nous autres? (Colette, Music-hall,1913, p. 113). ♦ Prendre de la hauteur. [En parlant d'un avion, d'un engin, d'un oiseau] S'élever de plus en plus dans l'air, dans l'atmosphère. Synon. prendre de l'altitude; anton. perdre de la hauteur, perdre de l'altitude.Mon avion prend de la hauteur. Je suis maintenant au-dessus d'une petite langue de chat, si étroite que je puis embrasser d'un seul coup d'œil la côte de France (Morand, Londres,1933, p. 69).On décollait, on prenait de la hauteur, on rôdaillait un peu au-dessus des lignes (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 258). − P. métaph. et au fig. Synon. prendre du recul.Ils ne feront point figure de gouvernants ni de diplomates; ils ne sauront point prendre de la hauteur et voir l'ensemble. Et c'est bien dommage (Alain, Propos,1933, p. 1137). 3. Domaines spéciaux a) ASTRON., GÉOPHYS. et usuel. Hauteur d'un astre (au-dessus de l'horizon). Une des deux coordonnées horizontales, horaires (avec l'azimut), angle visuel formé par la direction d'un astre avec le plan de l'horizon ou le plan horizontal de l'observateur. Hauteur positive (au-dessus de l'horizon), négative (au-dessous); complément de hauteur (cf. complément B 2). La hauteur d'un astre est le complément de la distance zénithale (Lar. encyclop.).L'Académie souhaiterait qu'ils [les voyageurs] observassent la hauteur et l'amplitude de ces aurores (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 163).L'instrument portatif qui sert à mesurer la hauteur angulaire d'un astre au-dessus de l'horizon est le sextant (A.-B. Duval, Hébrard, Nav. aér.,1928, p. 99). 6. Lorsqu'on observe, au cours d'une nuit, le mouvement apparent des étoiles (...) on s'aperçoit que l'azimut et la hauteur de ces étoiles changent constamment. En effet, au « lever » de l'astre, sa hauteur h est nulle et va en croissant. Au « coucher » h = 0 et continue à décroître. La hauteur varie donc au cours du temps...
Kourganoff, Astron. fondam.,1961, p. 3. − Hauteur du pôle. Latitude d'un lieu à un moment donné et au lieu considéré. La latitude d'un point du globe est toujours égale à la hauteur du pôle au-dessus de l'horizon de ce point (Verne, Île myst.,1874, p. 124).Il fallait qu'il prît la hauteur du pôle au-dessus d'un horizon nettement dessiné, c'est-à-dire un horizon de mer (Verne, Île myst.,1874p. 123). − En partic. ♦ Hauteur du soleil (au-dessus de l'horizon). Hauteur angulaire du soleil sur l'horizon (variant en fonction de l'heure, du jour, de la saison, de l'année et de la latitude). Je vis le soleil (...). À sa hauteur je jugeai qu'il était environ dix heures avant midi (A. France, Pierre bl.,1905, p. 253). ♦ Hauteur méridienne d'un astre. Distance d'un astre à l'horizon, sa hauteur au moment où il passe par le méridien du lieu. Mesurer, prendre la hauteur du soleil à midi pour faire le point, pour déterminer la latitude du lieu (ou la hauteur du pôle). Nous avons aussi déterminé très soigneusement les latitudes (...) en observant avec exactitude la hauteur méridienne du soleil (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 23).On put prendre des hauteurs de soleil pour obtenir la longitude (par la montre marine), ainsi que des hauteurs méridiennes d'étoiles pour avoir la latitude (Dentrecasteaux, Voy. rech. La Pérouse,1808, p. 489). b) MAR. Prendre la hauteur (méridienne) du soleil et p. ell., en emploi abs., prendre hauteur. Calculer en mer la hauteur du soleil au-dessus de l'horizon pour faire le point, déterminer la position du navire. Jeté loin de la vue des rivages sur l'immensité des mers, le pilote peut prendre hauteur, et marquer avec le compas la ligne du globe qu'il traverse ou qu'il suit (Lamart., Destinées poés.,1834, p. 376).Le capitaine, n'ayant pu prendre hauteur, était inquiet; il (...) regardait les divers points de l'horizon avec une lunette (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 356) : 7. Il prit donc, au moyen du sextant, la hauteur méridienne du soleil au-dessus de l'horizon. Cette hauteur se trouva de 68o30'. La distance du soleil au zénith était donc de 21o30', puisque ces deux nombres ajoutés l'un à l'autre donnent 90 degrés.
Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 50. c) GÉOMÉTRIE − L'une des trois dimensions de l'espace euclidien, distance la plus courte d'un point à une ligne ou un plan. − Perpendiculaire qui joint le sommet d'une figure à la base, au côté opposé; p. méton. distance du sommet à la base, longueur de cette perpendiculaire. Hauteur d'un tétraèdre : 8. La distance est la hauteur d'un triangle dont la base et les angles à la base me sont donnés et, quand je dis que je vois à distance, je veux dire que la hauteur du triangle est déterminée par ses relations avec ces grandeurs données.
Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 297. ♦ Hauteur d'un trapèze, d'un parallélogramme, d'un rectangle. Distance comprise entre les deux côtés parallèles. L'aire de tout triangle est la moitié de celle d'un parallélogramme, lequel est évidemment équivalent à un rectangle de même base et de même hauteur (E. Borel, Paradoxes infini,1946, p. 39). ♦ Hauteur d'un prisme, d'un cylindre. Distance comprise entre les deux bases. Le seau est un cylindre de 0 m. 15 de rayon à la base et de 0 m. 75 de hauteur, plein aux trois quarts (Colette, Cl. école,1900, p. 46).Pour déterminer le volume d'un arbre on l'assimile à un cylindre ayant comme hauteur la longueur de l'arbre et comme base la section moyenne (Cochet, Bois,1963, p. 124). ♦ Hauteur d'une pyramide, d'un cône. Distance du sommet à la base. La hauteur du tronc de cône est la distance des plans des bases (Hadamard, Géom. plane,1898, p. 121). d) IMPR., TYPOGR. Hauteur en papier. ,,Hauteur du caractère mesurée du pied à la partie imprimante (œil)`` (Comte-Pern. 1963; cf. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 47). La hauteur de l'œil ou hauteur en papier est rigoureusement invariable pour tous les caractères (Valotaire, Typogr.,1930, p. 11). e) MÉTÉOR. Hauteur de pluie, de précipitation. ,,Quantité de pluie tombée pendant un temps donné, généralement exprimée en hauteur d'eau (en mm3p. ex.)`` (Méd. Biol.t. 21971).En ce qui concerne la hauteur moyenne des pluies pour l'ensemble du globe, les évaluations (...) varient de 95 à 75 centimètres environ (Maurain, Météor.,1950, p. 192). f) OCÉANOGR. et usuel. Hauteur de la marée. ,,Niveau atteint par le flux, différence entre le niveau de la basse mer et celui de la haute mer`` (Soé-Dup. 1906). Aussi-tôt qu'elles ont été remplies au-dessus de la hauteur des marées de l'équinoxe, on les recouvre de gravier et de terre (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 302). − Hauteur de l'eau d'une rivière, d'un fleuve. Niveau atteint par une eau en crue. Hauteur de la crue, de l'inondation (Ac. 1935). Il arrivait devant le mât des signaux qui indique la hauteur de l'eau dans le port (Maupass., Pierre et Jean,1888, p. 311). g) PHYS. et usuel. Hauteur barométrique, du baromètre. Longueur verticale de la colonne de mercure contenue dans un baromètre et variant selon la pression atmosphérique et le lieu; p. méton. degré marquant le niveau atteint. La variation diurne des hauteurs du baromètre, dépend uniquement du soleil; mais ces hauteurs sont encore affectées par les marées aériennes que produit l'attraction du soleil et de la lune sur notre atmosphère (Laplace, Théorie analyt. probabil.,1812, p. 352).D'ailleurs, il calculait tout : les distances à un mètre près (...), les altitudes, la hauteur barométrique (A. France, Jocaste,1879, p. 44). − Hauteur du thermomètre (indiquant un degré de température). Il sera bon de tenir note de la hauteur (...) du thermomètre (Voy. La Pérouse,1797, p. 178). 4. Loc. prép. À la hauteur de a) Au niveau de, au même niveau que. Mettre, placer qqc. à la hauteur de qqc. d'autre; monter à la hauteur du premier étage; à la hauteur de/à hauteur de (cf. supra 2 rem. 2). Il ouvre le piano, il approche une chaise, il se juche dessus; ses épaules arrivent à hauteur du clavier (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 58).La Paz est exactement à 3 645 mètres d'altitude, à la hauteur de l'Aiguille du Goûter (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 380). b) Au fig. Au même niveau (intellectuel, moral) que (qqn ou qqc.). Synon. égal à.Quand le pénitent est à la hauteur du sacrement, le confesseur n'y est pas, et réciproquement (Sand, Lélia,1839, p. 470).− Ah! si, dans cette abbaye, le chant était à la hauteur du cérémonial, je n'aurais pas à regretter Solesmes (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 122) : 9. Sophie Germain mourut à 55 ans, après deux années d'horribles souffrances qu'elle supporta avec un courage et un stoïcisme admirables. Sa valeur morale était à la hauteur de sa belle intelligence; elle aimait, dit-on, la vertu comme une vérité géométrique.
