| HACHURE, subst. fém. Gén. au plur. A. − Traits parallèles ou croisés servant à indiquer le modelé des objets, les ombres portées ou les demi-teintes sur une gravure, un dessin, une peinture. Hachures simples, doubles; hachures faites à main levée; hachures au crayon; dessiner par hachures; ombrer de hachures. On enseignait le dessin à Grenoble aussi ridiculement que le latin. Dessiner, c'était faire avec de la sanguine des hachures bien parallèles et imitant la gravure (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 175).Elle est peinte [La Madeleine dans le désert] presque par hachures comme beaucoup de peintures de M. Delacroix (Baudel., Salon,1845, p. 10) : 1. Différencier chaque forme, la séparer, par l'analyse du détail spécifique de la forme voisine, tel est son but initial [de Van Gogh]. C'est pourquoi ses croquis les plus hâtifs fourmillent de hachures en tous sens, de signes purs, de virgules et de points, comme un discours minutieusement réglé.
Lhote, Peinture d'abord,1942, p. 135. − Spécialement ♦ [Dans les représentations graphiques] Traits disposés suivant certaines conventions pour donner sur une carte ou un schéma des indications d'ordres divers (topographie d'un lieu, données démographiques ou sociologiques, parties à conserver ou à supprimer dans un projet d'architecte, etc.). À l'aide des hachures, le relief est représenté [sur la carte] grâce à des traits courts disposés (...) selon les lignes de plus grande pente du sol (Duval, Hébrard, Nav. aér.,1928, p. 10) : 2. N'assistons-nous pas, de même, à chaque élection, à des présentations dessinées des gains et pertes des partis, où, dans le respect des chiffres, on transforme à volonté, pour le regard dupé, le sens des faits, en jouant tendancieusement du groupement des hachures ou des grisés?
Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 58. [Dans le dessin d'armoiries] Traits qui, par des combinaisons et des directions diverses, désignent conventionnellement les émaux. La hachure en pal, ou de haut en bas, désigne le gueules (le rouge); la hachure en fasce, qui traverse l'écu, signifie l'azur (le bleu) (Ac.1835-1878).♦ ORFÈVR. Traits dont on entaille un métal pour y faire tenir l'or ou l'argent qu'on veut y appliquer. (Dict. xixeet xxes.). − P. anal. Bandes, raies qui strient une surface. On discernait encore, sur ces fonds de grisaille, les hachures parallèles ou contrariées, le réseau fin et dense des mâts, des haubans, des flèches et des grues innombrables (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 176). B. − Au fig. [Correspond à hacher B] Éléments, fragments dissociés d'un ensemble qui paraît brisé. Un petit sentier qui conduisait de la voie Appienne au milieu de ces inégales hachures de la campagne de Rome (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 732).Nous croirions plus volontiers que le génie de Rachel ne se pliait guère aux hachures du dialogue moderne (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 245) : 3. Et la porte du palier ne se refermait d'elle-même très lentement, sur les courants d'air de l'escalier, qu'en exécutant les hachures de phrases voluptueuses et gémissantes qui se superposent au chœur des pèlerins vers la fin de l'ouverture de Tannhäuser.
Proust, Guermantes 2,1921, p. 391. Prononc. et Orth. : [aʃy:ʀ] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. Ca 1450 « cordon à longs bouts dont on lie les lambrequins, dans les blasons » (René d'Anjou,
Œuvres, éd. Th. de Quatrebarbes, t. 2, p. 10); 2. 1675 grav. (Widerhold Fr.-all.). Dér. de hacher*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 75. |