| HARNAIS, HARNOIS, subst. masc. A. − [En parlant d'une pers.] 1. Vx. ,,L'armure complète d'un homme d'armes`` (Ac. 1835, 1878). 2. Habit militaire; uniforme. Harnois militaire. Quelque pauvre soldat qui regagne son corps, suant et chancelant sous le harnais (Gautier, Tra los montes,1843, p. 5) : 1. C'est à la faveur de mon harnais que j'ai parcouru l'Italie, et notamment ces provinces-ci, où l'on ne pouvait voyager qu'avec une armée.
Courier, Lettres Fr. et Ital.,1806, p. 709. ♦ P. ext. Équipement, attirail d'une personne. Un homme singulier, couvert de tout un harnais neuf de montagne, rucksack, piolet, rouleau de corde (Peyré, Matterhorn,1939, p. 24). ♦ P. anal. Vêtement de sortie ou de cérémonie imposé par la mode ou les usages. Harnais de deuil; mettre son harnais de gala : 2. Il portait une redingote noire à revers de soie et tenait à la main un chapeau haut de forme. Sa prestance s'accommodait d'ailleurs assez bien de ce harnais officiel.
Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1081. − Loc. vieillie. Suer dans son harnais. Être trop vêtu. Il avait des palpitations au cœur, il suait dans son harnais de dandy (Balzac, Cabinet ant.,1839, p. 93).Au fig. S'échauffer dans (sous) son harnois. S'exciter; ,,parler de quelque chose avec beaucoup de véhémence et d'émotion`` (J.-F. Rolland, Dict. du mauvais lang., 1813, p. 74). 3. P. méton. Métier militaire; p. ext., métier quelconque. J'ai été hussard et je suis colonel. Mais je n'ai pas seulement vu le feu, et mes vingt-cinq ans de harnais se sont partagés entre les quartiers de garnisons et les salons d'ambassades (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 18). − Locutions ♦ Blanchir sous le harnais. Vieillir dans le métier des armes. Francœur était un vieil homme blanchi sous le harnais, fidèle, plein de mérite (A. France, Balth., Ab., 1889, p. 162).Jeter, laisser, quitter le harnais. Abandonner le métier des armes. Je veux me dégager tout doucement et laisser là mon harnais (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1808, p. 774).Endosser, revêtir le harnais. Prendre du service, partir pour la guerre. Ce vieux soldat, qui avait revêtu le harnois au lendemain de 1870 (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 60). ♦ Quitter son harnais. Ne plus travailler. Elle voyait très bien son mari dépérissant en quelques mois s'il quittait son harnais (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 225).Endosser (v. ce mot A), reprendre le harnais. Reprendre de l'activité. Ma femme se montrait héroïque : elle avait repris le harnais avec une ardeur et une énergie incomparables; elle ne quittait plus le magasin (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 397).Blanchir, vieillir sous le harnais. Vieillir dans son métier. Blanchi sous le harnois, usé par les longues années de veille en compagnie de tomes poussiéreux (Gds cour. pensée math.,1948, p. 317). − Au fig. Obligation, contrainte. Le harnais quotidien; le harnais de la discipline; les harnais des usages et du protocole. Pour lui plaire, il fallait endosser le harnais de la dissimulation (Balzac, Lys,1836, p. 109). B. − [En parlant d'un animal, le plus souvent un cheval de selle ou de trait] 1. Ensemble des pièces composant l'équipement d'un cheval de selle ou d'attelage. Harnais de cuivre, plaqué d'argent, de pierres précieuses; harnais de velours bleu. a) [En parlant d'un cheval de selle] Dix chevaux superbes avec des harnais resplendissans d'or et d'ivoire (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 201) : 3. ... le cheval du maître est toujours là aussi, couvert de son harnais magnifique, et prêt à être monté...
Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 72. b) [En parlant d'un animal de trait] Harnais de voiture. Pièces qui relient l'animal de trait à la voiture. Les harnais de voiture étaient dressés dans le milieu (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 62).P. méton. Harnais de labour. Attelage de chevaux ou de bœufs. Fouailler en chantant à la tête du harnais de labour, quand les bœufs blancs, Griveau, Chaveau, Montagne et Rossigneau, mollissent sur la chaîne (R. Bazin, Blé,1907, p. 48).Les harnais. Les attelages. Malgré le mauvais temps, tous les harnais de la ferme passaient dix heures dehors (R. Bazin, Blé,1907p. 298). − Mod. Ensemble des pièces souples en cuir (guides, rênes, etc.). Les harnais des chevaux de bois. Les mules aux harnais chargés de clochettes et de pompons rouges, bleus, jaunes (Maurois, Climats,1928, p. 203). 2. P. anal. a) Système de courroies permettant de tenir un chien ou un chat en laisse. Un chat en harnais orné de grelots. Il était (...) le plus beau et le plus intelligent de tous les chats (...). Il portait un harnais comme les chiens de luxe, et se laissait mener en laisse autant de fois que ça lui plaisait (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 18). b) Sangles en cuir ou en fibres textiles dont s'entoure pour s'attacher un parachutiste, un alpiniste ou qui retiennent une personne (aviateur) à son siège. Pour les très jeunes enfants, utilisez des dispositifs spéciaux de retenue homologués (sièges ou harnais) (Est Républicain,28 juill. 1979, p. 6). C. − En partic. [P. allus. à la fois à l'équipement du soldat et du cheval] Les moines laissaient leurs habits de religion pour vêtir les harnais de guerre, monter à cheval et s'exercer aux armes (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 160) : 4. De sa vie agitée, risquée aux quatre bouts de l'Europe, il ne gardait qu'une maigre pension, sa croix, et un harnois de combat composé de toute sorte de buffleteries et d'armes.
Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 11. D. − Spécialement 1. MÉCAN. Combinaison d'engrenages commandant un arbre secondaire. Le cylindre A reçoit son mouvement de rotation d'un moteur électrique par l'intermédiaire d'un harnais d'engrenages (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p. 104). 2. TISS. Ensemble des pièces (lisses ou lices) d'un métier à tisser. Des nappes de fils de chaîne (individuellement rentrés dans les maillons des lisses d'un harnais suspendu) (Thiébaut, Fabric. tissus,1961, p. 132). Prononc. et Orth. : [aʀne] harnais et [aʀnwa] harnois init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Harnais dep. 1835, vedette secondaire ds Ac. 1835, 1878, principale ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1155 herneis « suite d'une armée, bagages » (Wace, Brut, 7588 ds T.-L.); 2. a) 1160-74 « armure, équipement complet d'un homme d'armes » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, III, 4484); b) 1228 « vêtements, atours » (Jean Renart, G. de Dole, éd. F. Lecoy, 5361); 1841 péj. « accoutrement, vêtement » (Balzac, Fausse maîtr., p. 30); 3. 1230 harnois « équipement d'un cheval de selle, de trait » (Gaydon, 37 ds T.-L.); 4. 1301 « voiture avec son attelage » (Doc. ds Z. fr. Spr. Lit. t. 22/1, 1900, p. 92); 1694 « ensemble formé par les chevaux et la voiture » (Ac.); 5. 1765 « ensemble des pièces d'un métier à tisser » (Encyclop. t. 8). De l'a. nord. *hernest « provisions pour l'armée », composé de herr « armée » et de nest « provisions ». Le suff. a été aligné sur -eis/-ois, v. -ais. Fréq. abs. littér. : 219. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 274, b) 428; xxes. : a) 374, b) 242. Bbg. Atkinson Jenkins (T.). French etymologies. Mod. Philol. 1913, t. 10, pp. 439-440. - Steiger (A.). Zur Methodik der Wortgeschichte... Vox rom. 1958, t. 17, pp. 30-31. |