Gds cour. pensée math.,1948, p. 261. − Loc. verb. ♦ Élever (une chose) à la hauteur d'un art, d'une institution. Les grandes bottes (...) suivirent la tente-abri perfectionnée chez un marchand de bric-à-brac, qui les éleva à la hauteur de curiosités cochinchinoises (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 125).Élever la boulangerie à la hauteur d'une institution nationale : pain gratuit et obligatoire (Renard, Journal,1887, p. 7). ♦ Être, se montrer à la hauteur de la situation, des circonstances, de sa tâche, de son emploi. Faire preuve dans le concret des capacités requises pour y faire face. C'est que Glenarvan, dans les circonstances graves, se montrait à la hauteur de ses infortunes. Il sentait qu'il devait être la force, l'exemple de sa femme et de ses compagnons, lui, l'époux, le chef (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 104).Tous et toutes savent que vous êtes et serez à hauteur de vos devoirs. Mais sachez aussi que c'est votre combat qui ouvre la porte du destin (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 490) : 10. Un chantier est un petit gouvernement et l'on reconnaît bientôt, à la manière dont il est tenu et aux résultats qu'il donne, si celui qui le dirige est à la hauteur ou au-dessous de sa mission. Savoir inspirer à tous le sentiment des devoirs en étant lui-même le premier à les remplir, est la condition principale imposée à l'architecte.
Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 436. ♦ En emploi abs., fam. Être à la hauteur. Être capable, compétent, digne. Et puis il m'intéresse, ce prêtre. Il est intelligent, à la hauteur... Il n'y en a déjà pas tant (A. France, Anneau améth.,1899, p. 307).L'cuistot, c'était le grand Martin César. Il était à la hauteur, lui, pour dégoter du bois. − Ah! oui, lui, c'était un as (Barbusse, Feu,1916, p. 36). c) P. anal., MAR. À la latitude de, sur le même parallèle que. À la hauteur de tel cap, de telle île, de tel port. Après avoir viré à la hauteur du Cap Griffe, il avait largement gagné dans le nord, étant servi par le courant de la marée montante (Verne, Île myst.,1874, p. 426).L'hiver avait surpris à la hauteur du Cap Saint-Vincent le vieux cargo revenant de la côte d'Afrique (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 45). d) P. ext. À la même distance, sur la même ligne qu'(une personne ou une chose prise comme point de référence, le long d'une ligne, d'une route, d'une rue). Synon. au niveau de, à côté de, en face de, devant.À la hauteur du numéro x de telle rue; arrivé à sa hauteur. Elle se mit à courir. En quelques enjambées, il fut à sa hauteur et la bloqua dans l'embrasure d'une porte (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 858).Il était à la hauteur d'une petite épicerie. « Il faut que j'y entre. J'achèterai n'importe quoi... une boîte d'allumettes. J'écouterai parler les gens (...) » (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 129). − À hauteur de. Une brève escale à Notre-Dame. Je me suis agenouillé dans la nef, à hauteur du transept et j'ai dit un Notre Père (...) en m'efforçant de penser à fond chaque mot de la prière (Du Bos, Journal,1927, p. 318).L'auto américaine qui nous ramène, peu avant minuit, s'arrête à hauteur du « passage à niveau » (Gide, Journal,1943, p. 239). 5. Lieu, région élevé(e). a) Terrain élevé, colline. Synon. haut2, élévation, éminence, butte.Château, monastère bâti, situé sur une hauteur; les hauteurs qui dominent telle ville; respirer l'air (vif) des hauteurs; gagner les hauteurs. Une croix s'est présentée à ma vue; elle était sur une hauteur que j'ai gravie (Krüdener, Valérie,1803, p. 203).Cette solitude des hauteurs éclairée par le doux soleil sur la neige (Montherl., Lépreuses,1939, 2epart., p. 1459). SYNT. Hauteurs boisées, environnantes, escarpées, voisines; atteindre, gravir les hauteurs, descendre des hauteurs, s'emparer des hauteurs, occuper les hauteurs. b) Littér. Les hauteurs de. Les parties, les régions hautes de quelque chose. Les hauteurs de l'air, du ciel, de l'atmosphère. Un fameux brou-de-noix dont il avait découvert la retraite dans les hauteurs d'une armoire (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 229).La vie de tout le clan s'était retirée du jardin pour se rassembler dans les hauteurs de l'atelier (Duhamel, Suzanne,1941, p. 229). B. − Domaine de la perception 1. ACOUST. Hauteur d'un son. Une des quatre qualités essentielles d'un son (avec le timbre, l'intensité et la durée), dépendant de la fréquence de la vibration, et perçue subjectivement comme une impression d'acuité ou de gravité plus ou moins grande. Synon. tonalité.Mais, à côté de l'intensité, nous distinguons une autre propriété caractéristique du son, la hauteur. Les différences de hauteur, telles que notre oreille les perçoit, sont-elles des différences quantitatives? (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 45).La répartition des niveaux en fonction des hauteurs des sons simples sinusoïdaux composant un son complexe, forme ce que les physiciens appellent le spectre : amplitude en fonction de la fréquence, ou ce que les musiciens appellent le timbre (Schaeffer, Mus. concr.,1952, p. 217) : 11. Le sens de l'ouïe est, en effet, éminemment le sens de ce qui passe, ce qu'on nomme la hauteur des sons, l'aigu, le grave, n'étant que l'indice de leur rapidité.
