| HARDIMENT, adv. D'une manière hardie; avec hardiesse. A. − [Avec valeur laudative] Courageusement; avec assurance. Entreprendre hardiment qqc.; marcher hardiment; s'exposer hardiment aux dangers. J'eus en moi une confiance qui m'avait manqué jusqu'alors, et je m'élançai hardiment vers l'avenir (Dumas père, Comment je devins auteur dramatique,1833, introd., p. 15).D'un coup allègre, il fit sauter son sac sur son épaule et hardiment se mit en route (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 349) : 1. À ce Lamarck, si hardiment spéculateur, mais si timidement traditionaliste − audacieux dans le domaine de la pensée, entravé dans celui de la recherche − comme s'oppose avec vigueur un Georges Cuvier!
L. Febvre, Combats pour hist., Linné à Lamarck et Cuvier, 1927, p. 327. − Librement, sans hésiter. Dites-lui hardiment que je n'y consens pas (Ac.). Sœur Constance : Oh! saint Pierre... saint Pierre... D'abord saint Pierre n'était ni Français ni... Elle s'arrête brusquement. Sœur Gertrude : Ni quoi encore? Sœur Alice : Parlez hardiment, sœur Constance... (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 6, p. 1625) : 2. M'aimez-vous, Madame? demanda-t-il en relevant la tête et lui montrant un visage plein de résolution. Dites hardiment : oui ou non.
Balzac, Langeais,1834, p. 263. − Sans crainte de se tromper. Admettre, affirmer, conjecturer, déduire, prédire, soutenir hardiment (que). Cinq consultations par semaine? Dites le double hardiment, mon cher confrère (Romains, Knock,1923, III, 6, p. 17) : 3. ... quoique ce volume ne forme qu'une très-petite partie de l'immense sujet de cet ouvrage [Les Essais historiques], on peut prononcer hardiment que déjà la majorité des choses qu'on vouloit faire passer pour nouvelles dans la Révolution françoise, se retrouve presque à la lettre dans l'Histoire des Grecs d'autrefois.
Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 398. − En partic., domaine de la vie intellectuelle, de l'art.User hardiment d'une expression. C'est hardiment écrit (Rob.). Pour conduire les eaux, des ponts, des aqueducs, jetés hardiment sur l'espace (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 73).Les états d'eau-forte pure du Liber Studiorum présentent des paysages harmonieusement et même hardiment conçus, mais qui ne déconcertent pas nos habitudes (Focillon, Maîtres estampe,1930, p. 208). B. − [Avec valeur péj.] Effrontément, impudemment, insolemment. Dévisager hardiment qqn; mentir, répondre hardiment. Dès ce premier jour elle domina Antoine, le flatta, le railla hardiment (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 313).Son œil, grand, fendu, méprisant et hautain, regarde hardiment sans baisser la paupière (Du Camp, Nil,1854, p. 132).L'autre jour, vous vous êtes présenté à moi hardiment, insolemment; et ceci aussi m'a plu (Vogüé, Morts,1899, p. 78). − Avec une témérité tenant de l'inconscience ou de l'ignorance. Synon. à la légère.S'engager bien, très hardiment. Vous tranchez hardiment des doutes que je n'oserais pas résoudre (Sand, Indiana,1832, p. 133) : 4. Il n'y a rien de pire au monde que les gens qui se croient capables de tout, et qui se mettent hardiment à la tête des plus difficiles affaires, que des hommes mille fois plus intruits et plus courageux n'oseraient pas entreprendre par modestie.
Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 190. Prononc. et Orth. : [aʀdimɑ
̃] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1160 hardïement « d'une manière hardie » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3729). Dér. de hardi*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 511. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 086, b) 849; xxes. : a) 508, b) 484. |