| GÉANT, -ANTE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Être fabuleux d'une taille colossale. Ces pierres gigantesques ont été remuées (...) par ces premières races d'hommes que toutes les histoires primitives appellent géants (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 175).Voir la sombre Allemagne et ses contes de fée, Ses fleuves, ses géants, ses nains et ses trésors (Noailles, Ombre jours,1902, p. 43) : 1. ... le mont voisin, le tombeau du géant, s'est brusquement présenté à moi. Du point où j'étais, le rocher dessine à la base de la montagne, tout près du Rhin, le profil colossal d'une tête renversée en arrière, la bouche béante. On dirait que le géant qui, selon les légendes, gît là sur le ventre, étouffé sous le poids du mont, était parvenu à soulever un peu l'effroyable masse...
Hugo, Rhin,1842, p. 131. 2. Holopherne est un géant. Ses mains sont des mains géantes. Ses doigts sont géants, ses phalanges géantes.
Giraudoux, Judith,1931, I, 5, p. 61. B. − 1. Être humain d'une taille anormalement grande; p. ext. personne de grande taille. Synon. colosse, malabar (fam.), hercule; anton. nain, pygmée.Tu m'en réponds sur ta vie? Le geôlier, géant de six pieds de haut, eut peur et se retira vers la porte (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 455).J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante, Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux (Baudel., Fl. du Mal,1857, p. 35). − Au fig. Personne remarquable qui domine ses semblables par des qualités exceptionnelles. Synon. génie, héros, surhomme.Mithridate. Ce géant, cet homme indestructible aux fatigues comme au poison, cet homme qui parlait toutes les langues savantes et barbares (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 216). ♦ Géant de + subst. déterminé.Géant de l'histoire, de la littérature, de la pop-music. Il possédait toutes les qualités qui caractérisent un géant du jazz : technique fastueuse, sonorité personnelle, imagination jamais prise en défaut (Elle,14 avr. 1969, p. 211, col. 4). ♦ P. hyperb. C'est un géant de l'appétit, un héros de la tartine, un demi-dieu de la pomme de terre frite (Duhamel, Suzanne,1941, p. 154). ♦ Géant de la route. Coureur cycliste de grand renom. − Loc. verb. Avancer à, marcher à, progresser à, faire des pas de géant. Marcher à grandes enjambées; faire des progrès rapides. Le haut enseignement qui doit faire faire des pas de géant aux connaissances humaines (Balzac, L. Lambert,1832, p. 128). 2. Animal, végétal ou chose qui domine ses semblables par des dimensions colossales : 3. Certains arbres atteignent des dimensions stupéfiantes; pourtant leur cime n'échappe plus aux regards comme celle des géants de la forêt équatoriale; c'est une énormité trapue; et, tout autour du tronc, s'étend un vaste espace ombreux, que l'arbre investit, sur lequel il règne, étalant ses branches colossales comme pour repousser toute autre végétation.
Gide, Retour Tchad,1928, p. 870. − En partic. Société, firme dont la puissance économique et l'implantation sont d'une très grande importance. Géant de la construction électrique, de la finance, du pétrole, de l'informatique. L'intérêt porté par deux des géants de la distribution (...) à cette formule tient évidemment à la difficulté d'obtenir des permis d'ouverture pour des magasins de grande surface (Le Monde,29 sept. 1978, p. 29, col. 1). II. − Adjectif A. − [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'un inanimé concr.] Qui est d'une grande taille. Séquoia géant; cellule, tortue géante; ville géante. Cf. supra ex. 2. B. − [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est d'une importance considérable. Les fonctions de chef économique dans la grande entreprise ou l'entreprise géante de l'économie organisée sont si lourdes et si complexes (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 623). Prononc. et Orth. : [ʒeɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Ds Ac. dep. 1694. Buben 1935, § 75 rappelle que ai devant voyelle a été remplacé par é (jaiant = géant). D'apr. Nyrop Phonét. 1951, § 65 fait partie des mots dans lesquels on peut entendre un h aspiré emphatique : [ʒehɑ
̃]. De même dans monstrueux [mɔ
̃stʀyhø], fléau [fleho], créer [kʀehe]. Étymol. et Hist. Ca 1100 jaianz (Roland, éd. J. Bédier, 3253). Du lat. vulg. *gagantem, forme issue par assimilation du class. Gigas,-antis (gr. Γ
ι
́
γ
α
ς, -α
ν
τ
ο
ς), plur. Gigantes (Γ
ι
́
γ
α
ν
τ
ε
ς, -ω
ν), les Géants, monstrueux fils de la Terre, qui, ayant voulu escalader l'Olympe pour détrôner Jupiter, furent foudroyés par lui. Fréq. abs. littér. : 2 124. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 805, b) 4 255; xxes. : a) 3 357, b) 2 339. Bbg. Guéret (J.). La Constr. aéron. Banque Mots. 1972, no4, p. 180. - Quem. DDL t. 9, 13 (s.v. gigantosité). |