| GUIGNE1, subst. fém. A. − Petite cerise à longue queue, de couleur rouge ou noire et dont la chair est ferme et sucrée. Où t'en vas-tu croquant des guignes (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 88) : La Sarriette était adorable (...). Elle s'était pendu par gaminerie des guignes aux oreilles, des guignes noires qui sautaient sur ses joues, quand elle se penchait, toute sonore de rires.
Zola, Ventre Paris,1873, p. 822. B. − Au fig., fam. 1. Très petite chose, chose insignifiante. Lui-même, Zola, n'était pas compté par Céard pour une guigne (Goncourt, Journal,1888, p. 889). ♦ Se soucier, se moquer de qqn (qqc.) comme d'une guigne. N'en faire aucun cas. Je me moque du Popocatepetl comme d'une guigne, comme d'une mouche (Duhamel, Cécile,1938, p. 81).Je me fiche comme d'une guigne d'être invité chez Gazette ou de cesser de l'être (Vercorsds Poésie 47, no38, mars 1947, p. 159). ♦ Des guignes! Des clous! (v. ce mot B 5 b). « Il faut mourir peu à peu, balbutiai-je, prendre l'habitude. » − [Le docteur Laville] − « Des guignes! Vous avez suivi cet entraînement, vous? » (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1239). 2. [Pour faire comprendre à quelqu'un que son projet est impossible] Je vous paie des guignes si... Synon. je vous paie des cerises, des prunes si...Si vous pouvez vous détacher de moi, je vous paie des guignes (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1162). Prononc. et Orth. : [giɳ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1393 guine « cerise d'un rouge foncé » (Ménagier, Sté des Bibliophiles fr. t. 2, p. 235); 1563 guigne (B. Palissy, La Récepte Véritable, éd. 1930, p. 96); 2. 1877 se soucier de quelque chose (ou de quelqu'un) comme d'une guigne (Zola, Assommoir, p. 138). Orig. obsc. Peut-être de l'a. b. frq. *wihsila « griotte »; cf. a. h. all. wîhsela de même sens, m. h. all. wihsel; all. Weichsel « id. ». Cette hyp. fait pourtant difficulté, la présence du -n- en fr. étant inexpliquée. La mouillure du -n- est due à l'infl. du nom de l'arbre de guignier. Cf. FEW t. 17, p. 582 a. DÉR. Guignier, subst. masc.Cerisier qui produit des guignes. C'est le verger; ses guigniers étoilés d'escarboucles (...) ses pommiers dont les derniers pétales épandent sur l'herbe une neige ensoleillée (Genevoix, Rroû,1931, p. 83).− [giɳe]. Att. ds Ac. 1694-1932. − 1resattest. 1508 guynier « variété de cerisiers » (Comptes de Dépenses du château de Gaillon, éd. A. Deville, p. 291), 1539 guignier (Doc. ds R. Ling. rom., t. 41 [1977], p. 425); du rad. de guigne1, suff. -ier*; en a. prov. on trouve guinier dès 1350 (cf. Rayn. t. 3, p. 520 b). |