| GUIDE, subst. I. − Subst. masc. A. − [Le subst. désigne une pers.] 1. Personne qui dirige, protège la marche de quelqu'un. Prendre un guide; servir de guide à qqn; guide sûr, fidèle. Il [l'aveugle de Bagnolet] a pour guide une fillette (Béranger, Chans., t. 2, 1829, p. 119) : 1. J'avais avec moi mon guide ordinaire. On ne peut guère s'épargner un guide dans le bazar, à moins d'avoir beaucoup d'heures à perdre. Mon guide à moi s'appelle Astik et il sait économiser les minutes.
Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 276. − Spécialement a) Guide (de montagne, de haute montagne). Alpiniste professionnel diplômé dont la mission consiste à guider les touristes et les alpinistes amateurs dans leurs courses en montagne. Compagnie, bureau des guides. Le meilleur guide des Cordillères (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 102) : 2. Le tiroir de la table gardait, enveloppés de leurs papiers graisseux, les livrets de guide de l'aïeul, tué au Matterhorn par une avalanche de pierres, et celui de Peter, le frère aîné de Jos-Mari, tombé à la Dent Blanche.
Peyré, Matterhorn,1939, p. 32. b) Personne qui conduit les visiteurs d'un musée, d'un monument historique, en donnant les commentaires utiles à sa découverte. Suivre le guide, donner un pourboire au guide. Mon guide me montra le tombeau d'une impératrice de Byzance (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 211).Suivez le guide, je vous ferai tout visiter (Schaeffer, Recherche mus. concr.,1952, p. 59). c) ARMÉE ♦ Soldat, sous-officier sur lequel les autres soldats doivent régler leurs mouvements. Guide d'un peloton. Vx. Guide à droite! à gauche! Commandement militaire de suivre le guide du côté droit ou du côté gauche (d'apr. Littré). ♦ Personne, généralement indigène, qui, grâce à sa parfaite connaissance du pays, peut guider une troupe en mouvement. Ce paysan avait servi de guide à une brigade de cavalerie anglaise (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 387).Le guide de la colonne s'appelait Mohammed Fadel Ben Mohammed Routam (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 67). ♦ [Sous la Révolution ou sous le Premier ou le Second Empire] Cavalier chargé d'escorter; au plur. corps de troupe correspondant. Le régiment des guides. Un officier des guides en Égypte lance son cheval à l'assaut d'une forteresse (Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 107).Après des escadrons de carabiniers, de dragons et de guides, commençaient les voitures de gala (Zola, E. Rougon,1876, p. 95). 2. Au fig. Personne qui conduit d'autres personnes, qui les soutient dans l'existence, les inspire dans leur art. J'en ai deux [petits enfants]; George et Jeanne; et je prends l'un pour guide Et l'autre pour lumière (Hugo, Art d'être gd-père,1877, p. 17).L'artiste est, pour ses contemporains comme le disait Dante de Virgile, leur guide, leur seigneur et leur maître (Rodin, Art,1911, p. 227) : 3. [Daudet disait :] « La jeunesse actuelle ne prend pas pour guide un romancier, un poète, elle prend pour guide un critique, un professeur, un Lavisse... cela prouve en elle une permanence de l'éducation écolière, qui n'existait pas du temps de Hugo. »
Goncourt, Journal,1892, p. 265. − POL. Cf. duce, führer.Hassan El Hodeibi Bey, guide suprême des Frères musulmans (Figaro,19-20 janv. 1952, p. 3, col. 7). B. − P. ext. [Le subst. désigne une chose] 1. Ce qui oriente, qui dirige la marche de quelqu'un ou de quelque chose. a) Ouvrage à caractère didactique. − Ouvrage qui aide un touriste à s'orienter, à découvrir les beautés, les curiosités d'une région, d'une ville, d'un édifice. Un itinéraire soigneusement tracé au crayon bleu sur le guide Michelin (H. Bazin, Vipère,1948, p. 143).Vous marchiez tous deux dans les rues, explorant les célèbres collines, votre guide bleu à la main, alors neuf (Butor, Modif.,1957, p. 223) : 4. Je sonnai Françoise pour lui demander de m'acheter un guide et un indicateur, comme j'avais fait enfant, quand j'avais déjà voulu préparer un voyage à Venise...
Proust, Prisonn.,1922, p. 414. − Manuel qui guide le profane dans la réalisation d'un travail donné. Un petit guide de construction pour le « télescope familial » (Céline, Mort à crédit,1936, p. 434). b) TECHNOL. Machine, pièce d'une machine qui permet de diriger un mouvement, un outil, une pièce travaillée, etc. V. guide-. − ÉLECTRON. Guide d'ondes. Conducteur métallique qui sert à transmettre les ondes électromagnétiques sans les amortir. Des guides d'ondes, grâce auxquels on pourrait envisager d'acheminer jusqu'à 100 000 communications à la fois (Admin. P. et T.,1964, p. 42). − MÉCAN. Organe d'une machine qui maintient une pièce fixe ou en mouvement dans une position déterminée. Guide d'un foret, d'un piston. Poussoirs de soupapes dans leurs guides et culbuteurs sur leurs axes (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 157). − MENUIS. ,,Sur une scie, ou toute autre machine à travailler le bois, plaque dont on peut ajuster la position pour régler la largeur ou l'épaisseur de la pièce de bois à scier ou usiner`` (Métro 1975). − MINES. Assemblage de rails, de poutrelles qui assurent le guidage de la cage d'ascenseur. Il avait dû empoigner les guides de chêne, les madriers où glissaient les cages (Zola, Germinal,1885, p. 1529). − PHYS. NUCL. Guide d'ondes. Tube creux utilisé dans un réacteur nucléaire pour accélérer les neutrons (d'apr. Neyron 1970). c) MUS. [Dans une fugue] Synon. de antécédent.[Dans] le C[anon] simple (...) le thème proposé par la première voix et appelé antécédent ou guide (Brenet, Dict. prat. et hist. mus.,1926, p. 51). 2. Au fig. Ce qui oriente, principe directeur. Oui, messieurs, la foi est notre guide et notre soutien (Zola, E. Rougon,1876, p. 369).N'ayant d'autre guide que la logique de son cœur (Barrès, Barbares,1888, p. 105) : 5. On va par le chemin qui vous plaît, sans autre guide que sa fantaisie, sans autre conseiller que le plaisir des yeux.