Claudel, Art poét.,1907, p. 169. − Hauteur absolue d'un son, d'une note, d'un ton. Nombre de vibrations par seconde (fréquence). Aussi la perception de l'intervalle musical reste-t-elle la même, quelle que soit la hauteur absolue des tons comparés, ou leur timbre, ou leurs autres qualités accessoires (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 156). − Hauteur (relative) d'une note. Son degré d'acuité ou de gravité par rapport à une note de référence; degré qu'elle occupe dans la gamme. V. haute-contre B, ex. de Gastoué. 2. PHONÉT., LING. ,,Degré d'élévation de la voix dans l'émission des sons du langage`` (Mar. Lex. 1961, p. 91). − Accent de variation de hauteur. Degré d'acuité ou de gravité de certaines syllabes dans la prononciation des mots ou des groupes de mots, ayant une valeur différente selon les langues. [L'] accent de hauteur était en grec un héritage de l'indo-européen (Mocquereau, Nombre mus. grégor.,1927, p. 101).Indépendamment du dessin musical qui les caractérise, les diverses syllabes d'un mot n'ont pas ordinairement la même hauteur. Ces variations de hauteur constituent ce qu'on appelle le ton (Arts et litt.,1935, p. 50-5). II. − Au fig. Caractère des personnes et des choses. A. − Caractère élevé. 1. [Dans qq. expr.] Grandeur, supériorité dans l'ordre intellectuel ou moral. − Hauteur de vue(s). Il avait besoin lui-même de cette hauteur de vues pour dominer les querelles de femmes qui troublaient sa propre maison (Maurois, Ariel,1923, p. 281) : 12. ... « je trouve qu'une femme qui s'éprendrait d'un homme de l'immense valeur de Palamède devrait avoir assez de hauteur de vues, assez de dévouement, pour l'accepter et le comprendre en bloc, tel qu'il est, pour respecter sa liberté, ses fantaisies, pour chercher seulement à lui aplanir les difficultés et à le consoler de ses peines. »
Proust, Sodome,1922, p. 715. − Hauteur de pensée, des idées, des conceptions. Les théologiens (...) se recommandent par (...) une profondeur de sentiments et une hauteur d'idées qui leur assignent un rang très élevé dans l'histoire de la philosophie (Cousin, Philos. Kant,1857, p. 2).Nous ne savons pas toujours décrire la position tragique et la noblesse morale de Metz ou de Strasbourg avec la hauteur de pensée qui conviendrait (Barrès, C. Baudoche,1909, p. 281) : 13. Veut-il penser comme un ange (...) il ne le peut; toujours quelque image de l'extérieur intervient dans ses plus subtiles opérations.
Veut-il penser comme l'animal, il ne le peut non plus; la hauteur de ses spéculations le relève dans l'acte même où il se dégrade, et tout en concluant qu'il n'est que matière, il prouve qu'il est esprit.
