| HABITUEL, -ELLE, adj. A. − [En parlant d'un inanimé abstr.] 1. Qui est devenu une habitude, est imposé par une habitude dans une collectivité, chez un individu. Synon. ordinaire.On avait approché à la portée de sa main une petite table sur laquelle était une carafe d'orangeade, sa boisson habituelle (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 166).Il faut maintenant construire directement les règles générales qui doivent présider aux actes humains, surtout habituels, et même exceptionnels (Comte, Catéch. posit.,1852, p. 243).Un jour où MmeSwann me redisait ses habituelles paroles sur le plaisir que Gilberte aurait à me voir (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 622).Suivant la formule habituelle, mais très sincèrement, je puis dire que je suis heureux de voir réunis ici... (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 336) : 1. ... alors la police, avec la brutalité qui lui est habituelle, procéda soudain à un nettoyage à coups de mitrailleuse...
Morand, New-York,1930, p. 76. 2. P. ext. Qui est (devenu) fréquent, régulier, coutumier. Synon. courant, normal.La police de Genève, fort accommodante en temps habituel, était prise périodiquement d'un zèle d'épuration (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 233).Il copia, copia, 11185 pages en sept années d'après son compte. Il se faisait payer un peu plus cher que le prix habituel, selon ce qu'il jugeait être son mérite et sa peine, dix sous la page (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 299) : 2. ... il y a des momens où l'on se croit la puissance de ce qu'on désire, et d'autres où l'ordre habituel des choses paraît devoir l'emporter sur tous les sentimens de l'ame.
Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 404. − THÉOL. Grâce habituelle. Celle qui réside toujours dans le sujet. Anton. grâce actuelle : 3. Il y a une grâce habituelle [it. ds le texte], nommée aussi justifiante et sanctifiante, laquelle se conçoit comme une qualité qui réside dans l'âme (...). Quant à la grâce actuelle, elle indique les moyens extérieurs qui favorisent l'essor des passions d'ordre...
Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 349. − Emploi subst. à valeur de neutre., rare. Ce qui est régulier, coutumier, passé en habitude. Les époux sont devenus transparents l'un pour l'autre. Tel est [l'amour conjugal] le seul amour qui aime l'immobilité, qui se nourrisse de l'habituel et du quotidien (Mauriac, Journal 1,1934, p. 25). B. − [En parlant d'une pers. ou d'un lieu; correspond à habitué III en partic.] Dont on a l'habitude. Synon. attitré.N'oublions pas le café del Principe, à côté du théâtre de ce nom, rendez-vous habituel des artistes et des littérateurs (Gautier, Tra los montes,1843, p. 97) : 4. Tous les cafés (...)
(...) sont pris d'assaut (...)
Mais les clients habituels,
Quotidiens, essentiels,
C'est ceux-là qui n'ont pas de veine!
Voyez comme ils ont l'air marri.
Il n'ont pas leur coin favori.
Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 20. REM. Habitueux, -euse, adj.,rare. Ces compagnes habitueuses de nos nuits, presque toutes les épouses (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 280). Prononc. et Orth. : [abitpεl] Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [V. habituellement]; 1617 habituel « passé en habitude » (Crespin, Thresor des trois langues d'apr. FEW t. 4, p. 372 a); 2. 1671 « constant, très fréquent » (Pomey). Empr. au lat. médiév.habitualis de même sens (av. 1250 ds Latham), dér. du rad. de habituari, v. habituer; cf. la forme habitual (1611, Cotgr.). Fréq. abs. littér. : 2 496. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 986, b) 2 722; xxes. : a) 3 293, b) 3 773. |