Maupass., Contes et nouv., t. 2, Miss Harriet, 1883, p. 861. II. − Subst. fém. A. − [Le subst. désigne une pers.] 1. Rare. Femme, jeune fille qui dirige la marche de quelqu'un. Ma jeune guide m'indiqua du doigt, à flanc de coteau, une chaumière qu'on eût pu croire inhabitée (Gide, Symph. pastor.,1919, p. 878). 2. ,,Jeune fille qui fait du scoutisme, qui est affiliée au mouvement catholique des « Guides de France »`` (Baet. 1971). B. − Gén. au plur. [Le subst. désigne une chose] 1. Longues lanières de cuir ou de chanvre adaptées à la bride et servant à conduire une bête de trait. Prendre les guides; lâcher les guides; grandes, petites guides. C'était une fille à cheveux roux (...) qui, les coudes au côté, tenait les guides et brûlait l'avenue (A. France, Jocaste,1879, p. 79) : 6. Des patriarches pansus en larges pantalons blancs montés jusqu'aux aisselles, et en gilets ouverts, secouaient les guides sur l'échine de leurs petits bidets de commerce, résignés au poids d'abondantes familles dans les charrettes.
Adam, Enf. Aust.,1902, p. 384. − À toutes guides, à grandes guides. À toute allure. Conduire à grandes guides. Qu'il conduise un cheval avec un mors de bois, ou mène à grandes guides les quatre chevaux d'un britschka (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 155). ♦ Au fig. Mener la vie à toutes, à grandes guides. Vivre sans compter, avec excès. Il mène en un mot la vie à grandes guides et à quatre chevaux (Sainte-Beuve, Corresp., t. 5, 1818-69, p. 36).Lancé à toutes guides dans cette grisante vie parisienne (Bourget, Physiol. am. mod.,1890, p. 318). 2. Vx. Somme payée au postillon. M. d'Anquetil qui donna l'ordre aux postillons d'allonger le galop, promettant de leur payer de bonnes guides (A. France, Rôtisserie,1893, p. 319) : 7. À huit heures du soir, Martin Falleix, venu sur l'aile des vents en vertu de trois francs de guides et d'un postillon en avant, avait apporté les actes d'acquisition à la date de veille...
Balzac, Employés,1837, p. 213. ♦ Payer doubles guides. Donner au postillon le double de son dû pour lui faire activer l'allure. De sorte que le garçon à qui je remets dix louis, en les payant doubles guides, aura encore huit louis pour lui (Dumas père, Cachemire vert,1850, 9, p. 286). REM. Guidisme, subst. masc.,,Scoutisme des jeunes filles`` (Baet. 1971). Prononc. et Orth. : [gid]. Att. ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [1287 subst. fém. « action de conduire (?) » (A. Longnon, Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie, t. 2, p. 39 : De la guide de Rumilli, pro eodem, IIII Ih. Xs.)] A. 1. 1370 subst. fém. « personne qui accompagne quelqu'un pour lui montrer le chemin » (Recettes et dépenses du roi de Navarre, 470, Izarn ds Delb. Notes mss); 2. xves. fig. subst. fém. « ce (ou celui) qui dirige, aide, dans la vie » (H. Baude, Vers, éd. J. Quicherat, 107); 1588 masc. (Montaigne, Essais, éd. P. Villey, livre III, chap. 13, p. 1113); 3. 1552 subst. fém. « ouvrage renfermant des conseils, instructions » (C. Estienne, La Guide des chemins de France [titre d'ouvrage]); 4. 1676 subst. masc. menuis. (Félibien); 1757 id. technol. « organe mécanique dirigeant un mouvement » (Encyclop. t. 7). B. 1660 subst. plur. « rênes » (Oudin Fr.-Esp.). C. 1930 subst. fém. « jeune fille appartenant à un mouvement de scoutisme » (Lar. mens., s.v. scoutisme). Empr. à l'a. prov.guida « celui qui conduit » (av. 1292 ds Rayn.) et « conduite » (xiiies. Mariengebet ds Appel 102, 31) déverbal de guidar « conduire » (2emoitié xies. Ste Foy, éd. E. Hoepffner, 202) − ou à l'ital. guida de mêmes sens (1300-10 ds Batt.) déverbal de guidare « accompagner quelqu'un » (xiiies., ibid.), du got. *widan, attesté dans le dér. ga-widan « attacher, atteler ensemble » (FEW t. 17, p. 604 a); a supplanté l'a. fr. guie « chef, guide » (xiiies. ds T.-L. et Gdf.), déverbal de guier, v. guider; aux sens A 1 et 2 le mot a été employé au fém. jusqu'au xviies., cf. Littré rem. Fréq. abs. littér. : 2 052. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 682, b) 2 770; xxes. : a) 2 198, b) 2 778. Bbg. Gebhardt (K.). Mots d'empr. et dat. de mots. Cah. Lexicol. 1976, no28, p. 122. - Hope 1971, p. 41. - Quem. DDL t. 17. - Wexler 1955, p. 17, 46. |