Lacord., Conf. N.-D.,1848, p. 155. 2. Noblesse (d'une personne dans l'ordre moral, intellectuel, spirituel). a) Vieilli ♦ Hauteur d'âme. Il adjura avec une sublime hauteur d'âme le jeune prince d'être fidèle à ses devoirs royaux (A. France, Île ping.,1908, p. 208).J'avais confiance en d'Argenlieu. Sa hauteur d'âme et sa fermeté le mettaient moralement à même de dominer les intrigues (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 188). ♦ Hauteur d'esprit, de cœur. Je le soupçonnerai [Cervantes] (...) d'avoir eu (...) trop de franchise (...), d'ouverture ou de hauteur de cœur, trop de confiance en soi ou dans les autres (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 17).Vous mettez la justice à sa vraie place, au-dessus des passions. Je vous félicite de cette hauteur d'esprit (Hugo, Corresp.,1872, p. 313). b) Hauteur (de sentiments). Dignité, noblesse. Elle avait la hauteur native d'une femme noble et ce je ne sais quoi que l'on peut nommer la race (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 182).Puisons dans notre hauteur morale et notre mépris de la vulgarité la force de vivre encore et d'aller au-devant des incertitudes de l'avenir (Renan, Drames philos., Append. Abbesse Jouarre, 1888, p. 678). 3. Péj. Orgueil méprisant, arrogance. Hauteur dédaigneuse, insolente, méprisante; la hauteur d'un regard; air, mouvement de hauteur; plein de hauteur; prendre des airs de hauteur; parler, répondre à qqn avec hauteur, toiser qqn avec hauteur. Sa figure (...) avait une expression de hauteur et de moquerie qui éloignait d'elle au premier abord (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 134).Éveline ne lui montrait aucune bienveillance et le traitait avec une hauteur et des dédains qu'il prenait pour façons aristocratiques et manières distinguées (A. France, Île ping.,1908, p. 344). − P. méton., au plur., vx. Manifestations concrètes de cette arrogance (attitude, comportement, actions, paroles). Si les hauteurs de la marquise, ou les mauvaises plaisanteries de son fils, vous rendent cette maison décidément insupportable, je vous conseille de finir vos études dans quelque séminaire (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 235). B. − Au plur., littér., parfois iron. Régions élevées, zones supérieures (intellectuelles, spirituelles, de la pensée, du sentiment) difficiles à atteindre. Les hauteurs de la politique, de la philosophie, de la métaphysique. Et, brusquement, abandonnant les hauteurs métaphysiques, il demanda : − Et qu'est-ce qu'ils valent, les églantiers, cette année? (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 79) : 14. Je m'exhortais à la patience, escomptant qu'un jour je me retrouverais, installée au cœur de l'éternité, merveilleusement détachée de la terre. En attendant j'y vivais sans contrainte, car mes efforts se situaient sur des hauteurs spirituelles dont la sérénité ne pouvait être troublée par des trivialités.
Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 135. Prononc. et Orth. : [otœ:ʀ] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. : I. 1. 1155 « dimension d'un corps considéré de sa base au sommet; troisième dimension de la géométrie euclidienne » (Wace, Brut, 3218 ds T.-L. : une tur Mult grant de laise e de haltur); 2. 1529 astron. prendre la hauteur du soleil (Journal du voy. de J. Parmentier ds Jal); 3. 1538 « profondeur » (Est.); 4. 1554 [éd.] « latitude » (L'Art de naviguer de Maistre Pierre de Médine, traduict du castillan par Nicolas de Nicolaï, Lyon, livre 4, chap. 1, p. 45 : haulteur s'entant aussi dans les degrez dont quelque cité, port, ou isle est eloignee de l'Equinoctial); d'où loc. adv. 1690 être à la hauteur de (d'une ville, d'une île) (Fur.); 5. 1671 « partie haute d'une région; lieu élevé » (Pomey); 6. 1678 « taille d'une personne » tomber de sa hauteur (La Fontaine, Fables, X, 4, 34); 7. 1889 « degré d'acuité ou de gravité d'un son » (Bergson, Essai donn. imm., p. 45). II. 1. a) Ca 1180 « haute situation d'une personne » (Jeu Adam, éd. W. Noomen, 813); b) 1458 « ce qui est supérieur, éminent; noblesse » (A. Greban, Passion, éd. O. Jodogne, 25648); 2. ca 1350 « orgueil, arrogance » orgieuls et hauteurs de vie (G. Le Muisit, Poésies, I, 32 ds T.-L.); d'où 1654 au plur. « marques de dédain, témoignées à autrui » (Mmede Maintenon, Lett. à MmePalaiseau ds Littré); 3. fin xives. « caractère d'une personne qui a des sentiments élevés; dignité » (J. Froissart, Chron., éd. S. Luce, IX, 223); 4. 1685 « ce qui est d'un ordre élevé pour l'esprit humain » (Boss., Anne de Gonz. ds Littré); d'où 1817 être à la hauteur de « être au même niveau de qualité, de valeur que » (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t. 1, p. 596 : l'imagination qui n'est pas assez émue pour être à la hauteur de ce degré de terreur) Dér. de haut1*; suff. -eur1*. Fréq. abs. littér. : 5 019. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 765, b) 7 755; xxes. : a) 4 997, b) 6 704. Bbg. Quem. DDL t. 10, 18. - Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 527. |