| GUILLOTINER, verbe trans. A. − Décapiter quelqu'un au moyen de la guillotine. Synon. exécuter, raccourcir (fam.); couper, trancher la tête à.Jusqu'au dernier moment, il s'est dit innocent de l'assassinat pour lequel on l'a guillotiné (Bloy, Journal,1894, p. 134).La Terreur du Midi, qui fit guillotiner on ne sait combien de religieuses et de prêtres à Orange (Pourrat, Gaspard,1922, p. 244) : ... il lui montait au front des sueurs glacées, lorsqu'il songeait qu'on aurait pu découvrir son crime et le guillotiner. Alors il sentait à son cou le froid du couteau.
Zola, T. Raquin,1867, p. 99. − Emploi pronom. réciproque. S'envoyer réciproquement à la guillotine. Je voyais déjà notre république perdue, cette manière de se guillotiner les uns les autres ne pouvait pas durer longtemps; ce n'est pas en coupant le cou aux gens qu'on prouve au peuple qu'ils avaient tort (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 304). − Emploi subst. masc., rare. Action de guillotiner. Les doux bourreaux qui coupaient le cou des enfants et des vieillards, les bénins spectateurs qui assistaient au guillotiner des femmes, s'attendrissaient sur les progrès de l'humanité (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 342). − Part. passé en emploi subst. Baudelaire soupe à côté, sans cravate, le col nu, la tête rasée, en vraie toilette de guillotiné (Goncourt, Journal,1857, p. 404).On entendait au loin des rumeurs, des vivats; il y en eut une plus forte, soudaine, comme à l'instant où la tête du guillotiné tombe (Barrès, Cahiers, t. 2, 1898, p. 19). B. − P. anal. 1. Trancher la tête de quelqu'un au moyen d'un objet quelconque. Cet homme qui a guillotiné sa maîtresse d'un coup de rasoir (Zola, Bonh. dames,1883, p. 551). 2. Trancher la partie supérieure de quelque chose. L'on n'a plus la patience de déboucher les bouteilles. Mes vilains garnemens les guillotinent à coups de couteau, comme les gens mal élevés (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 331).Elle guillotine les carottes (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 240). C. − Au fig. Condamner, mettre fin à, tuer. La révolution française a guillotiné les grâces légères, elle a proscrit le sourire facile (A. France, Vie littér., t. 1, 1888, p. 54).Trop tard! Toujours ces mêmes mots qui me guillotinent : trop tard! Allons, ma vie est fichue (Montherl., J. filles,1936, p. 970).J'ai connu Mallarmé, après avoir subi son extrême influence, et au moment même où je guillotinais intérieurement la littérature (Valéry, Lettres à qq.-uns,1945, p. 95). REM. 1. Guillotinade, subst. fém.,rare. Action de guillotiner. Les guillotinades cesseraient après la punition des grands coupables (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 338). 2. Guillotineur, subst. masc.,rare. Celui qui guillotine ou est responsable, partisan de condamnation à la guillotine. La députation conservatrice et religieuse de la Bretagne composée de petits-fils de guillotineurs et de spoliateurs de 93 (Goncourt, Journal,1888, p. 830).Au fig., emploi adj. Synon. de condamnatoire.J'ai mis Saint-Just dans un numéro rieur et il me met dans un rapport guillotineur où il n'y a pas un mot de vrai à mon égard (Desmoulins, Vx Cord.,1794, p. 294). Prononc. et Orth. : [gijɔtine], (il) guillotine [gijɔtin]. Att. ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1790 (Peltier, Actes des apôtres, t. 1, p. 16 ds DG). Dér. de guillotine*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 229. Bbg. Cordié (C.). St. fr. 1973, t. 17, p. 156. - Dub. Pol. 1962, pp. 314-315 (s.v. guillotineur). - Quem. DDL t. 2, 11 (s.v. guillotinade). |